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04/02/2017
Ludwig van Beethoven : Concerto pour violon en ré majeur, opus 61 [1]
Felix Mendelssohn : Concerto pour violon n° 2 en mi mineur, opus 64 [2]
Johannes Brahms : Concerto pour violon en ré majeur, opus 77 [3]
Jean Sibelius : Concerto pour violon en ré mineur, opus 47 [4]

Erich Röhn [1], Gioconda de Vito [2], Yehudi Menuhin [3], Georg Kulenkampff [4] (violon), Berliner Philharmoniker [1, 4], Orchestra Sinfonica di Torino della RAI [2], Orchester der Festspiele Luzern [3], Wilhelm Furtwängler (direction)
Enregistré en public à Berlin (7-8 février 1943 [4], 12 janvier 1944 [1]), Lucerne (29 et 31 août 1949 [3]) et Turin (11 mars 1952 [2])
Album de deux disques Andromeda ANDRCD 9122





«Furtwängler conducts Brahms (vol. 2)»
Johannes Brahms : Ein deutsches Requiem, opus 45

Elisabeth Schwarzkopf (soprano), Hans Hotter (baryton), Chor und Orchester der Luzerner Festwochen, Wilhelm Furtwängler (direction)
Enregistré en public au festival de Lucerne (20 août 1947) – 78’28
IDIS 6674





Au fil de son immense carrière, Wilhelm Furtwängler (1886-1954) a dirigé un nombre impressionnant de musiciens, notamment de violonistes, comme en témoignent les présents disques qui, à travers certains des plus grands concertos du répertoire, font appel à quatre solistes différents.


Le Concerto pour violon de Beethoven est très connu, pour avoir notamment déjà été publié sous plusieurs étiquettes, qu’il s’agisse de Deutsche Grammophon (dans la collection «Dokumente»), d’Andromeda (dans le cadre d’un vaste coffret d’enregistrements beethovéniens de Furtwängler datant de la Seconde Guerre mondiale), d’Opus Kura ou même de Melodiya (dans un disque l’associant à la Trente-neuvième Symphonie de Mozart, la date du concerto étant erronée puisqu’indiquant le 9 et non le 11 janvier 1944 comme en l’espèce). Si l’on y ajoute notamment les gravures réalisées avec Menuhin à Lucerne (enregistrement de la fin août 1947 publié chez Naxos), à Londres (édité chez EMI avec le Philharmonia) ou à Berlin (Audite), force est de constater que ce concerto a fait partie des pièces concertantes de prédilection de Wilhelm Furtwängler. La version avec Erich Röhn est très bonne en dépit d’une bande dont la qualité est meilleure chez Deutsche Grammophon par exemple. Même si l’ensemble du premier mouvement s’avère parfois un peu raide (à 8’30), l’interprétation se caractérise par une réelle fougue que vient conforter un rubato parfaitement assumé par le grand chef allemand. Si le deuxième mouvement met surtout les qualités de Röhn (quelle finesse dans les aigus!), c’est le troisième mouvement qui déçoit un peu en raison d’un son qui sature assez fréquemment (dans les forte et lors de l’intervention des timbales); pour autant, l’entente entre le soliste et le chef est patente et l’ensemble s’avère des plus convaincants en dépit d’une fin assez abrupte.


Furtwängler a assez peu fréquenté la musique de Mendelssohn puisque, outre quelques ouvertures (celle des Hébrides enregistrée en 1930 avec Berlin et publiée notamment chez Opus Kura et Grammofono ou celle du Songe d’une nuit d’été captée en concert à Lucerne le 30 août 1947, lors du même concert d’ailleurs où fut donné le concerto de Beethoven avec Menuhin, Urania), la présente version est la seule alternative à celle qu’il a enregistrée en 1953 avec Menuhin, encore une fois, restée justement célèbre (EMI). L’entente avec la violoniste italienne Gioconda de Vito (1907-1994) est évidente: le premier mouvement du concerto est très bien mené, en dépit d’un orchestre non dénué de quelques brusqueries. Très lyriques dans l’approche commune qu’ils avaient de l’œuvre, Furt’ et de Vito réussissent particulièrement bien le deuxième mouvement, d’une finesse d’exécution des plus remarquables.


