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08/10/2022
« Bach en miroir »
Johann Sebastian Bach : Le Clavier bien tempéré (Livre Premier) : Préludes et Fugues n° 1 en do majeur, BWV 846, n° 3 en do dièse mineur, BWV 848, n° 6 en ré mineur, BWV 875, n° 8 en mi bémol majeur, BWV 853, n° 12 en fa mineur, BWV 857, & n° 24 en si mineur, BWV 893 – Le Clavier bien tempéré (Livre Premier) : Fugue n° 5 en sol majeur, BWV 883 (arrangement Wolfgang Amadeus Mozart, K. 404a n° 2)
Claude Balbastre : Prélude et Fugue en ré mineur
Clara Schumann : Trois Préludes et Fugues, opus 16 : n° 1 en sol mineur
Max Reger : Six Prélude et Fugues, opus 99 : n° 2 en ré majeur
Thierry Escaich : Prélude et Fugue

Marie‑Andrée Joerger (accordéon)
Enregistré à la Cité de la musique et de la danse de Strasbourg (17‑20 décembre 2020) – 56’27
Klarthe K115 – Notice en français et en anglais





Décidément, l’accordéon a le vent en poupe. En témoignent la multiplication et le succès des classes d’accordéon dans les conservatoires et la publication de disques montrant, notamment au travers d’arrangements, comme celui‑ci, que l’instrument a de sérieux atouts pour interpréter de la musique classique et que, dès lors, il ne saurait être cantonné à la musette.


Le présent disque ne comprend que des préludes et fugues, de Johann Sebastian Bach naturellement mais aussi d’autres compositeurs postérieurs, influencés par le Cantor et son contrepoint. Interprété à l’accordéon, il illustre autant le genre et l’histoire du prélude et fugue que les possibilités de l’accordéon. Il sort presque concomitamment à celui de Fanny Vicens consacré aux Variations Goldberg, à l’accordéon également.


L’accordéon n’est pas un instrument facile. On ne voit pas les claviers et il y a de nombreux paramètres à maîtriser dont l’attaque des touches comme la longueur et l’intensité du souffle pour ne pas tout noyer. Marie‑Andrée Joerger domine clairement le tout.


Maintes plages du disque rappellent l’orgue, tels les Prélude et Fugue de Claude Balbastre (1724‑1799), organiste qui avait épousé la fille du célèbre Jacques‑Martin Hotteterre lequel avait enseigné en France l’art de « préluder », d’autant que l’enregistrement jouit d’une certaine réverbération. Marie‑Andrée Joerger, elle‑même épouse de Vincent Dubois, titulaire des orgues de Notre‑Dame de Paris, ne s’arrête pas à cet auteur puisqu’elle alterne six Préludes et Fugues tirés du Clavier bien tempéré (Livre Premier) de Bach avec d’autres pièces : de Wolfgang Amadeus Mozart (1756‑1791) arrangée depuis un trio à cordes reprenant le Prélude et Fugue BWV 883, de Clara Schumann (1819‑1896) à partir d’une version pour piano, de Max Reger (1873‑1916) à partir d’une œuvre assez bondissante écrite pour piano également et de Thierry Escaich (né en 1965), organiste comme Reger et professeur de fugue – ça existe – au Conservatoire national de musique et de danse de Paris, cette dernière pièce ayant été composée pour l’accordéon, contrairement aux précédentes, et spécialement pour l’interprète.


Bien entendu, il faut accepter a priori le principe de l’arrangement de pièces célèbres au clavecin ou au piano mais la distinction et la clarté du discours sont au rendez‑vous et c’est assez convaincant. L’interprète réussit pleinement à montrer que le genre a su se renouveler au cours de l’histoire jusqu’à aujourd’hui même s’il manque assurément au tableau les Préludes et Fugues de Mendelssohn ou de Chostakovitch. Le point d’orgue, si l’on ose dire, de la démonstration réside dans l’œuvre de Thierry Escaich, créée à Berlin en 2019, aux tendances jazzy, aux chromatismes marqués et aux violents contrastes du côté du Prélude et aux médiums fuyants à toute vitesse du côté de la Fugue qui en est extirpée, les deux volets étant entremêlés.


Stéphane Guy

 

 

 

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