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05/12/2017
Ivan Fedele : Duals
Maurice Ohana : Etude d’interprétation n° 12
Georges Aperghis : Quatre Pièces fébriles

Andrea Rebaudengo (piano), Simone Beneventi (percussion)
Enregistrement Cavalli Strumenti Musicali (juin 2015) – 58’53
Stradivarius STR 37059 – Notice en italien et en anglais


 Sélectionné par la rédaction





Le piano est un instrument percussif, ainsi qu’un certain XXe siècle s’est ingénié à nous le démontrer. Ses marteaux que, dans la lignée de Chopin, Debussy voulait qu’on oubliât, les jeunes loups Stravinski, Bartók et Prokofiev les ont sollicités dans tout leur fracas percussif. Les trois compositeurs au programme de ce récital pour piano et percussion s’inscrivent en grande partie dans leur sillage.


Duals (2016), cycle de cinq «duels» d’Ivan Fedele (né en 1953), utilise un instrumentarium de percussions composé exclusivement d’instruments en métal. Quant au piano, il voit ses timbres démultipliés en étant, au besoin, préparé. Comme le titre peut le laisser entendre, le compositeur recherche moins la fusion que l’opposition, même si certaines zones se montrent moins conflictuelles que d’autres, telles les scansions des gongs chinois aux allures de processionnal dans la Première pièce, ou les résonances capiteuses du vibraphone dans le nocturne extatique de la Quatrième. Plus frictionnelles, la Deuxième sollicite tremolos et notes répétées quand la Troisième, centre névralgique, joue sur la linéarité en usant du seul instrument à percussion à hauteur indéterminé: la cymbale. Fedele exploite son matériau avec beaucoup d’habilité et de ressenti des sonorités en le coulant dans des moules dont les durées variées et le rôle névralgique ne sont pas sans évoquer certaines œuvres de Messiaen (celui des Vingt Regards et des Visions de l’Amen).


La dimension «étude» que revêtent immanquablement semblables alliages timbriques est pleinement assumée chez Maurice Ohana (1913-1992) à travers sa Douzième Etude d’interprétation (1982). On regrette d’autant plus l’absence de compléments (le minutage aurait permis d’accueillir la Onzième Etude, écrite pour le même effectif) que l’aspect incantatoire, brut, aux inflexions ibérico-mauresques, se communique instantanément à l’auditeur. Ohana «s’amuse» à confier aux percussions des formules typiquement pianistiques (gestes en arpège) et au piano des formules percussives (ostinato).


Les Quatre Pièces fébriles (1995) de Georges Aperghis (né en 1945) jouent des contrastes entre résonances suspendues du piano et figures capricieuses du marimba (I), instaurent une Klangfarbenmelodie à deux instruments (III) ou se plaisent à singer un carillon maniaque et persistant, confiné dans le pianissimo le plus impalpable (II). Comme souvent chez Aperghis, une vocalité – voire une théâtralité – sourd de l’écriture.


Une belle écoute mutuelle ressort à l’écoute du duo Beneventi-Rebaudengo, le premier s’attachant à ne jamais couvrir le second sous son arsenal de percussions. Un disque original, dont on regrette le minutage un peu chiche.


Jérémie Bigorie

 

 

 

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