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09/16/2018 «Bach Kantaten n° 19»
Johann Sebastian Bach : Cantates «Ich elender Mensch, wer wird mich erlösen», BWV 48 [1], «Es reisset euch ein schrecklich Ende», BWV 90 [2], et «Aus der Tiefen rufe ich, Herr, zu Dir», BWV 131 [3] Leonie Gloor [2], Guro Hjemli [3] (sopranos), Jan Börner [3], Antonia Frey [2], Ruth Sandhoff [1] (altos), Bernhard Berchtold [2], Johannes Kaleschke [1], Makoto Sakurada [3] (ténors), Klaus Häger [2], Markus Volpert [3] (basses), Chor und Orchester der J-S. Bach-Stiftung, Rudolf Lutz (direction)
Enregistré en public en l’église évangélique de Trogen (5 juin 2008 [1], 19 novembre 2010 [2] et 22 mars 2013 [3]) – 47’15
J.S. Bach-Stiftung B 540 – Notice en allemand et en anglais
«Bach Kantaten n° 20»
Johann Sebastian Bach : Cantates «Herr Christ, der einge Gottessohn», BWV 96 [1], «Halt im Gedächtnis Jesum Christ», BWV 67 [2], et «Christum wir sollen loben schon», BWV 121 [3]
Julia Neumann [3], Noëmi Sohn Nad [1] (sopranos), Jan Börner [1, 3], Margot Oitzinger [2] (altos), Bernhard Berchtold [2], Johannes Kaleschke [3], Julius Pfeifer [1] (ténors), Wolf Matthias Friedrich [1], Stephan MacLeod [3], Dominik Wörner [2] (basses), Chor und Orchester der J-S. Bach-Stiftung, Rudolf Lutz (direction)
Enregistré en public en l’église évangélique de Trogen (21 octobre 2011 [1], 22 mars 2013 [2] et 25 avril 2014) – 47’46
J.S. Bach-Stiftung B 592 – Notice en allemand et en anglais
Must de ConcertoNet
Johann Sebastian Bach : Cantates «Lobe den Herrn, meine Seele», BWV 69, et «Freue dich, erlöste Schar», BWV 30 – Gloria in excelsis Deo, BWV 191
Hana Blazíková (soprano), Robin Blaze (contre-ténor), Gerd Türk (ténor), Peter Kooij (basse), Bach Collegium Japan, Masaaki Suzuki (direction)
Enregistré en la chapelle de la Women’s Shoin University de Kobe, Japon (février 2013) – 68’40
SACD BIS-2031 – Notice (en allemand, anglais et français) de Klaus Hofmann et traduction des textes chantés
Sélectionné par la rédaction
Johann Sebastian Bach : Cantatees «Mer hahn en neue Oberkeet», BWV 212, «Non sa che sia dolore», BWV 209, et «Amore traditore», BWV 203
Mojca Erdmann (soprano), Dominik Wörner (basse), Kiyomi Suga (flûte traversière), Nobuaki Fukukawa (cornet), Bach Collegium Japan, Masaaki Suzuki (direction)
Enregistré au Hakuju Hall de Tokyo (septembre 2015) – 63’25
SACD BIS-2191 – Notice trilingue (allemand, anglais et français) de Klaus Hofmann et traduction des textes chantés
Johann Sebastian Bach : Cantates «Nimm von uns, Herr, du treuer Gott», BWV 101, «Mache dich, mein Geist, bereit», BWV 115, et «Ihr werdet weinen und heulen», BWV 103
Dorothee Mields (soprano), Damien Guillon (alto), Thomas Hobbs (ténor), Peter Kooij (basse), Collegium vocale Gent, Philippe Herreweghe (direction)
Enregistré au Campus des Arts international deSingel, Anvers (29-31 janvier 2016) – 62’26
Phi LPH 027 (distribué par Outhere) – Notice (en anglais, français, allemand et néerlandais) de Christoph Wolff et traduction des textes chantés
Sélectionné par la rédaction
«Celebratory Cantatas»
Johann Sebastian Bach : «Schleicht, spielende Wellen, und Murmelt gelinde» BWV 206 (Dramma per musica) ; Cantate «Preise dein Glücke, gesegnetes Sachsen», BWV 215
Hana Blazíková (soprano), Hiroya Aoki (contre-ténor), Charles Daniels (ténor), Roderick Williams (basse), Bach Collegium Japan, Masaaki Suzuki (direction)
Enregistré au Théâtre des Arts de Saitama, Japon (février 2016) – 70’23
SACD BIS-2231 – Notice (en allemand, anglais et français) de Klaus Hofmann et traduction des textes chantés
Must de ConcertoNet
Les Cantates de Johann Sebastian Bach (1685-1750) ne cessent de nous émouvoir, de nous surprendre, de nous charmer, de nous interpeller aussi... Mais comment ne pas également admirer les interprètes de ces œuvres qui, alors même que certaines d’entre elles connaîtraient déjà plusieurs versions de référence, parviennent à nous les faire totalement oublier? Car c’est bien de cela dont il s’agit ici avec quelques disques magnifiques dont deux sont sans aucun doute exceptionnels.
