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04/12/2022
George Crumb : Black Angels (Images I) [1] – Music for a Summer Evening (Makrokosmos III) [2]
Philippe Hattat, Théo Fouchenneret (piano), Emmanuel Jacquet, Rodolphe Théry (percussions), Quatuor Hanson : Anton Hanson, Jules Dussap (violons), Gabrielle Lafait (alto), Simon Dechambre (violoncelle)
Enregistré en public à Deauville (7 [2] et 10 [1] août 2021) – 61’10
B Records LBM 040


Sélectionné par la rédaction





Avec le décès, le 6 février dernier à l’âge de 92 ans, de George Crumb, c’est une voix originale et puissante de la musique américaine qui s’en est allée. L’été précédent, les jeunes musiciens du vingtième Août musical de Deauville avaient donné deux de ses œuvres, interprétations que B Records, fidèle aux manifestations musicales deauvillaises printanières et estivales, restitue dans un enregistrement dont la parution résonne aujourd’hui comme un hommage anticipé.


Hommage pertinent, en ce sens qu’il associe deux des pages les plus célèbres du compositeur, reflétant des préoccupations politiques tout en étant de caractère radicalement différent : sombre et tragique pour l’une, Black Angels, protestation contre la guerre au Vietnam, sous‑titrée « Thirteen Images from the Dark Land » (datée du « vendredi 13 mars 1970 in tempore belli ») ; lumineuse et apaisée pour l’autre, Music for a Summer Evening (1974), hymne à la nature témoignant de convictions écologistes très en pointe pour l’époque.


Tout à fait représentatives du style de Crumb, les deux partitions sont en outre des jalons importants de l’histoire de la musique américaine. Black Angels peut sans doute même être considéré comme l’un des quatuors les plus importants de la seconde moitié du siècle dernier, associant comme chez Berg, quoique dans une esthétique évidemment tout autre, force expressive et rigueur de la construction, notamment fondée sur les chiffres, en particulier ici sept et treize, et sur les symétries. Le quatuor traditionnel est considérablement amplifié, non seulement par les micros mais aussi par les diverses percussions (maracas, verres de cristal, baguettes de verre, dés à coudre, trombones métalliques, tam‑tam) dont doivent également se saisir les musiciens, par ailleurs invités ici ou là à siffler ou à donner de la voix. Rituel saisissant, cultivant les contrastes extrêmes entre saturation violente et sons impalpables, entre dissonances crues et citations comme venues de l’au‑delà (Dies iræ, Quatuor « La Jeune Fille et la Mort » de Schubert).


Dans Music for a Summer Evening, les deux pianos sont eux aussi amplifiés (et « préparés » à la Cage, sans parler d’une grande variété de modes de jeu) et, comme chez Bartók, associés à deux percussionnistes, dans cette œuvre qui constitue la troisième partie des Makrokosmos – le monde de Crumb, quant à lui, ne saurait être un Mikrokosmos. Comme dans Black Angels, les musiciens chantent, parlent ou s’exclament et doivent jouer de divers instruments, tandis que des citations, notamment une fugue du Clavier bien tempéré mais aussi la Sonate pour deux pianos et percussions, s’introduisent dans le discours. Hormis ces réminiscences bartokiennes, la musique évoque peut‑être davantage encore Messiaen, avec ses longues plages de temps suspendu et ses chants d’oiseaux, ou bien des indications telles que « Joyeux, extatique ; avec un sens du temps cosmique », mais c’est avant tout Crumb, son attention aux bruits de la nature, aux vibrations du cosmos, qui sont présents.


Le Quatuor Hanson et le quatuor pianos-percussion réuni pour l’occasion défendent ces œuvres techniquement redoutables avec une parfaite conviction. Ce disque constitue donc une parfaite introduction à l’univers sonore et mental si personnel et attachant qui est celui de Crumb.


Le site du Quatuor Hanson


Simon Corley

 

 

 

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