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07/29/2017
Felix Mendelssohn : Rondo capriccioso, opus 14
Robert Schumann : Sonate pour piano n° 1, opus 11
Alban Berg : Sonate pour piano, opus 1
Claude Debussy : L’Isle joyeuse
Igor Stravinski : Trois Mouvements de «Pétrouchka»
Francis Poulenc : Trois Pièces, FP 48: 3. Toccata

Shura Cherkassky (piano)
Enregistré en public à Lugano (5 décembre 1963) – 68’11
Ermitage Symphonia ERM 1033 – Notice en anglais, français et italien


 Sélectionné par la rédaction




Ce récital du pianiste Shura Cherkassky (1909-1995), enregistré à l’auditorium de la Radio-Télévision suisse italienne le 5 décembre 1963, avait déjà été édité par Ermitage avec le même texte de présentation. Remastérisé avec une belle couverture cartonnée, il entre dans la collection «Symphonia» du même éditeur aux côtés de nombre d’enregistrements pianistiques légendaires.


S’il fut un outsider parmi les pianistes du siècle dernier, Shura Cherkassky peut prétendre à ce titre. Né ukrainien à Odessa officiellement en 1911 mais en réalité en 1909, rajeuni de deux ans par sa mère qui fut son premier professeur pour mieux valoriser sa virtuosité précoce, il est parti enfant pour l’Amérique. Jusque-là rien d’extraordinaire. Mais là-bas, à 9 ans, il récuse lui-même Rachmaninov comme professeur car ce dernier posait comme préalable qu’il réformât sa technique et atterrit chez Josef Hofmann, autre enfant prodige, avant d’être épisodiquement élève de Godowsky. Sa carrière américaine s’interrompit après la Seconde Guerre mondiale quand le romantisme passa de mode, pour prendre son envol en Europe où il était prisé. Il a joué quasiment jusqu’à sa mort, assez peu en France mais on se rappelle de récitals inoubliables à la Grange de Meslay et au Théâtre des Champs-Elysées.


Sa carrière discographique est restée confidentielle avec des contrats très tardifs chez Nimbus et même Decca. On trouve épars quelques récitals comme celui-ci captés au hasard de ses concerts. Ce récital de Lugano commence par un Rondo capriccioso de Mendelssohn emblématique de l’art du virtuose qu’il était. Rien ne dépasse et l’esprit souffle sur son interprétation d’un goût parfait. La Première Sonate de Schumann est plus discutable, très fiévreuse par accès, sans véritable unité, un peu mécanique par moments, trop empêtrée dans la mise en valeur des voix intérieures (son péché mignon) à d’autres, mais bluffante pour les couleurs qu’il sait trouver pour en exprimer le romantisme juvénile.


La Sonate de Berg, à son répertoire bien avant d’être à la mode, est d’un parfait équilibre entre romantisme tardif et objectivité. C’est certainement le meilleur de ce récital. A L’Isle joyeuse de Debussy, il donne un ton très personnel, emporté, mais sa technique sonore est inimitable. Autre grand moment, les Trois Mouvements de «Pétrouchka» de Stravinski, brillants et si vivants qu’on dirait qu’il joue de l’orchestre, précédant une Toccata de Poulenc plus digitale que spirituelle.


Compte tenu de la maigreur du testament discographique de ce pianiste inimitable et tout à fait singulier, ce récital représente un document précieux et recommandé.


Olivier Brunel

 

 

 

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