Commencée dans l’ombre, l’intégrale en cours gravée en public par Rudolf Lutz et son Choeur et Orchestre de la Fondation J.S. Bach connaît là deux nouveaux volumes dont on s’excusera par avance de commencer par le second (20), tant celui-ci est incroyable et fait désormais partie, à titre personnel certes, de la poignée de disques dont on sait qu’ils nous accompagneront sur une éventuelle île déserte. Le premier mouvement de la Cantate «Herr Christ, der einge Gottessohn» est tout bonnement miraculeux: le dialogue entre la flûte piccolo (immense Maurice Steger) et le chœur est d’une musicalité et d’une justesse enthousiasmantes comme rarement. Jouée à un rythme qui frappe par son naturel et son évidence, on tient là bien évidemment le sommet du disque qui, à lui seul, en, justifie l’acquisition immédiate. Et pourtant, la suite est tout aussi belle. Les solistes masculins (le ténor Julius Pfeifer et surtout la basse Wolf Matthias Friedrich dans l’air «Bald zur Rechten») sont excellents, l’orchestre et ses solistes instrumentaux (flûte pour le premier, hautbois pour le second) étant conduits avec une attention bienveillante par Lutz. Idem pour la très belle Cantate «Halt im Gedächtnis Jesum Christ», également connue sous le sobriquet de «Kantate zu Quasimodogeniti» (cantate pour le premier dimanche après Pâques). Là encore, accompagné par un riche orchestre dominé par un cornet auquel échoit une partition assez virtuose, le chœur introductif proclame avec une évidente musicalité toute la joie contenue dans la partition. Mais l’auditeur se précipitera surtout sur l’air dévolu à la basse (excellent Dominik Wörner), «Friede seit mit euch», où l’accompagnement de l’orchestre (tout en cordes pourrait-on dire) souligne la verve du chœur, la partie de basse donnant lieu à un doux accompagnement dominé par les flûtes: quel ensemble! Quant à la Cantate «Christum wir sollen loben schon», on signalera en priorité les deux superbes airs dévolus, là encore, au ténor pour l’un («O du von Gott erhähte Kreatur»), qui n’est pas sans rappeler le merveilleux air, également pour ténor accompagné par un hautbois solo, de la Cantate «Herkules auf dem Scheideweg» (où officie également un violon solo), à la basse pour l’autre («Johannis freudenvolles Springen»). Un superbe volume au sein d’une intégrale avec laquelle il faut, et depuis longtemps déjà, compter!
Difficile dans ces conditions d’exister pour le volume n° 19 qui, bien que fort bien réalisé, ne suscite pas le même enthousiasme. On passera rapidement sur la Cantate « Aus der Tiefen rufe ich, Herr, zu Dir», certainement une des plus connues de Bach et des plus enregistrées: il faut dire que les trois chœurs qui célèbrent cette «exaltation pénitentielle», pour reprendre l’expression de John Eliot Gardiner (Musique au château du Ciel, Flammarion, 2014, page 197), sont propres à justifier une interprétation pleine de ferveur, l’enregistrement en public semblant ici ajouter à cette urgence musicale. C’est également le chœur, introductif cette fois, qui est la partie la plus remarquable de la Cantate BWV 48, excellemment chanté, les voix adoptant un ton plaintif d’une grande justesse. Quant à la Cantate BWV 90, elle vaut avant tout pour l’air introductif «Es reisset euch ein schrecklich Ende» chanté par le ténor Bernhard Berchthold: un passage superbe avec violon solo qui témoigne d’une souplesse vocale et d’une diction remarquables de la part du chanteur.
Et de 55 ! Avec ce cinquante-cinquième volume de cantates, Masaaki Suzuki frappe un grand coup dans un disque dominé par la couleur. Dès le chœur initial de la Cantate «Lobe den Herrn, meine Seele», les chanteurs du Bach Collegium Japan rendent toute sa justice à l’orchestration luxuriante qui requiert en plus des habituelles cordes et basse continue trois trompettes, des timbales, trois hautbois, un hautbois d’amour, un basson et un fagott allemand; on retrouvera d’ailleurs cette brillance dans le chœur très solennel qui conclut la cantate. S’il nous a parfois déçu en raison notamment d’une voix fatiguée pas toujours capable d’assumer les difficultés de la partition, Robin Blaze est ici excellent dans le très beau «Meine Seele auf!», où Bach appelle une fois encore aux côtés du soliste un violon et un hautbois. Dans la Cantate «Freue dich, erlöste Schar», divisée en deux parties, c’est l’incontournable Peter Kooij qui mérite d’être salué: fatigué, lui? Que nenni, en tout cas, il sait parfaitement donner le change avec l’air «Gelobet sei Gott, gelobet sein Name», où il fait montre d’un souffle, d’une articulation et d’une musicalité à toute épreuve. Et comment ne pas également louer la tenue de sa voix dans l’air de la seconde partie «Ich will nun hassen...» où, magnifiquement accompagné par le hautbois d’amour tenu par Masamitsu San’nomiya, il offre à l’auditeur un moment de pure grâce. Même si cette cantate offre plusieurs autres très beaux moments, on insistera sur l’air «Eilt, ihr Stunden, kommt herbei» chanté par une Hana Blazíková à la voix à la fois très liée mais assez caractérisée néanmoins: tout le contraire d’un chant lisse et sans intérêt, en dépit d’aigus parfois un peu difficiles. Le Gloria in excelsis Deo, qui reprend trois numéros tirés de la grande Messe en si mineur, conclut de façon extrêmement brillante un volume en tous points remarquable.
