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06/17/2023 Gaspare Spontini : La Vestale Marina Rebeka (Julia), Stanislas de Barbeyrac (Licinius), Tassis Christoyannis (Cinna), Aude Extrémo (La Grande Vestale), Nicolas Courjal (Le Souverain Pontife), David Witczak (Un consul, Le chef des aruspices), Vlaams Radiokoor, Thomas Tacquet (chef de chœur), Les Talens Lyriques, Christophe Rousset (direction)
Enregistré à La Seine Musicale, Riffx Studios, Boulogne‑Billancourt (17‑20 juin 2022) – 132’
Album de deux disques Palazzetto Bru Zane BZ1051 – Notice en anglais et en français
Quatre ans après l’exhumation d’Olimpie (1819) (voir ici), le trente‑cinquième album de la collection « Opéra français » du Palazzetto Bru Zane s’intéresse au plus célèbre ouvrage lyrique de Gaspare Spontini, La Vestale (1807). On aurait certes préféré l’autre grand succès de 1809, plus méconnu, consacré à la conquête du Mexique par Fernand Cortez : mais ne boudons pas notre plaisir de retrouver au disque les textures allégées et les couleurs des instruments d’époque des Talens Lyriques, autour du geste engagé de Christophe Rousset, à l’image du très beau concert donné au Théâtre des Champs‑Elysées l’an passé. Si l’on avait alors pu regretter le choix d’une version de concert, celle‑ci permet pourtant la concentration sur le livret, qui met du temps à mettre en place son action : la tragédie lyrique de Spontini dévoile en effet peu à peu ses effets, préférant d’abord se tourner vers les fondements du drame en de longs récitatifs au I, avant de laisser s’épanouir l’enthousiasme populaire, autour des verticalités enjouées des chœurs (admirable Chœur de la Radio flamande).
Une fois n’est pas coutume, l’attention à la diction (si chère aux équipes de Bru Zane) ne donne pas entière satisfaction, faute d’une Marina Rebeka idoine en la matière. Là encore, l’excitation du concert avait pu faire oublier ce désagrément, du fait de l’impact vocal de la soprano lettone, impressionnant à force de mordant dans les intentions. Fort heureusement, les autres rôles s’imposent dans la nécessaire compréhension du texte (essentiel dans ce type d’ouvrage déclamatoire), au premier rang desquels l’ardent Licinius de Stanislas de Barbeyrac (Licinius), au métal clair et bien projeté, de même que le Souverain Pontife ténébreux de Nicolas Courjal, d’une belle résonnance caverneuse. C’est là précisément l’atout maître d’Aude Extrémo (La Grande Vestale), qui fait valoir son timbre splendide, d’une largeur confondante dans les graves. Plus en retrait, Tassis Christoyannis (Cinna) compense une émission un peu terne par ses phrasés emprunts de noblesse, tandis que David Witczak assure solidement sa partie dans ses rôles secondaires.
Florent Coudeyrat
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