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07/06/2019


Gustav Mahler : Symphonie n° 1 en ré majeur «Titan» [1] – Des Knaben Wunderhorn: «Wo die schönen Trompeten blasen» [2]
Richard Wagner: Eine Faust-Ouvertüre [3]
Joseph Haydn: Symphonie n° 96 en ré majeur «Le Miracle» [4]
Johannes Brahms : Schicksalslied, opus 54 [5]

Irmgard Seefried (soprano), BBC Symphony Orchestra and Chorus, Bruno Walter (direction)
Enregistré en public au Royal Festival Hall, Londres (15 [1, 3], 25 [5], 29 [2, 4] mai 1955) – 101’44
Album de deux disques ICA Classics ICAC 5151 – Notice (en anglais, allemand et français) de David Patmore





Gustav Mahler : Symphonie n° 1 en ré majeur «Titan»
Les Siècles, François-Xavier Roth (direction)
Enregistré en public au Théâtre de Nîmes (février 2018), à la Philharmonie de Paris (mars et octobre 2018), et à la Cité de la musique et de la danse de Soissons (octobre 2018) – 56’29
Harmonia Mundi HMM 905299 – Notice (en français, anglais et allemand) d’Anna Stoll Knecht et Benjamin Garzia et entretien (en français) avec François-Xavier Roth





Sélectionné par la rédaction


Gustav Mahler : Symphonie n° 2 en ut mineur «Résurrection»
Anja Harteros (soprano), Bernarda Fink (alto), Chor des Bayerischen Rundfunks, Michael Gläser (chef de chœur), Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks, Mariss Jansons (direction)
Enregistré en public à la Philharmonie im Gasteig, Munich (13 et 15 mai 2011) – 80’56
BR Klassik 900167 – Notice (en allemand et en anglais) de Jörg Handstein





Gustav Mahler : Symphonie n° 2 en ut mineur «Résurrection»
Barbara Kilduff (soprano), Christa Ludwig (mezzo-soprano), Chœur national «Rinat», Stanley Sperber (chef de chœur), Chœur philharmonique de Tel Aviv, Steven Sloane (chef de chœur), Chœur Ihud, Avner Itai (chef de chœur), Orchestre philharmonique d’Israël, James Levine (direction)
Enregistré en public à l’Auditorium Mann, Tel Aviv (27 février 1989) – 85’
Helicon Classics 02-9634





Gustav Mahler : Symphonie n° 4 en sol majeur [1] – Quatuor avec piano en la mineur: «Nicht zu schnell» (orchestration Colin Matthews) [2]
Miah Persson (soprano), Orchestre philharmonique du Luxembourg, Gustavo Gimeno (direction)
Enregistré à la Philharmonie de Luxembourg (février [1] et juin [2] 2017) – 67’12
Pentatone PTC 5186 651 – Notice de Steven Vande Moortele (en anglais), d’Olaf Wilhelmer (en allemand) et d’Isabelle Werck (en français)





Gustav Mahler : Symphonie n° 5 en ut dièse mineur
Sveriges Radios Symfoniorkester, Daniel Harding (direction)
Enregistré au Berwaldhallen, Stockholm (date non précisée) – 73’23
Harmonia Mundi HMM 902366 – Notice (en français, anglais et allemand) de William Foster





Même si Anton Bruckner a semblé prendre le pas, ces dernières années, sur Gustav Mahler parmi les compositeurs les plus enregistrés, ce n’est que relatif: Mahler demeure un choix privilégié pour les chefs, les orchestres et les éditeurs, comme en témoignent ces divers enregistrements dont les qualités sont, à l’instar des œuvres et profils des artistes, extrêmement variables.


