About us / Contact

The Classical Music Network

CD

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

05/21/2022
« Dualità. Handel Opera Arias »
Georg Friedrich Händel : Arianna in Creta, HWV 32 : « Qual leon, che fere irato, se sua prole » – Amadigi in Gaula, HWV 11 : « Il crudel m’abbandona... Ah ! Spietato ! E non ti muove » – Deidamia, HWV 42 : « Ai Greci questa spada sovra I nemici estinti » – Partenope, HWV 27 : « Qual farfalletta gira a quel lume » – Radamisto, HWV 12 : « Ombra cara di mia sposa » & « Qual nave smarrita tra sirti » – Alcina, HWV 34 : « Ah ! Ruggiero crudel... Ombre pallide » – Faramondo, HWV 39 : « Se ria procella sorge nell’onde, nocchier audace non si confonde » – Giulio Cesare in Egitto, HWV 17 : « Che sento ? Oh dio !... Se pietà di me non senti, giusto ciel » & « Da tempeste il legno infranto » – Lotario, HWV 26 : « Scherza in mar la navicella »

Emőke Baráth (soprano), Artaserse, Philippe Jaroussky (direction)
Enregistré au Centquatre‑Paris (18‑23 juillet 2021) – 72’21
Erato 0190296370625 – Notice (en anglais, français, et allemand) d’Emőke Baráth et Suzanne Aspden





Décidément, la mode est aux récitals consacrés à Georg Friedrich Händel ! Après, entre autres, Sophie Junker, Eva Zaïcik ou, dernièrement, Sandrine Piau, c’est au tour d’Emőke Baráth de se frotter au Caro Sassone dans un récital intitulé « Dualità », puisque se voulant un hommage aux rôles masculins tenus par des femmes sur la scène händelienne de cette première partie du XVIIe siècle. Passons sur les exceptions que l’on pourra trouver dans ce disque (le rôle de Melissa dans Amadigi di Gaula fut tenu lors de la création, le 27 mai 1715, par la soprano Elisabetta Pilotti-Schiavonetti) et applaudissons le résultat obtenu par une chanteuse que nous avons plus fréquemment rencontrée au disque à ce jour chez Vivaldi (voir ici et ici) ou chez des compositeurs français comme Leclair (le disque est paru peu après chez Alpha...) ou Rameau.


Il est incontestable que la jeune chanteuse hongroise possède toutes les qualités techniques et musicales pour nous ravir. Virtuose quand il le faut (les variations sur les mots « Nella pugna ferirò » dans l’air tiré du rare Arianna in Creta, où appogiatures et aigus se succèdent avec vélocité), émettant ses aigus avec une facilité de collégienne (le premier air de Radamisto !), capable également de nous émouvoir pleinement grâce à une longueur de souffle et un médium de toute beauté (le célébrissime « Se pietà di me non senti » tiré de Giulio Cesare in Egitto), Emőke Baráth nous impressionne et nous charme de bout en bout. Tout au plus pourra‑t‑on remarquer peut‑être une légère fatigue de la voix dans le dernier air de Cléopâtre tiré du même opéra ou préférer la version que Sandrine Piau nous a donnée de l’air « Scherza in mar la navicella », issu de Lotario, la chanteuse française nous ayant alors ébloui par son aisance et sa fraîcheur, sa consœur hongroise se voulant plus altière en campant le personnage d’Adélaïde. De fait, ayant tous les moyens de ses ambitions, on se demande pourquoi, dans certaines pages, Emőke Baráth ne se montre pas plus véhémente parfois (l’air d’Arianna in Creta), voire moins distante alors qu’on souhaiterait plus de chair dans un chant qui, on l’aura compris, n’en demeure pas moins splendide (« Ombra cara di mia sposa »).


Philippe Jaroussky est à la baguette, à la tête de son ensemble Artaserse. Le jeune chanteur, évidemment excellent connaisseur de ce répertoire (rappelons qu’il a notamment chanté aux côtés d’Emőke Baráth dans Alcina en mars 2018 au Théâtre des Champs‑Elysées), dirige avec entrain et attention la soliste mais, là encore, on pourrait souhaiter de temps à autre davantage de présence. Dans le magnifique « Ombra cara » (Radamisto), l’orchestre paraît étriqué et ses sonorités accusent une certaine verdeur (parfois, les cordes pèchent par une certaine sécheresse mais également par une certaine raideur qui, heureusement, s’éclipse bien vite comme dans l’air tiré de Partenope). C’est surtout dans l’accompagnement de l’air d’Alcina que l’ensemble Artaserse nous déçoit en raison du manque de sensualité des cordes, d’un son un peu rêche et, surtout, d’une direction qui se repose un peu sur les magnifiques sonorités händeliennes, perdant de fait l’énergie que l’on devrait y trouver. Le reste n’en demeure pas moins idoine, grâce à une belle cohésion d’ensemble et à des solistes hauts en couleur, qu’il s’agisse des deux cornistes dans l’air d’Arianna in Creta, des bassons dans Giulio Cesare in Egitto ou de l’irréprochable hautbois solo de Guillaume Cuiller dans l’air « Ah ! Spietato ! E non ti muove » issu d’Amadigi di Gaula décidément un opéra de Händel à redécouvrir d’urgence.


Regrettons enfin, dans ce qui reste sans conteste un très beau disque qui consacre les éminentes qualités d’Emőke Baráth, que les textes chantés ne soient pas traduits en français mais seulement en anglais.


Le site d’Emőke Baráth
Le site de l’ensemble Artaserse


Sébastien Gauthier

 

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com