Autre disque de Masaaki Suzuki, celui dominé par une cantate dite «burlesque», composée à l’attention d’un bourgeois qui venait de prendre possession de ses terres et qui, pour l’occasion, organisa une grande fête au cours de laquelle fut interprété ce «spirituel et pittoresque tableautin paysan» comme l’a écrit fort justement Alberto Basso. L’idylle entre une jeune femme et un jeune paysan sert de trame à cette œuvre conséquente, composée d’airs et de récitatifs brefs, et agrémentée d’une musique assez plaisante. Pour autant, on n’est pas pleinement convaincu par les deux solistes, une voix un peu trop légère pour la soprano (cela s’entend surtout dans l’air «Das ist galant...») et une basse qui reste trop sage, l’élocution manquant de truculence et de burlesque, justement («Dein Wachstum sei feste und lache vor Lust!»). Suzuki conduit l’ensemble avec soin mais sans grande théâtralité: dommage. Quant aux compléments, la Cantate BWV 209, dont la paternité n’est pas pleinement établie, elle mérite l’écoute avant tout pour sa Sinfonia d’ouverture, qui n’est pas sans rappeler l’Ouverture pour orchestre BWV 1067, signe pour certains de l’emprunt qu’un autre composteur aurait fait d’une œuvre de Bach. Quant à l’air conclusif de la soprano («Ricetti gramezza e pavento»), il illustre à merveille le timbre on ne peut plus rafraîchissant de Mojca Erdmann.
Bach et Philippe Herreweghe: une longue histoire désormais, qui mériterait sans doute à elle seule un livre conséquent... Le présent disque rassemble trois cantates qui n’avaient jusqu’alors encore jamais été enregistrées par le chef flamand. Les chœurs sont tous superbes mais celui du début de la Cantate BWV 103 mérite une particulière attention puisqu’à une superbe orchestration (cordes, hautbois, flûte aux accents «vivaldiens»...) s’allient un chœur, donc, mais aussi tout de suite une basse qui instaure un climat très particulier. Les chanteurs sont tous excellents, mention particulière pour Damien Guillon dont les talents sont mis à contribution de la plus belle manière dans l’air «Ach schläfrige Seele, wie ruhest du noch?» (Cantate BWV 115). Thomas Hobbs se fait également particulièrement remarquer, qu’il s’agisse des airs (le brillant «Erholet euch, betrübte Sinnen» accompagné par une trompette) ou des récitatifs (vivant «Er sehnet sich nach unserm Schreien»). Le Collegium Vocale de Gand connaît son Bach évidemment sur le bout des doigts et, conduit avec un naturel confondant par Herreweghe, réalise là un nouveau disque exemplaire.
Enfin, un troisième disque signé Masaaki Suzuki qui est une totale réussite, encore plus patente que la première peut-être. La fête et les couleurs brillantes dominent là aussi le chœur introductif de la Cantate «Schleicht, spielende Wellen, und murmelt Gelinde» qui est en vérité un dramma per musica dédié à l’électeur de Saxe et roi de Pologne Auguste III, l’œuvre faisant intervenir au fil d’un message à forte connotation politique quatre personnages: la Pleisse, l’Elbe, la Vistule et le Danube, chaque fleuve représentant un pays ou une province particulier. Les airs s’enchaînent avec plaisir, le ténor Charles Daniels dominant la distribution grâce à l’air «Jede Woge meiner Wellen» accompagné par un violon solo d’une dextérité sans faille. Retenons aussi l’air «Reis von Habsburgs hohem Stamme», chanté par l’excellent contre-ténor Hiroya Aoki qui incarne le Danube. Alors que la cantate se conclut par un chœur des plus festifs, nous voici propulsés dans la seconde œuvre au programme avec un autre dramma per musica, Preise dein Glücke, gesegnetes Sachsen, qui se caractérise également par une orchestration des plus riches que l’on remarque dès le chœur introductif. Requérant trois solistes vocaux, la cantate (dominé par le superbe air «Freilich trotzt Augustus’ Name») témoigne une nouvelle fois de la direction souple et aérienne de Suzuki, lequel signe là un disque dont les qualités sont évidentes.
Le site de la Fondation J.S. Bach
Le site de Hana Blazíková
Le site de Mojca Erdmann
Le site de Dominik Wörner
Le site de Thomas Hobbs
Le site du Banquet Céleste et de Damien Guillon
Le site du Bach Collegium Japan et de Masaaki Suzuki
Le site du Collegium Vocale de Gand et de Philippe Herreweghe
Sébastien Gauthier
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