Dans la discographie de la Symphonie «Titan», le nom de Bruno Walter vient immédiatement à l’esprit lorsque l’on recherche les références absolues. Auteur de son tout premier enregistrement en avril 1939 à la tête de l’Orchestre symphonique de la NBC, Walter en a laissé pas moins de huit témoignages discographiques si l’on se réfère à un site presque exhaustif consacré à la discographie mahlérienne, dominés par la superbe version du 25 janvier 1954 à la tête du Philharmonique de New York. Et en voici donc une neuvième! Avouons-le tout de suite, celle-ci ne s’imposait guère et ne ravira que les admirateurs du chef ou de la Première Symphonie de Mahler. Outre que l’Orchestre symphonique de la BBC n’est ici pas avare d’accrocs et d’approximations, Walter ne fait guère preuve de dynamisme dans le premier mouvement, ce dernier souffrant à la fois de plusieurs lourdeurs et d’un manque global de cohérence. Si le deuxième mouvement est très bien fait en revanche, le célèbre troisième mouvement («Feierlich und gemessen, ohne zu schleppen») retrouve une pesanteur évidente, réalisée par une phalange en roue libre. Dans le dernier mouvement, la réalisation, n’hésitons pas à l’écrire, est assez bordélique mais, finalement, vraiment prenante en dépit là encore de tempi très retenus et, de fait, d’une pesanteur assez générale. Ces deux disques ICA Classics associent à la Première de Mahler divers compléments puisés au sein de divers concerts: aucun ne mérite à lui seul l’acquisition de ces gravures. Le chant d’Irmgard Seefried demeure prégnant mais le résultat est globalement moyen, sans compter qu’il ne s’agit que d’un simple extrait du Knaben Wunderhorn. A la limite, le plus attractif pourrait être cette Quatre-vingt-seizième Symphonie de Haydn, que Walter avait déjà enregistrée avec les Wiener Philharmoniker en 1937 (Opus Kura). Un peu comme pour la Titan, l’élément décisif qui nous séduit est ce dernier mouvement des plus enlevés en dépit, là aussi, d’une précision et d’une cohésion des cordes plus que perfectibles.


Récent lauréat du «Grand Prix Antoine Livio» décerné par l’association de la Presse musicale internationale, François-Xavier Roth n’est pas connu pour être un mahlérien de longue date. Et pourtant, voici une gravure absolument enthousiasmante de la Première Symphonie, avec son ensemble Les Siècles (donc sur instruments d’époque) et dans sa rare deuxième version, à savoir celle de Hambourg-Weimar qui date de 1893 et qui compte cinq mouvements (le deuxième, «Blumine», ayant ensuite été retiré par Mahler lui-même)! C’est dire si les attraits de cette version étaient, avant même son écoute, nombreux. Les timbres (Roth s’en explique assez longuement dans l’entretien figurant dans la notice) sont à bien des égards nouveaux pour l’oreille: le hautbois solo dans le troisième mouvement, moins «ouvert» et nasillard que ce que l’on peut habituellement entendre, des cordes au phrasé moins immédiatement sensuel, des cuivres plus ronds... Plus que jamais, on a affaire non à une symphonie mais, comme la qualifiait Mahler lui-même, à un poème symphonique en cinq mouvements, la parenthèse «Blumine» offrant un moment de grâce particulier où s’illustre en premier lieu la trompette solo, vite épaulée par le hautbois et les cordes. La plus grande réussite de cette symphonie est à l’évidence le troisième mouvement (Mit vollen Segeln): dansant à souhait, on a l’impression d’entendre une véritable valse viennoise peignant la capitale autrichienne déclinante si bien décrite par Zweig quelques années plus tard, les timbres sont une fois encore d’une trouvaille incroyable (ces cordes légères, presque espiègles). Une réussite en soi! Le quatrième mouvement (Gestrandet) est également formidable, Roth suspendant parfois le temps (à partir de 3’13), plus que jamais peintre d’une formidable fresque qui se déroule sous nos yeux. L’élégance du chef français déçoit un rien dans le dernier mouvement, auquel font défaut ces traits acerbes et ces couleurs parfois acides: trop de raffinement, pourrait-on lui «reprocher»! Pour autant, Roth renouvelle ici notre vision traditionnelle de la Titan avec une réussite qui n’appelle que les louanges.


