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10/15/2019
«Musica sacra per alto»
Antonio Vivaldi : Introdutione al «Miserere Filiae maestae Jerusalem», RV 638 – Hymnus «Deus tuorum militum», RV 612 – Concerto per la SSa Assontione di Maria Vergine in due orchestre en ré majeur, RV 582 – Antifona «Salve Regina», RV 618 – Introdutione al «Miserere Non in pratis», RV 641 – Antifona «Regina coeli», RV 615

Delphine Galou (contralto), Alessandro Giangrande (ténor), Alessandro Tampieri (violon solo), Accademia Bizantina, Ottavio Dantone (direction)
Enregistré en la salle Oriani du Couvent de San Francesco à Bagnacavallo (janvier 2018) – 59’47
Opus 111 «Vivaldi Edition vol. 59» OP 30569 (distribué par Naïve) – Notice (en français, anglais, italien et allemand) de Michael Talbot





«Arie e cantate per contralto»
Antonio Vivaldi : Cantates «Cessate, omai cessate», RV 684, «O mie porpore più belle», RV 685, & «Qual in pioggia dorata», RV 686 – Tito Manlio, RV 738: «Liquore ingrato» & «Andrò fida e sconsolata» – Tieteberga, RV 737: «L’innocenza sfortunata» – La Candace o siano li veri amici, RV 704: «Care pupille», «Sì, sì, bel volto, che v’adoro» & «Per dar pace al tuo dolore» – La verità in cimento, RV 739: «Semplice non temer» – Il Giustino, RV 717: «E pur dolce ad un’anima amante»

Delphine Galou (contralto), Accademia Bizantina, Ottavio Dantone (direction)
Enregistré en la salle Oriani du Couvent de San Francesco à Bagnacavallo (20-23 février 2018) – 57’47
Opus 111 «Vivaldi Edition vol. 60» OP 30584 (distribué par Naïve) – Notice (en français, anglais, italien et allemand) de Cesare Fortunani


Must de ConcertoNet





Patiemment, la «Vivaldi Edition» se poursuit, entre opéras inédits, concertos divers, musique de chambre retrouvée et disques consacrés au chant, notamment religieux chez le fameux Prêtre roux. Voici deux volumes qui nous emmènent de nouveau sur des sommets grâce, en premier lieu, à des interprètes superlatifs.


Delphine Galou, l’héroïne de ces deux disques, connaît «son» Vivaldi! On a déjà notamment pu souligner ses réussites dans cette collection lorsqu’elle incarnait Zelinda dans Teuzzone sous la direction de Jordi Savall, Medoro dans Orlando furioso 1714 sous celle de Federico Maria Sardelli ou Argene dans L’incoronazione di Dario dirigé cette fois-ci par Ottavio Dantone.


Son tempérament de feu laisse ici place à un chant plus réservé, du moins dans le premier volume, exclusivement consacré à de la musique sacrée. L’érudit Michael Talbot doit bien l’avouer dans l’excellente notice d’accompagnement: on ne connaît pas grand-chose des œuvres présentées ici... En dépit de sa relative brièveté (6 minutes de musique), l’aria «Sileant zephyri» tirée de l’Introdutione al Miserere «Filiae maestae Jerusalem» est superbe. Dès l’entrée des cordes, tout Vivaldi est là, bel et bien présent: une pulsation dans son expression la plus nue, un climat qui s’impose à l’oreille, un écrin pour la voix de Delphine Galou dont l’entrée (dans le plus parfait silence) vous donne des frissons à chaque écoute! Si le chant est remarquable, l’accompagnement ne l’est pas moins, à commencer par la basse continue (la partie d’orgue, tenue par Dantone lui-même, certes reléguée mais si intéressante, notamment avant les mots «Mortuo flumine» à 2’), les deux récitatifs accompagnés revêtant un moindre intérêt. Le Salve Regina RV 618 (à ne pas confondre avec le Salve Regina RV 617 pour soprano, violon solo et basse continue...), composé sans doute pour une occasion assez importante au vu de l’orchestration confiée à deux ensembles distincts, permet à Delphine Galou de nous transporter avec la même émotion du diaphane «Salve Regina» au vif «Ad te clamamus», l’alto affichant une voix emportée, voire véhémente, à l’image d’un accompagnement idéal (ah... ces cordes vivaldiennes...), en passant par ce «Ad te suspiramus», la ligne de chant étant ici particulièrement impressionnante. On retiendra également le très beau «Eia ergo», où la voix est notamment épaulée par deux hautbois, offrant ainsi un mélange de sonorités des plus heureuses oscillant entre une certaine nostalgie et une joie qui semble vouloir se dessiner doucement. Mais le sommet de ce disque réside peut-être dans l’air «Pro me caput spinas habet» (Introdutione al «Miserere Non in Pratis», où les cordes, dans une simplicité qui décuple les effets d’une musique où la moindre note occupe une place essentielle, offrent un tapis sonore qui permet à la voix de se déployer avec une harmonie incroyable. Superbe passage! Le reste du disque met à l’honneur le ténor Alessandro Giangrande qui chante en duo avec Delphine Galou (Deus tuorum militum) ou seul, dans un air (Regina coeli) particulièrement brillant grâce à l’intervention notamment de deux trompettes aux côtés de l’orchestre. Signalons enfin ce très beau Concerto RV 582 aux dimensions conséquentes (plus de 17’ quand on sait que certains concertos de Vivaldi dépassent à peine les 6’) dans lequel sinon la folie, du moins l’extravagance d’Alessandro Tampieri au violon se déploie dans le troisième mouvement après un Grave de la plus belle facture.