C’est cette entente et cette finesse que l’on retrouve dans le concerto de Brahms avec Yehudi Menuhin, enregistré en concert à Lucerne en 1949, édité à de multiples reprises (EMI, Tahra et Urania notamment). Aidés il est vrai par une bande de très bonne qualité cette fois-ci, chef et soliste distillent un souffle quasi épique: le geste est sûr dans le premier mouvement, Menuhin étant un modèle de musicalité et de technique tout au long de cet Allegro non troppo. L’orchestre est exemplaire (le hautbois au début du deuxième mouvement), conduit d’une main de fer par Furtwängler qui enlève surtout un troisième mouvement d’un panache fou!


Enfin, on n’attendait guère Furtwängler dans le concerto de Sibelius, compositeur qu’il a là aussi assez peu fréquenté. Déjà éditée (chez Russian Compact Disc et Archipel Unicorn), cette version ne s’impose pas au sein d’une discographie abondante et de qualité. Si Georg Kulenkampff (1898-1948) est très bien dans le premier mouvement, avec une vision franchement romantique, le deuxième manque de subtilité dans l’exécution, le Philharmonique de Berlin s’avérant assez pesant et trop présent, créant de fait un net et constant déséquilibre entre le soliste et l’accompagnement. Le mouvement conclusif impressionne néanmoins (en dépit d’une bande qui a tendance à facilement saturer dans les tutti) grâce au soliste, qui mérite sans doute d’être redécouvert: souvenons-nous que sa version du Concerto de Dvorák par exemple demeure une référence incontestable (le Philharmonique de Berlin étant alors dirigé par un certain Eugen Jochum).


Hormis un enregistrement de mauvaise qualité capté lors d’un concert donné à Stockholm le 19 novembre 1948 où les solistes s’appelaient alors Kerstin Lindberg-Torlind et Bernhard Sönnerstedt (Music and Arts), la présente version du Requiem allemand est sauf erreur la seule alternative que l’on connaisse dirigée par Furtwängler. Déjà publié par Dante Records Lys, ce concert a sans doute été un grand moment pour tous ceux qui y assistèrent grâce aux deux solistes et aux forces helvétiques alors en présence: qu’en reste-t-il au disque? Soyons clair. Si l’on veut privilégier le côté positif, on se contentera de dire que voici la nouvelle édition d’un concert déjà disponible qui permettra aux admirateurs du grand chef d’ajouter un opus à leur collection. Si l’on veut être objectif, on dira en revanche qu’une telle publication est tout bonnement honteuse. Outre le fait qu’elle ne bénéficie d’aucun travail éditorial (comme toujours chez IDIS), elle n’a surtout fait l’objet d’aucun travail sur la bande-son, qui est exécrable du début à la fin. Les variations sonores (telles, pour ne prendre que deux exemples, ce presque piano subito dans «Selig sind, die da Leid tragen» à partir de 4’50 ou cette saturation insupportable à 3’15 dans «Denn alles Fleisch, es ist wie Gras») handicapent énormément une interprétation où rien ne peut être sauvé. Certes, dans la deuxième partie («Denn alles Fleisch, es ist wie Gras»), on perçoit la grandeur du souffle et la noblesse du geste mais les conditions de retranscription effacent le moindre aspect positif. Les solistes sont totalement éclipsés par la déplorable qualité de la bande, qu’il s’agisse de Hotter dans la troisième partie («Herr, lehre doch mich»), notamment à 6’35, ou de Schwarzkopf dont on n’entend quasiment pas l’entrée dans «Ihr habt nun Traurigkeit». Si l’on ajoute à cela une justesse souvent approximative du chœur (la faute à la bande?), on tient évidemment là un produit qui fait plus de tort que de bien à Furtwängler: dans le doute, mais c’est d’autant plus scandaleux qu’ici il n’y en avait de toute façon aucun, il serait préférable de s’abstenir! Et bien sûr, pour qui souhaite entendre Elisabeth Schwarzkopf et Hans Hotter dans cette œuvre mais avec une bonne prise de son, on ne peut que conseiller l’immense version viennoise dirigée en studio par Herbert von Karajan du 20 au 29 octobre 1947 (EMI «Références»): c’est quand même autre chose...


Sébastien Gauthier

 

 

 

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