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04/28/2023 « Bijoux perdus »
Victor Massé : Galathée : air de la lyre
Giacomo Meyerbeer : Le Pardon de Ploërmel : air de Dinorah – L’Etoile du Nord : Prière et Barcarolle
Ambroise Thomas : Le Songe d’une nuit d’été : cavatine et air d’Elisabeth – Mignon : Récit et Polonaise
Fromental Halévy : Jaguarita l’Indienne : air de Jaguarita
Adolphe Adam : Le Bijou perdu : air de Toinon
Daniel-François-Esprit Auber : Manon Lescaut : air de Manon – La Part du diable : air de Carlo Jodie Devos (soprano), Vlaams Radio Koor, Brussels Philharmonic, Pierre Bleuse (direction)
Enregistré au Studio 4 de Flagey, Bruxelles (février 2022) – 64’33
Alpha 877 (distribué par Outhere)
Sélectionné par la rédaction
Après « Offenbach Colorature », le nouveau récital avec orchestre de Jodie Devos, toujours avec le soutien du Palazzetto Bru Zane, décidément jamais à court de bonnes idées, rend hommage à une chanteuse belge, aujourd’hui un peu oubliée, qui a appartenu aux troupes du Théâtre-Lyrique et de l’Opéra-Comique, Marie Cabel (1827‑1885), de son vrai nom Marie-Josèphe Dreullette. Le titre de cet album emprunte à celui d’un opéra d’Adam, Le Bijou perdu, dédié à cette soprano. Le programme en propose un extrait, ainsi que d’autres provenant d’ouvrages, certains vraiment inconnus, à la création desquels cette chanteuse assez estimée à l’époque a participé, Mignon de Thomas étant un des plus célèbres.
Les aptitudes scéniques de Jodie Devos, désormais à l’aise dans les rôles tant comiques que dramatiques, transparaissent dans ce disque qui s’écoute d’une traite et sans ennui. Cette publication invite à découvrir des extraits engageants d’œuvres tombées dans l’oubli, en particulier ce Jaguarita l’Indienne de Halévy, La Part du diable d’Auber et Galathée de Massé. Et si l’amateur pointu de ce genre de musique connaît Dinorah ou le Pardon de Ploërmel, L’Etoile du Nord de Meyerbeer, Le Songe d’une nuit d’été de Thomas et Manon Lescaut d’Auber, le nom de Marie Cabel ne vient pas aussi immédiatement à l’esprit que ceux de Pauline Viardot, par exemple, ou encore de Julie Dorus-Gras, de Laure Cinti-Damoreau et Cornélie Falcon. Ce récital revêt donc une réelle valeur documentaire car il rappelle la figure importante de cette estimable soprano, morte prématurément après avoir été internée.
Tout au long de ce disque, Jodie Devos arbore une voix saine, fine et légère, à l’aise dans les aigus, comme dans les vocalises, capable également de revêtir des teinte plus dramatiques grâce à un medium possédant suffisamment de corps. La chanteuse soigne la diction, bien que les consonnes ne sonnent pas toujours nettement. Le chef, Pierre Bleuse, à la tête d’un Philharmonique de Bruxelles irréprochable, met admirablement en valeur la partie d’orchestre dans tous les extraits retenus, contribuant aussi la réussite de cet excellent disque dans lequel intervient ponctuellement le Chœur de la Radio flamande. Le charme de cette voix et de cette personnalité continue à agir, et il y a encore décidément beaucoup à découvrir et à mieux connaître dans le genre de l’opéra français du dix‑neuvième siècle.
Sébastien Foucart
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