Le second disque poursuit l’exploration de l’usage que Vivaldi a pu faire de la voix de contralto mais nous quittons là le champ exclusivement sacré pour explorer des contrées plus diversifiées. La fameuse Cantate «Cessate, omai cessate», datant des années 1735 et composée pour une occasion qui nous est encore inconnue, trouve ici une interprétation de très belle facture, aux contrastes vocaux et instrumentaux volontairement marqués, Delphine Galou brodant et improvisant au fil du discours avec une indéniable dextérité (le premier air «Ah ch’infelice sempre»), la folie vivaldienne nous emportant franchement dans le second air «Nell’orrido albergo». Avouons néanmoins préférer la version plus sobre et, de fait, à notre sens plus saisissante d’Andreas Scholl avec l’Ensemble 415 chez Harmonia Mundi, sans doute il est vrai un des plus grands disques du contre-ténor allemand. La Cantate «O mie porpore più belle» (1719), composée en hommage à Antonio dei Conti Guidi qui devint évêque de Mantoue le 15 avril 1719, allie une fois encore simplicité des traits et puissance émotionnelle évidente, une combinaison à laquelle certes Vivaldi nous habitue mais qui, toujours, fait mouche. Les ornements de l’ensemble des cordes dans le premier air laissent place à une prépondérance du violon solo dans le second air «No, non vidi», Delphine Galou s’illustrant tout particulièrement lors de la reprise du bref couplet. Quant à la troisième cantate du disque, «Qua in pioggia dorata» (1719 sans doute là encore), dédiée pour sa part au prince Philipp de Hesse-Darmstadt, gouverneur de Mantoue, elle frappe l’oreille par la dextérité des cors, tout spécialement dans le premier air «Ombre nere»: le grave et le medium de Delphine Galou s’y épanouissent de fait avec une évidence et un charme confondants. Les deux extraits de Tito Manlio illustrent quant à eux à merveille, pour le premier, la longueur de souffle de Delphine Galou, qui chante avec une intensité remarquable, pour le second, la délicatesse que Vivaldi pouvait apporter dans son orchestration. Quel air que ce «Andrò fida e sconsolata» où sont mises en valeur les deux flûtes, dans une atmosphère on ne peut plus pastorale! Quel contraste aussi avec «L’innocenza sfortunata» (extrait de Tieteberga, opéra qui inaugura la saison d’automne 1717 du théâtre de Giustiniani, à Venise, et qui trouve son intrigue dans le monde carolingien, l’héroïne n’étant que l’épouse du roi Lothar d’Austrasia), où l’accompagnement orchestral s’avère tout particulièrement remarquable, justifiant, on l’espère, l’enregistrement intégral de cet opéra! Le violon solo (tenu là encore par Alessandro Tempieri) est de nouveau à l’œuvre aux côtés de la chanteuse dans l’air «Care pupille», issu pour sa part de l’opéra La Candace o siano li veri amici, créé à la fin du mois de janvier 1720 sur un livret s’inspirant lointainement d’Heraclius, empereur d’Orient de Corneille. On pourrait multiplier les remarques sur tel ou tel détail donc allons à l’essentiel: par sa diversité et, n’hésitons pas à le dire, sa perfection, ce second disque s’impose dans toute discothèque vivaldienne qui se respecte.


Le site de Delphine Galou
Le site de l’Accademia Bizantina et d’Ottavio Dantone


Sébastien Gauthier

 

 

 

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