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08/24/2023 « Infinite Voyage »
Paul Hindemith : Melancholie, opus 13
Alban Berg : Quatuor, opus 3 [*]
Ernest Chausson : Chanson perpétuelle, opus 37
Arnold Schönberg : Quatuor n° 2, opus 10 Barbara Hannigan (soprano), Bertrand Chamayou (piano), Quatuor Emerson : Eugene Drucker, Philip Setzer (violon), Lawrence Dutton (alto), Paul Watkins (violoncelle)
Enregistré à Hilversum (août 2022) et à Stony Brook (octobre 2022) [*] – 72’55
Alpha 1000 (distribué par Outhere)
Must de ConcertoNet
Cet album est annoncé par Eugene Drucker, violoniste du Quatuor Emerson, comme le dernier de la carrière de la formation américaine, qui devrait s’achever à la fin de cette année 2023. Les huit ans de collaboration ancienne et régulière avec la soprano canadienne Barbara Hannigan s’achèvent donc avec deux œuvres de Chausson et Hindemith ainsi que le Deuxième Quatuor de Schoenberg, et leur carrière discographique avec deux œuvres majeures de la Seconde Ecole de Vienne, dont le Quatuor de Berg. Comme toujours dans cette longue collaboration, le ton général de l’album est grave avec quatre œuvres tirant leur substrat littéraire de textes ou situations tristes.
Les deux piliers en sont ces œuvres chambristes de Berg et Schoenberg, majeures dans l’histoire de la Seconde Ecole de Vienne. De Berg, le Quatuor, dédié à celle qu’il allait épouser peu après sa création, est tout à fait dans la lignée postromantique mais atonale de son maître Schoenberg. Les Emerson en donnent une lecture d’une grande clarté et d’une richesse de timbres exceptionnelle.
Le Deuxième Quatuor de Schoenberg a ceci de particulier qu’il fait intervenir la voix d’un soprano dans ses deux derniers mouvements. Il marque dans l’œuvre du compositeur le passage de la tonalité à la non‑tonalité. C’était un projet ancien pour les cinq musiciens de la graver après l’avoir joué en concert. Barbara Hannigan insère magnifiquement sa voix dans ce tissu somptueux de cordes.
On pourrait souhaiter pour la plus romantique Chanson perpétuelle de Chausson une voix plus charnue et sensuelle que celle de Barbara Hannigan. Les Emerson et Bertrand Chamayou donnent à cette œuvre des accents et sonorités inquiétantes tirant un peu son climat vers le symbolisme « viennois ».
Enfin, Mélancholie du jeune Hindemith est l’apport personnel de la soprano à ce programme avec une œuvre qu’elle a longtemps étudiée et maturée avant de se décider de la chanter avec ses partenaires. Les quatre poèmes funèbres de Christian Morgenstern conviennent à merveille à Barbara Hannigan, qui utilise sa voix de façon instrumentale, toujours proche du texte sans pathos inutile.
Un magnifique programme qui devrait engendrer bien des regrets.
Le site du Quatuor Emerson
Le site de Barbara Hannigan
Le site de Bertrand Chamayou
Olivier Brunel
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