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12/27/2022
Olivier Messiaen : Des canyons aux étoiles...
Jean‑Frédéric Neuburger (piano), Takénori Némoto (cor), Adélaïde Ferrière (xylorimba), Florent Jodelet (glockenspiel), Orchestre de chambre Nouvelle-Aquitaine, Jean‑François Heisser (direction)
Enregistré au Théâtre Auditorium de Poitiers (20‑23 mai 2021) – 92’55
Mirare MIR622‑– Notice en français et en anglais


Sélectionné par la rédaction





Après la réussite de leur enregistrement de Mantra de Karlheinz Stockhausen en 2020, Jean‑Frédéric Neuburger et Jean‑François Heisser se retrouvent sur ce double album pour une des œuvres phares d’Olivier Messiaen (1908‑1992), considérée même par certains comme son ultime chef‑d’œuvre orchestral : Des canyons aux étoiles... (1974).


Si l’œuvre ne requiert pas l’effectif orchestral de la Turangalîla-Symphonie (cent trois musiciens), elle n’en a pas moins les mêmes dimensions monumentales et une puissance comparable avec quarante‑trois instrumentistes seulement. C’est une œuvre-univers, sans vrais développements, les thèmes étant empilés les uns après les autres dans un discours aussi ambitieux que décousu et inextinguible. On repère une machine à vent et un géophone (tambour rempli de grenailles de plomb) mais c’est bien le piano qui domine la partition ; il est même seul pour les près de treize minutes du « Moqueur polyglotte ». Joue un rôle à peine moindre le cor soliste au sein d’une section de cuivres beaucoup plus sollicitée que les treize cordes. Il est vrai qu’il s’agit d’une commande américaine pour le bicentenaire des Etats‑Unis même si l’évocation des canyons et des grands espaces américains ne saute pas aux oreilles. Il s’agit bien plus d’une œuvre de contemplation du ciel et de la Cité céleste et qui recycle bon nombre de thèmes déjà traités par le compositeur, notamment ornithologiques comme dans les Oiseaux exotiques.


La notice justifie ce nouvel enregistrement par le fait qu’il y en a moins d’une dizaine et qu’aucun chef français n’a osé s’attaquer au monument depuis Marius Constant en 1975. Sans doute, mais si Myung‑Whun Chung est bien coréen, sa proximité avec la personne et l’œuvre d’Olivier Messiaen n’est guère contestable et son enregistrement de référence a été réalisé avec l’Orchestre philharmonique de Radio France, avec le spécialiste de Messiaen qu’est Roger Muraro, au piano, et Jean‑Jacques Justafré, au cor (Deutsche Grammophon, 2002). Jean‑François Heisser et Jean‑Frédéric Neuburger ne détrônent pas cet enregistrement même s’ils livrent une lecture de l’œuvre de très haute tenue, plus analytique qu’hédoniste. C’est que Myung‑Whun Chung parvient à une intériorité, une religiosité, par exemple dans la partie consacrée aux « Ressuscités », supérieure, et la somptuosité sonore de l’orchestre parisien captée avec une réverbération qui flatte les différents pupitres paraît sans commune mesure avec celle de l’Orchestre de chambre Nouvelle-Aquitaine même si celui‑ci ne démérite aucunement. Jean‑Frédéric Neuburger domine sans problème les difficultés techniques de sa partition, l’entente avec le chef étant évidente. Il est brillant de bout en bout mais en même temps méticuleux, se gardant de tout excès, son discours étant toujours d’une extrême clarté, parfaitement raccord avec la vision de Jean‑François Heisser. On ne saurait oublier dans ce nouvel enregistrement la performance de Takénori Némoto au cor, exemplaire, notamment dans un « Appel interstellaire » au chant aussi nuancé que poignant.


Le disque est ainsi au total hautement recommandable.


Stéphane Guy

 

 

 

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