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11/01/2023
« Les orgues du monde | Mexique »
Anonymes (manuscrits Susanne van Soldt) : Brabanschen ronden dans ofte Brand – Allemand – Almande de La nonette – De frans Gaillard – Almande Brun Smeedelyn – Almande de Symmerman
Francisco Peraza : Medio registro alto, primo tono
Anonymes (manuscrits des Archives Doria Pamphilj) : Corrente – Follias – Saltarei – Allegrezza di Amore – La Fattorina – Tordiglione – Pianta novella
Antonio de Cabezón : Tiento de primer tono – Tiento de segundo tono
Sebastián Aguilera de Heredia : Tiento de quarto tono – Tiento de falsas, sexto tono
Francisco Correa de Arauxo : Tiento de registro entero de primero tono – Tiento y discurso de segundo tono por gesolreut – Tiento de quarto tono por elami, a modo de canción
Juan Bautista Cabanilles : Tiento de falsas
Pablo Bruno : Tiento de mano derecha y al medio a dos tiples, primo tono

Arnaud De Pasquale (orgue)
Enregistré dans les églises de San Jerónimo de Tlacachahuaya et de Santa María de la Asunción de Tlacalula, Mexique (septembre 2017) – 61’17
Oktav Records (distribué par Inouïe Distribution) – Notice en français


Must de ConcertoNet





On a déjà eu l’occasion de louer l’entreprise d’Arnaud De Pasquale consistant à faire une sorte de tour du monde des orgues anciens, en plusieurs étapes, à l’occasion de la publication d’un premier volume consacré aux orgues de Sicile et paru en 2021 (chez Harmonia Mundi). Il nous propose aujourd’hui dans un deuxième album, sous un autre label, Oktav Records, de découvrir les orgues du Mexique, plus précisément deux de ses orgues datant respectivement de 1725 et de 1791 et situés dans les églises de San Jerónimo de Tlacachahuaya et Santa María de la Asunción de Tlacalula, villes de l’Etat d’Oaxaca, au sud du pays. Mais, en fait, l’étape mexicaine a été antérieure à la sicilienne puisque les enregistrements proposés ici ont été effectués en 2017 alors que les enregistrements réalisés en Sicile l’ont été en 2019 et 2020.


L’étonnante aventure mexicaine fut semée d’embûches mais on voit ainsi qu’elle n’a pas découragé pour autant notre organiste. Il faut lire l’histoire des enregistrements figurant sur le présent disque telle que narrée par Arnaud De Pasquale dans l’excellente notice qui l’accompagne ; elle vaut son pesant d’or (mexicain). Les obstacles (absence de réponses aux courriels, refus d’accès aux orgues ou de tout enregistrement, tracasseries en tout genre, exigences capricieuses d’une bêtise sans nom pour montrer qu’on a quelque pouvoir, palabres sans fin et même tremblement de terre) en auraient énervé ou fait fuir plus d’un. Mais Arnaud De Pasquale est non seulement un passionné mais aussi un opiniâtre. On finit néanmoins par se demander si l’Unesco ou l’ambassade de France au Mexique n’aurait pas pu ou dû faciliter, un peu et en amont, les choses au lieu de laisser Arnaud De Pasquale affronter, quasiment seul et sans connaître l’espagnol et encore moins le zapotèque, langue précolombienne encore parlée là‑ bas, le défi consistant à mettre en valeur des instruments d’exception perdus au fin fond d’un pays en proie à la corruption, à la criminalité, à la désorganisation générale et aux difficultés économiques de tous ordres. Au‑delà de l’accès aux instruments, le rôle de l’organisation internationale aurait même dû aller jusqu’à permettre à l’organiste d’avoir accès à des fonds d’œuvres mexicaines anciennes, ce qui n’a pas été possible. Au lieu de cela, Arnaud De Pasquale a dû se rabattre sur de la musique européenne, ce qui est évidemment regrettable même s’il s’agit souvent de pages espagnoles du seizième siècle, lesquelles avaient naturellement traversé l’Atlantique. Ses choix, non explicités malheureusement, sont d’autant plus gênants que les pièces retenues sont antérieures à la facture des instruments, comme au demeurant ce fut le cas, après, lors de l’étape sicilienne. Le voyage au Mexique était pourtant l’occasion de révéler des pages de compositeurs indigènes de l’époque des orgues, du dix‑huitième siècle. N’y en a‑t‑il vraiment pas dignes d’intérêt ?


Cela étant, il ne faut pas bouder notre plaisir. On a affaire à des sons éclatants, aussi vifs et colorés que les peintures des buffets des instruments baroques mexicains utilisés. L’organiste s’amuse à l’évidence à jouer sur ces claviers minuscules et il y a une sorte de jubilation communicative qui émane de son jeu. Cela bondit, rugit, danse, à plaisir, parfois avec des parfums légèrement atonaux du fait des tempéraments mésotoniques. Il faut donc savoir gré à Arnaud De Pasquale de faire (re)vivre ces petits instruments. Le charme opère constamment. L’orgue est un instrument d’église installé pour animer les offices mais, là, rien n’est religieux ; place à la pure fantaisie, aux volutes sonores exemptes d’arrière-pensées ou d’objectifs spirituels.


On espère donc que les voyages d’Arnaud De Pasquale ne s’arrêteront pas là et que pour les prochaines étapes, il pourra bénéficier de plus d’appuis. Comme on l’a déjà dit, l’enjeu est plus que musical ; il est patrimonial. Lire dans la notice que l’Alliance française au Mexique n’était pas disposée à aider l’organiste ne peut que consterner.


Vous avez apprécié le premier volume consacré à la Sicile ? Vous aimerez celui‑là sans nul doute.


Stéphane Guy

 

 

 

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