About us / Contact

The Classical Music Network

CD

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

03/26/2022
« Voltiges »
Aram Ilyitch Khatchaturian :Gayaneh : « Danse du sabre » (arrangement Georges Cziffra)
Sergueï Liapounov : 12 Etudes d’exécution transcendante, opus 11 : 10. « Lezghinka »
Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Casse‑Noisette, opus  71 : « Pas de deux » (Andante maestoso) (arrangement Mikhaïl Pletnev)
Sergueï Rachmaninov : Polka italienne (arrangement Vyacheslav Gryaznov)
Camille Saint-Saëns : Danse macabre, opus 40 (arrangement Franz Liszt revu par Vladimir Horowitz) – La Mort de Thaïs, paraphrase de concert sur l'opéra de J. Massenet
Jean Matitia (Christian Lauba) : Valse russe
Franz von Vecsey : Valse triste (arrangement Georges Cziffra)
Franz Liszt : Mephisto-Walzer n° 1
Soghomon Soghomonian (Vardapet Komitas) : Printemps (arrangement Robert Andriazyan)

Tristan Pfaff (piano)
Enregistré au studio Stephen Paulello, Villethierry (4‑6 mars 2021)‑ – 56’42
Ad Vitam Records AV 210915 (distribué par Intégral) – Notice en français et en anglais





Sous le titre « Voltiges », le pianiste français Tristan Pfaff (né en 1985) propose dans son septième disque un programme éclectique composé de dix pièces relativement brèves mais ayant comme point commun, la dernière pièce mise sans doute à part, de nécessiter un abattage technique phénoménal, l’objectif étant d’en mettre plein la vue, enfin... les oreilles en l’espèce. Par leur choix, le pianiste souhaite évidemment montrer qu’après les nombreux prix glanés lors des concours internationaux, s’il n’est plus une « bête à concours », il demeure un dévoreur d’ivoire. Mais au‑delà, il veut faire partager sa passion pour des pages d’une folle virtuosité (dont sept résultent d’arrangements) et enivrer, étourdir, véritablement l’auditeur au‑delà de leur acrobatie pianistique, s’inscrivant dans la lignée des Vladimir Horowitz et Georges Cziffra.


Rentrons cependant dans le détail.


Avec la célèbre « Danse du sabre » d’Aram Ilyitch Khatchaturian (1903-1978), on débute carrément dans le bastringue. L’Etude d’exécution transcendante de Sergueï Liapounov (1859-1924) qui suit impressionne plus favorablement. L’arrangement de Casse‑Noisette de Piotr Ilyitch Tchaïkovski (1840-1893) étale en revanche sans fard sa vulgarité. La Polka italienne (sic) du Russe Sergueï Rachmaninov (1873-1943) ressemble presque à des pages de l’Américain Louis‑Moreau Gottschalk ; un comble qui nous fait perdre le sens de l’orientation musicale. Il ne manque naturellement pas une note à la Danse macabre de Camille Saint‑Saëns (1835-1921) mais on y cherche en vain esprit, grain de folie et respiration. La Valse russe de Jean Matitia, alias Christian Lauba, qui ne résulte pas d’un arrangement, comme les pièces de Liapounov et Liszt, fait enfin du bien, assez charmante, presque coquine. La Paraphrase de concert sur La Mort de Thaïs de Jules Massenet (1842-1912) finirait par ennuyer n’était ses ultimes pages d’une délicatesse plutôt bienvenue. La Valse triste de Franz von Vecsey est d’une clarté constante mais on préfère quand même Georges Cziffra, l’arrangeur, dans ses œuvres ; son autorité, vraiment diabolique, est autrement plus fascinante. Et puis Tristan Pfaff lambine : 3’17 contre 3’02 pour Cziffra... Mais on aime bien la Méphisto-Valse de Franz Liszt (1811-1886), assez captivante, et on souffle enfin avec un autre compositeur arménien, légende à Erevan où il est statufié (comme sur les bords de la Seine) et où il est pourtant impossible de trouver ses disques : le Vardapet (Père) Komitas. Son Printemps est une balade empreinte de nostalgie tout à fait touchante, parfaitement restituée par notre pianiste virtuose.


Au total, le jeu de Tristan Pfaff est indéniablement brillant mais l’impression globale après un tel voyage est quand même mitigée. Tout n’est pas réussi, rien n’est franchement raté. Mais le cirque n’est pas loin et un disque entier consacré à la virtuosité pure et l’épate, à part la dernière plage, finit par donner le tournis et fatiguer. N’est pas Cziffra qui veut.


Mentionnons un point en tout cas clairement positif : la qualité de l’enregistrement. Réalisé dans une atmosphère assez sèche, il met remarquablement en valeur un piano de Stephen Paulello, sorte de bête de course qui nous change très favorablement des sempiternels Steinway métalliques captés dans des halls de gare.


Stéphane Guy

 

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com