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01/29/2021
Luigi Cherubini : Missa Solemnis n° 2 en ré mineur
Ruth Ziesak, Iris-Anna Deckert (sopranos), Christa Mayer (alto), Christoph Genz, Robert Buckland (ténors), Thomas E. Bauer (basse), Kammerchor Stuttgart, Klassische Philharmonie Stuttgart, Frieder Bernius (direction)
Enregistré en public au Deutsches Haus, Flensburg (21 juillet 2001) – 75’41
Carus 83512 – Notice en anglais et allemand


Sélectionné par la rédaction





Après s’être intéressé à son premier Requiem (Carus, 2010), Frieder Bernius se penche sur l’un des ouvrages majeurs de Luigi Cherubini avec sa troisième et plus longue messe: composée en 1811, mais seulement éditée en 1825 avec l’adjonction d’un nouveau Sanctus, la Messe solennelle en ré fut écrite pour le prince Nicolas II Esterházy, grand amateur de musique religieuse, qui souhaitait engager Cherubini à son service. Malheureusement, le dernier patron de Joseph Haydn (pour lequel il écrivit ses dernières messes) et commanditaire de la Messe en ut (1807) de Beethoven dut renoncer à son projet pour des raisons financières. Cherubini resta ainsi en France, auprès d’un Napoléon qui l’estimait personnellement, mais n’aimait guère sa musique.


On se réjouit de découvrir un nouvel enregistrement de référence de cette messe monumentale, aux côtés du disque très réussi de Riccardo Muti, réalisé pour EMI en 2001. La confrontation des deux versions, toutes deux captées en concert la même année, est passionnante, tant les deux lectures se complètent. Le chef italien a pour lui de meilleurs solistes, tout autant qu’un geste à l’ampleur symphonique qui rapproche Cherubini de Beethoven – ce qui n’est en rien un contresens, tant les deux hommes se sont mutuellement influencés.


On pourra toutefois préférer l’élégance chambriste de Frieder Bernius, qui évoque davantage Haydn, en un style souple et aérien, plus vif dans les tempi. Mais c’est peut-être plus encore dans sa capacité à fouiller les détails de la partition que Bernius excelle: ainsi du «Qui tollis», où les scansions inquiétantes aux cordes s’opposent au chant apaisé des voix féminines. Cherubini y fait preuve d’une belle invention mélodique, quittant son style sévère au profit de mystérieux silences et d’inattendues ruptures. La finesse des phrasés et des transitions fait une fois encore merveille, tandis que l’excellence technique du Chœur de chambre de Stuttgart permet des envolées piquantes, notamment dans le majestueux «Gloria in excelsis» ou dans les tempi dantesques de la fugue du «Cum Sancto Spititu».


Toutes ces qualités situent ce live parmi les versions de référence de cette messe, également enregistrée par Helmuth Rilling (Hänssler, 1992) et Newell Jenkins (Vanguard, 1972) avec Maureen Forrester. Après son superbe disque consacré à la Missa Solemnis de Beethoven l’an passé, Frieder Bernius prouve une fois encore son excellence dans ce répertoire du début du XIXe siècle, à mi-chemin entre classicisme et romantisme.


Florent Coudeyrat

 

 

 

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