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06/20/2023 « Hommage à J. S. B. »
Győrgy Kurtág: Signs, Games and Messages : « Hommage à J. S. B. », « Perpetuum mobile » a, b et c, « Népdalféle » & « ... féerie d’automne ... »
Johann Sebastian Bach : Partita n° 2 en ré mineur, BWV 1004
Helena Winkelman : Ciaccona pour violon seul
Alfred Schnittke : Fugue pour violon seul
Lera Auerbach : Lonely Suite « Ballet for a Lonely Violinist », opus 70
Heinrich Ignaz Franz Biber : Sonates du Rosaire : XVI. Passacaglia en sol mineur, C 105 Jonian Ilias Kadesha (violon)
Enregistré en l’église St Martin à East Woodhay, Newbury, Angleterre (8‑10 mai 2021) – 59’42
Linn CKD676 (distribué par Outhere) – Notice en anglais, allemand et français
L’idée d’associer Johann Sebastian Bach à quelques compositeurs contemporains s’en étant inspirés, à défaut d’être très originale, est toujours stimulante.
Dans l’exercice, la figure de Kurtág paraît quasiment inévitable. Parmi les vingt plages du disque du violoniste grec Jonian Ilias Kadesha (né en 1992), on ne s’étonnera donc pas d’en dénombrer six du compositeur hongrois (né en 1926 et installé dans le Bordelais depuis de nombreuses années). Il s’agit d’extraits tirés de l’ensemble de miniatures que constituent Signes, Jeux et Messages, œuvre considérée comme encore en cours. C’est le principal intérêt du disque.
La Deuxième Partita de Bach n’est en effet pas son point fort. La concurrence est tellement rude dans cette œuvre enregistrée déjà mille fois que la prestation de Jonian Ilias Kadesha ne marque pas. On déplore des accents écrasés et une lecture somme toute assez pauvre ; le discours manque autant de hauteur de vue que d’ampleur et de distinction. Le violoniste, peu inspiré, ne semble pas en fait avoir grand‑chose à dire.
Il paraît plus à son aise dans les pages contemporaines et emporte plus facilement notre adhésion. Il sait y faire chanter le Guarneri del Gesù de 1743 qui lui a été prêté. Les pages de Kurtág, derrière lesquelles Bach est toujours là même si ce n’est pas explicite, gardent leur mystère, ô combien fascinant par leur économie de moyens. La superbe Chaconne d’Helena Winkelman, compositrice et violoniste suisso-néerlandaise (née en 1974), est jubilatoire tandis que la Fugue de Schnittke, œuvre de jeunesse presque motorique, avance sans désemparer et la Suite solitaire de Lera Auerbach, compositrice russo-américaine (née en 1973), présente une incroyable variété de techniques violonistiques au profit d’un questionnement sans réponse parfois empreint d’ironie. Le disque présente ainsi un bilan plutôt positif nonobstant une captation très réverbérée, tare il est vrai fréquente lorsqu’il s’agit d’œuvres pour instrument seul de Bach.
Le site de Jonian Ilias Kadesha
Stéphane Guy
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