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04/23/2017
Ralph Vaughan Williams : The Lake in the Mountains – Introduction and Fugue [*] – Fantasia on a Theme by Thomas Tallis (arrangement Vaughan Williams et Maurice Jacobson) [*] – Hymn Tune Prelude on Orlando Gibbons’ ‘Song 13’ – Fantasia on Greensleeves (arrangement Hubert J. Foss) [*] – A Little Piano Book – Suite of Six Short Pieces
Johann Sebastian Bach : Ach bleib’ bei uns, Herr Jesu Christ, BVW 649 (arrangement Ralph Vaughan Williams)

Mark Bebbington, Rebeca Omordia [*] (piano)
Enregistré à Birmingham, Angleterre (30-31 mars 2016) – 70’57
SOMM Recordings SOMM CD0164 – Notice en anglais de Robert Matthew-Walker





Petit à petit, Mark Bebbington explore la musique pour piano avec et sans orchestre de compositeurs britanniques actifs principalement au cours de la première moitié du siècle dernier. Avec la collaboration du label SOMM Recordings, il constitue un précieux ensemble d’œuvres connues et méconnues dont l’exhaustivité par compositeur ne peut qu’attirer l’attention, outre-Manche et ailleurs, de mélomanes qui s’intéressent à cette génération de compositeurs. Après William Alwyn, Arnold Bax, Arthur Bliss, Frank Bridge et John Ireland, parmi d’autres, il consacre son dernier récital à Ralph Vaughan Williams (1872-1958).


Le vaste catalogue de Vaughan Williams contient peu de pages destinées au piano et Bebbington rassemble une quasi-intégrale en un seul programme d’à peine plus d’une heure, seulement grâce à des transcriptions et à trois partitions pour deux pianistes pour lesquelles Rebeca Omordia le rejoint. Directement pour deux pianos, vient la puissante Introduction et Fugue (1945-1946), œuvre peu connue et jamais encore enregistrée bien qu’elle soit la plus développée de toutes les pièces retenues. Le lyrisme fluide, l’ampleur polyphonique, le contrepoint soigné et le raffinement harmonique soulignent l’importance que le compositeur accorde aux époques élisabéthaine et baroque et, si les interprètes se permettent quelques discrets effets de manche, l’œuvre déploie de réelles fulgurances.


La transcription (1928) pour deux pianos de la Fantaisie sur un thème de Thomas Tallis (1910), sans doute destinée dans un premier temps à une diffusion plus large de l’œuvre, révèle l’adresse de l’architecture musicale mais une telle partition ne peut que souffrir d’une réduction tout habile soit-elle. Les deux pianistes jouent sur les résonances pour étoffer les ornements et les glissements de blocs d’accords à la manière des multi-strates d’un orchestre à cordes mais, malgré leur adresse ne peuvent les contrôler comme autant d’instruments. L’arrangement pour piano à quatre mains de la Fantaisie sur Greensleeves (1934), elle-même originellement arrangée par Ralph Greaves à partir d’extraits de l’opéra Sir John in Love, en capte la belle simplicité, bien traduite grâce à la sensibilité des interprètes mais ne peut guère rivaliser avec le subtil déploiement de timbres de la partition d’origine pour flûte, harpe et cordes.


La concision et le charme semblent caractériser toutes les pièces composées directement pour le piano, à commencer par les deux recueils de 1920 et de 1934, respectivement la Suite de six pièces brèves et, en six volets également, un ravissant Petit cahier pour le piano destiné aux pianistes en herbe qui permet de travailler un toucher lié ou perlé tout en instillant avec grâce de solides notions de fugue, de contrepoint et de rythmes contrariés. La Suite est plus connue en tant que Charterhouse Suite, version plus tardive pour cordes, mais la version originale révèle toute la maîtrise et la sensibilité créative de son auteur. Avec une élégance délicate, Mark Bebbington en soigne la vive clarté et la mélancolie née de fluides modulations modales.


Vaughan Williams dédia deux œuvres pour piano seul à la pianiste Harriet Cohen, active pour ses contemporains au concert. Son Prélude de choral sur le «Cantique 13» d’Orlando Gibbonsdate de 1928. Il énonce une seule fois le thème principal du cantique mais il en préserve la douceur sereine et le caractère hymnique dans des traits pianistiques plus personnels. En 1930, il contribua au «Bach Book de Miss Cohen» avec une fine transcription libre du prélude de choral Ach bleib’ bei uns, Herr Jesu Christ, écrite sur trois portées avec contrechant de son cru et étoffée d’accords parallèles typiques de son style.


Pour la pianiste Phyllis Sellick, le compositeur anglais retravailla en 1947 un court passage interprété au piano au cours du film 49th Parallel (1941) dont il avait composé la musique. Intitulé Le Lac dans les montagnes, ce bref joyau aux enchaînements d’accords principalement à la main droite reste bien en adéquation impressionniste avec son titre pastoral, évoquant lumières et reflets jouant sur la surface d’une eau calme à peine ridée par le souffle d’un vent léger, nonobstant quelques modulations que l’on devine prémonitoires.


La prestation de Mark Bebbington et de Rebeca Omordia s’élève en plaidoirie efficace en faveur des rares incursions pianistiques de Ralph Vaughan Williams. Les mélomanes qui s’intéressent au grand symphoniste ou qui sont sensibles aux sonorités modales souvent élisabéthaines qui pénètrent son œuvre ne manqueront pas cette occasion d’explorer ces quelques pages jamais ou si peu souvent enregistrées.


Le site de Mark Bebbington
Le site de Rebeca Omordia


Christine Labroche

 

 

 

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