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07/16/2017
Serge Rachmaninov : Concerto pour piano n° 2, opus 18 [3]
Serge Prokofiev : Sonate pour piano n° 3 «D’après des cahiers anciens», opus 28 [4]
Tatiana Nikolaïeva : Etudes de concert en mi mineur, si mineur et ut majeur, opus 13 [4]
Dimitri Chostakovitch : Préludes et Fugues, opus 87 n° 1, n° 7 et n° 15 [4]
Johann Sebastian Bach : Fantaisie en ut mineur, BWV 906 [1] – Suite française n° 5, BWV 816 [1] – Fantaisie chromatique et Fugue, BWV 903 [2]

Tatiana Nikolaïeva (piano), Ceská filharmonie, Konstantin Ivanov (direction)
Enregistré à Prague (2 [1], 3 [2] et 4-8 [3] février 1951 et 27 avril 1954 [4]) – 93’13
Album de deux disques Supraphon SU 4216-2

 Sélectionné par la rédaction





Johann Sebastian Bach : Das musikalische Opfer, BWV 1079: Ricercar a 3 – Suite française n° 4, BWV 815
Robert Schumann : Etudes symphoniques, opus 13
Maurice Ravel : Miroirs: 2. «Oiseaux tristes» & 3. «Une barque sur l’océan»
Alexandre Scriabine : Prélude et Nocturne pour la main gauche, opus 9 – Poème tragique, opus 34
Alexandre Borodine : Petite Suite: 1. «Au monastère»
Modeste Moussorgski : Tableaux d’une exposition: 5. «Ballet des poussins dans leurs coques»
Serge Prokofiev : Dix Pièces, opus 12: 7. Prélude

Tatiana Nikolaïeva (piano)
Enregistré en public à Athènes (16 septembre 1989) – 78’56
First Hand Records FHR 46


 Sélectionné par la rédaction





L’immense pianiste, compositrice et pédagogue soviétique Tatiana Nikolaïeva (1924-1993) a fait une tardive carrière occidentale. Il a fallut attendre l’année 1983 pour l’entendre en France au Théâtre du Musée Grévin de Paris. Avant cela, elle jouait parfois en dehors de l’URSS, uniquement dans les pays du bloc soviétique. D’où l’intérêt de la parution de deux enregistrements emblématiques de ces deux périodes, le premier réalisé en studio en 1951 et 1954 à Prague pour Supraphon, le second un récital de 1989 à l’Odéon d’Hérode Atticus d’Athènes.


Le double album Supraphon a été réalisé dans les studios praguois Domovina et Karlín quand la jeune Tatiana était tout juste auréolée du prix Bach remporté en1950 à Leipzig qui a propulsé sa carrière. Il commence par un très beau Deuxième Concerto de Rachmaninov avec l’Orchestre philharmonique tchèque, joué sans excès de romantisme, mais pas aussi sensationnel que ceux de Richter ou Gilels à la même époque. La Troisième Sonate de Prokofiev, jouée avec une ahurissante clarté de rythme, fait le prix de ce disque ainsi que, pour la curiosité, trois des vingt-quatre Etudes de concert composées par la pianiste, pièces tonales d’une grande virtuosité.


Le second disque comporte trois des vingt-quatre Préludes et Fugues de Chostakovitch, dont elle fut la créatrice en 1952. Leur interprétation est magnifique et elle en a gravé l’intégrale à trois reprises. On apprécie dans les fugues une clarté des voix au moins aussi perfectionnée que dans son jeu de L’Art de la fugue. Ce sont les trois pièces de Bach, la Fantaisie en ut mineur, la Fantaisie chromatique et Fugue et surtout la Cinquième Suite française, un modèle d’équilibre entre ses danses, qui font le prix de ce disque. A Leipzig, la presse allemande l’avait surnommée «la reine des fugues» («Königin der Fugen») pour la clarté et l’énergie de son jeu contrapunctique. Ces trois pièces ont ici une spontanée particulière que l’on ne retrouve pas toujours dans son énorme discographie officielle russe Melodiya (plus de cent cinquante enregistrements).


Le récital athénien de 1989 montre la pianiste au sommet de son art. Un copieux récital débutant avec Bach, rien moins que le «Ricercar a 3» de L’Offrande musicale et la Quatrième Suite française, robuste avec une clarté admirable, moins de tendance à mêler romantisme et sévérité comme au début de sa carrière. Un Bach qui coule fluide et serein sous des doigts infaillibles. Les Etudes symphoniques de Schumann (dans la version de 1852, plus une seule variation posthume) sont admirables de romantisme très contenu, jouées avec des couleurs crépusculaires, et nous font revenir en mémoire la formule d’Alain Lompech dans sa nécrologie de la pianiste (in Le Monde du 26 novembre 1993): «Au piano, Tatiana Nikolaïeva était une intelligence en action». Deux Ravel, «Oiseaux tristes» et «Une barque sur l’océan», déparent un peu ce bel ensemble: la pianiste russe n’a manifestement pas intégré l’univers si particulier, les raffinements propres au compositeur français et réduit ces deux merveilleuses miniatures à une exécution raide et squelettique. Mais avec Scriabine, elle revient dans son univers avec le Prélude et Nocturne pour la main gauche et surtout le magistral Poème tragique. Trois bis russes, tous aussi savoureux les uns que les autres, de Borodine, Moussorgski et Prokofiev, bien annoncés au public, ponctuent cette grande soirée athénienne.


Olivier Brunel

 

 

 

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