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05/07/2023
« Fusion·Live in Dresden »
Johann Sebastian Bach : Concerto pour violon et hautbois en do mineur, BWV 1060 – Concerto pour orgue n° 4 en do mineur, BWV 595 (arrangements Escaich et Herrouët pour orgue et quatuor de saxophones) – Nun komm, der Heiden Heiland, BWV 659 (arrangement Herrouët pour quatuor de saxophones)
Thierry Escaich : Improvisations n°s 1, 2 et 3 pour orgue – Trois poèmes pour quatuor de saxophones et orgue – Tango virtuoso pour quatuor de saxophones et orgue
Robert Schumann : Sechs Fugen über den Namen Bach, opus 60 : 5. Fugue en fa majeur (arrangement Herrouët pour quatuor de saxophones)
Antonio Vivaldi : Concerto pour deux violons en la mineur, opus 3 n° 8, RV 522 (arrangement Escaich et Herrouët pour orgue et quatuor de saxophones)
Astor Piazzolla : María de Buenos Aires : « Fuga y Misterio » – Fugata (arrangements Escaich et Herrouët pour orgue et quatuor de saxophones)
Thierry Escaich (orgue), Quatuor Ellipsos : Paul‑Fathi Lacombe (saxophone soprano), Julien Bréchet (saxophone alto), Sylvain Jarry (saxophone ténor), Nicolas Herrouët (saxophone baryton)
Enregistré en public à la Philharmonie de Dresde (19 novembre 2021) – 79’39
NoMadMusic NMM110 (distribué par PIAS) – Notice en français et en anglais
 Sélectionné par la rédaction
Après le succès de son dernier album, « Saxophonie » (voir ici), le Quatuor Ellipsos, formé à Nantes en 2004 par quatre saxophonistes, a conçu avec l’organiste et compositeur Thierry Escaich un disque comprenant des arrangements pour cette formation, associant saxophones et orgue, assez originale à vrai dire, ainsi que des pages pour quatuor de saxophones seul et trois improvisations du titulaire des orgues de Saint-Etienne-du-Mont à Paris. L’origine des arrangements n’est pas indiquée mais on peut penser qu’ils ont été préparés par les interprètes, ensemble. En tout état de cause, le résultat, enregistré en public à Dresde, est tout à fait remarquable.
Les saxophones complètent, prolongent, remarquablement l’orgue dans les arrangements des concertos de Johann Sebastian Bach. On a déjà associé la trompette et l’orgue mais ici l’attelage fonctionne tout aussi bien. Les saxophones ont une sonorité moins brillante que la trompette, plus douce et sombre et, joués comme ça, tout paraît naturel. On gagne en subtilité ce qu’on perd en contrastes. Il en est de même avec le Concerto opus 3 n° 8 pour deux violons de Vivaldi dans la version transcrite pour clavecin par Johann Sebastian Bach et arrangée pour les interprètes. On a du mal à résister à l’Allegro final.
Les trois Improvisations de Thierry Escaich, qui ne se suivent pas sur le disque, prolongent les œuvres qui les précèdent. Elles démontrent s’il en était besoin son immense talent en la matière. On retient surtout la deuxième. Elle trouve sa source dans les volutes de la Fugue de Schumann sur les notes reprenant le nom de Bach, éditée pour orgue et qui se retrouve sans clavier ici. L’œuvre d’Escaich prend littéralement feu ; ses poursuites effrénées et très rythmées, presque terrifiantes, ne peuvent que s’achever dans la douceur de l’épuisement. Sa puissance n’est pas sans rappeler certaines créations de Jean Guillou (Visions cosmiques) et on est assez subjugué par l’imagination éruptive, la parfaite connaissance de l’instrument et la virtuosité de l’organiste qui s’y manifestent.
Il y a moins d’énergie dans les Trois poèmes mais pas moins de talent. Ecrits initialement pour chœur et orgue, ils ont été transcrits pour orgue seul puis, ici, quatuor de saxophones et orgue. Le dernier, aussi lumineux qu’ascendant, flirte avec le jazz comme la Fugue d’Astor Piazzolla, décidément aussi transcriptible que le Cantor sans perdre de sa saveur. Et l’album s’achève non sur un Tango du maître argentin mais de... Thierry Escaich. Tout s’entrecroise finalement tout en procurant un vrai sentiment de liberté. L’ensemble conduit à recommander chaudement ce disque intelligent et coloré.
Le site de Thierry Escaich
Le site du Quatuor Ellipsos
Stéphane Guy
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