Mariss Jansons a toujours été extrêmement convaincant dans Mahler, ne serait-ce que par sa fibre amstellodamoise (Mengelberg et Haitink avant lui!): il n’a pas perdu ces affinités lorsqu’il fut nommé à la tête de l’excellent Orchestre symphonique de la Radio bavaroise, dont il est le chef titulaire depuis la saison 2003-2004. Pour preuve ce concert, donné au mois de mai 2011, que nous connaissons bien pour l’avoir chroniqué à propos de sa publication en DVD (voir ici). L’impression que nous avait donnée l’image ne disparaît pas au profit du seul son: c’est une totale réussite. Le premier mouvement, très théâtral dans sa réalisation (la pause après l’attaque vrombissante des contrebasses et des violoncelles), se caractérise par une luxuriance orchestrale (les clarinettes légèrement stridentes, l’entrée du cor anglais à 6’30...) et une énergie impressionnante, qui en vient presque, parfois, à trop accélérer le discours (à partir de 12’50). Les deux mouvements orchestraux qui suivent sont également de la plus belle facture; même si ce n’est pas aussi contrasté que sous d’autres baguettes (on pense à Haitink avec Berlin notamment), le résultat est superbe. Superbes également les deux chanteuses, à commencer par Bernarda Fink dans le «Urlicht»: regrettons peut-être une dernière note un peu abruptement écourtée, mais qui n’enlève en rien à l’incroyable poésie de ce passage. Anja Harteros l’épaule on ne peut mieux dans un final épique: qu’on aurait aimé assister à un tel concert!


Tel n’est pas le cas, en revanche, de la prestation d’un Orchestre philharmonique d’Israël approximatif, dirigé par un James Levine inutilement spectaculaire. A titre personnel, nous l’avions allégrement oublié mais Levine a enregistré une quasi-intégrale des symphonies de Mahler chez RCA avec les orchestres symphoniques de Chicago, Londres et Philadelphie. Par ailleurs, le fait est que le compositeur n’a jamais été oublié par Levine, qui a également laissé au disque une version de la Résurrection captée au Festival de Salzbourg en août 1989 (avec Kathleen Battle et Jessye Norman en solistes et le Philharmonique de Vienne, l’enregistrement live étant paru chez Orfeo). Aux dires de certains, son interprétation de la Troisième de Mahler avec la Staatskapelle de Berlin le 31 octobre 2017 fut également un moment exceptionnel. On n’en dira pas autant du présent disque qui, sans être totalement à jeter, ne revêt qu’un bien faible intérêt. Le premier mouvement met tout de suite en évidence des conditions d’enregistrement bien médiocres (son lointain, mauvaise spatialisation), un orchestre plus que moyen (les trompettes à 6’18, le violon solo) et, surtout, une conception souvent lourde et spectaculaire, sans grande cohérence: qu’on écoute le passage à partir de 12’30 ou ce soudain déséquilibre entre pupitres à partir de 14’. L’Andante moderato est plutôt réussi de même que le début du troisième mouvement (bel orchestre, esprit agréable), celui-ci se gâtant à partir de 4’ environ en raison d’un manque d’élan de l’orchestre et de détails instrumentaux de mauvais aloi (les glissandi des cordes par exemple). On attendait Christa Ludwig mais on en sera pour ses frais: les attaques ne sont pas toujours bien maîtrisées, sa prestation ne restera guère dans les mémoires. Même si le parallèle est assez facile, avouons que le dernier mouvement de la symphonie sonne un peu comme du Mahler à la sauce hollywoodienne (notamment à partir de 8’) avec un son grossier et tout en technicolor (ah! ces éclairages sur les timbales et les cuivres!), Levine conduisant l’ensemble de façon pataude, la toute fin étant à la limite du grotesque.


