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02/12/2017
«Une nuit américaine»
Steven Stucky : Whispers
Eric Whitacre : Lux Aurumque – Sleep
Aaron Copland : Four Motets
Samuel Barber : Agnus Dei – Reincarnations, opus 16 – 2 Choruses, opus 8: 2. «Let Down the Bars» – 2 Pieces, opus 42: 2. «To be Sung on Water»
Morten Lauridsen : O Magnum Mysterium
Morton Feldman : Christian Wolff in Cambridge
Les Métaboles, Léo Warynski (direction)
Enregistré en la chapelle du lycée Saint Louis, Paris (avril 2016) – 60’43
NoMadMusic 036 – Livret et textes en français et anglais
 Sélectionné par la rédaction
Après un premier album intitulé «Mysterious Nativity», Les Métaboles publie ici un nouvel enregistrement dédié à la musique chorale américaine à cappella des XXe et XXIe siècles. Le programme, intelligemment composé, inclut des pièces d’esprit et d’écriture très différents, mettant bien en valeur les qualités intrinsèques de l’ensemble vocal professionnel fondé en 2010 par Léo Warynski: justesse de l’intonation, homogénéité des pupitres, nuances et polyphonie, le tout au service d’une vision qui possède toujours sens et ligne.
Le Whispers qui débute cet enregistrement est une étonnante pièce de Steven Stucky (1949-2016), décédé en février l’an dernier, et auquel ce disque est d’ailleurs dédié. Mélangeant un quatuor de solistes au chœur et un poème de Walt Whitman au texte de l’Ave verum corpus, elle constitue une belle introduction originale, poétique et émouvante à ce magnifique disque. Le Lux Aurumque d’Eric Whitacre (ne en 1970) baigne lui aussi dans une belle ambiance à laquelle participe le texte d’Edward Esch évoquant la lumière. L’apaisement final lentement progressif est une très grande réussite.
Les Quatre Motets de Copland, composés à Paris auprès de Nadia Boulanger, permettent de découvrir un aspect moins connu de cet auteur qui annonce parfois les œuvres pour chœur de Francis Poulenc. Ici aussi, les chanteurs des Métaboles font preuve d’une très grande qualité, même si comme souvent dans ces ensembles de petite taille, certaines raideurs se font entendre dans les voix aiguës, surtout féminines. La troisième pièce, «Have Mercy on Us, O My Lord», est une véritable merveille d’écriture qui permet aux voix graves d’imposer une belle et juste présence. La dernière pièce, «Sing Ye Praises to Our King», s’éloigne de la tradition française pour retourner aux sources folkloriques de la musique américaine. Le célèbre Agnus Dei de Barber qui suit n’apporte rien de réellement nouveau sur une œuvre qu’on a sans doute trop entendue même si elle est ici superbement réalisée. Le O Magnum Mysterium de Morten Lauridsen (né en 1943), lui aussi beaucoup entendu, réussit mieux à l’ensemble, qui y tisse une belle transparence sans sacrifier ni la polyphonie ni la ligne. De par sa modernité, l’étonnante et périlleuse pièce de Morton Feldman qui suit et qui est dépourvue de texte, fait contraste avec le reste du programme. Constituée d’allers et retours sans objectif perceptible, elle s’apparente à une expérience mais menée avec un vrai propos. Une belle découverte.
Les Réincarnations de Barber qui suivent alternent joie, tristesse, tendresse et amour dans un kaléidoscope musical de belle facture. L’inspiration mélodique et harmonique est ici encore parfaitement rendue jusque dans ses contrastes et ses variations de climats. Les deux autres pièces de Barber, «Let Down the Bars» et «To be Sung on Water», d’esprit très différent, sont plus contemplatives que narratives. Quant au Sleep de Whitacre qui conclut ce disque, il fait incontestablement penser à l’Agnus Dei de Barber, rappelant la parenté, même parfois un peu distendue, de beaucoup de ces musiques chorales américaines.
Un magnifique disque qui ravira les amateurs de chant a cappella au plus haut niveau et les curieux qui souhaitent découvrir des pièces rarement entendues dans notre pays. La réalisation fait honneur à un ensemble vocal professionnel français de haute qualité avec lequel il faudra désormais compter.
Le site de l’ensemble vocal Les Métaboles
Gilles Lesur
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