Gustavo Gimeno, dont la réputation ne cesse de croître, signe pour sa part une excellente version de la Quatrième Symphonie. Et tout d’abord, grâce à un orchestre dont la tenue ne cesse de nous émerveiller au fil de l’œuvre. En dépit d’une version manquant souvent de contrastes et que l’on pourrait aisément qualifier de «sage», l’Orchestre philharmonique de Luxembourg se hisse au niveau des meilleures phalanges. Si le premier mouvement (Bedächtig, nicht alein) est très bien fait, bien qu’un peu lisse comme on l’a déjà laissé entendre, le deuxième mouvement nous laisse un peu sur notre faim en raison d’un «trop beau» violon solo, pas assez grinçant, pas suffisamment sarcastique, le mouvement lui-même ne nous emportant guère dans les bourrasques mahlériennes. Le troisième mouvement, en revanche, est splendide: peut-être pas au niveau d’un Bernard Haitink mais on se pâme devant de tels musiciens (cor, hautbois, cordes...), Gimeno trouvant le ton juste dans chaque recoin de la partition. Pour le mouvement conclusif (Sehr behaglich), Miah Persson offre une prestation de très haut niveau, très caractérisée et idéalement accompagnée (écoutez le tout début avec cette clarinette au velouté incomparable!). A n’en pas douter, une très belle version. En complément, le rare mouvement du Quatuor avec piano aux accents résolument brahmsiens, dans l’orchestration réalisée en 2008-2009 par Colin Matthews: l’orchestre déploie tous ses sortilèges, à commencer par de superbes pupitres de cordes, Gimeno dirigeant l’œuvre avec une conviction qui force l’admiration au fil de ce petit quart d’heure de musique qui mérite à coup sûr d’être redécouvert.


Mahler fait partie des compositeurs que Daniel Harding met régulièrement au programme de ses concerts, avec une prédilection pour l’Adagio de la Dixième, mais aussi la Sixième qu’il a notamment dirigée à la tête de l’Orchestre de Paris (voir ici) et de l’Orchestre symphonique de la Radio suédoise (voir ici), dont il est le chef titulaire depuis 2005. Voici justement cette phalange dans une version très convaincante de la Cinquième Symphonie, Harding livrant là une véritable interprétation. Car la lecture du chef anglais frappe par sa méticulosité, la véritable dissection qu’il opère de la partition; dès l’entrée presque timide de la trompette solo, les timbres sont très purs, très clairs, le premier mouvement étant joué avec une vision très analytique, les ralentis et effets étant toujours choisis à bon escient, sans jamais aucune facilité, encore moins vulgarité. Le deuxième mouvement est très maîtrisé, sans doute trop: on est à mille lieues des emportements de Bernstein ou Neumann, qui savaient empoigner et transfigurer la violence de la partition, celle-ci ayant ici tendance à un peu disparaître. Le Scherzo. Kräftig, nicht zu schnell est superbe, sans doute le mouvement le plus réussi avec le célébrissime Adagietto, dénué de toute sensiblerie de mauvais aloi. La tendance de Harding à trop décortiquer le discours refait néanmoins surface dans le mouvement conclusif mais la prestation de l’orchestre reste remarquable, recélant quelques détails particulièrement appréciables (les accents des violoncelles!); pour les emportements, on en restera donc aux chefs susnommés, sans oublier Chailly ou Haitink, dont les lectures s’avèrent plus fascinantes, en raison d’une hauteur de vue que l’on n’a pas ici.


Le site de l’Orchestre symphonique de la BBC
Le site de l’orchestre Les Siècles et de François-Xavier Roth
Le site du Chœur et de l’Orchestre symphonique de la Radio bavaroise
Le site de l’Orchestre philharmonique d’Israël
Le site de Gustavo Gimeno
Le site de l’Orchestre philharmonique de Luxembourg
Le site de l’Orchestre symphonique de la Radio suédoise


Sébastien Gauthier

 

 

 

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