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02/11/2017
«Pages de jeunesse»
Henri Dutilleux : Sonate pour piano – Sarabande et Cortège pour basson et piano – Sonatine pour flûte et piano – Choral, cadence et fugato pour trombone et piano – Sonate pour hautbois et piano

Vincent Lucas (flûte), Alexandre Gattet (hautbois), Marc Trénel (basson), Daniel Breszynski (trombone), Pascal Godart (piano)
Enregistré au Studio de Meudon (mars-mai 2007) – 58’42
Indésens! INDE 087 (distribué par Codæx) – Notice bilingue de Marie Delcambre-Monpoël et Maxime Joos





A l’occasion du centenaire d’Henri Dutilleux (1916-2013), Indésens! réédite un enregistrement paru en 2007 (INDE 004), à l’identique hormis une petite modification portée à l’ordre des cinq pièces au programme. L’œuvre que Dutilleux reconnut officiellement comme son opus 1, la brillante Sonate pour piano de 1946-1948, se trouve maintenant en première position, ouvrant le programme en apothéose au lieu de le clore. Les quatre compositions qui suivent relèvent toutes de commandes de Claude Delvincourt pour les concours du Conservatoire dont il était alors le directeur. Il souhaitait mettre entre les mains des concurrents des partitions contemporaines. Malgré huit ans d’écart, Sarabande et Cortège (1942) et la Sonate pour flûte et piano (1943) (composées avant la Sonate pour piano), la Sonate pour hautbois et piano (1947) et Choral, cadence et fugato (1950) restent dans une même veine moins librement personnelle. Morceaux de concours, ils répondent aux exigences du genre mais une nette pointe d’originalité alliée à leur charme poétique augmente leurs chances auprès de grands interprètes sensibles à leur attrait musical.


Ajoutée à la qualité de la prestation, l’idée de réunir ces cinq «pages de jeunesse» en un programme unique alors qu’elles font plus souvent partie de programmes plus hétéroclites reste l’atout majeur de cette réédition. Vincent Lucas, Alexandre Gattet et Marc Trénel, premiers solistes à l’Orchestre de Paris, et Daniel Breszynski, premier soliste à l’Orchestre de l’Opéra de Paris, y rejoignent Pascal Godart, interprète de la Sonate pour piano et soutien attentif et efficace des quatre vents solistes. La Sonatine pour flûte et piano annonce clairement l’originalité sonore du grand compositeur à venir. Ravélienne, peut-être, française, sûrement, une transparence aérienne et poétique, et une virtuosité arachnéenne jamais gratuite font de cette pièce une petite merveille de grâce, la complicité entre la flûte (de l’excellent Vincent Lucas) et le piano étant pleinement réussie. Parfois dominante, une partie de piano plus en contraste soutient ici le hautbois de manière peut-être moins heureuse. Plus sombre et plus acidulée, la Sonate met en valeur les qualités sonores de l’instrument sans mettre l’accent sur son expressivité dramatique. Plus rares en duo que la flûte et le hautbois, le basson et le trombone acquièrent un cachet de «grand» soliste grâce à l’écriture de Dutilleux, plus modeste, peut-être, mais tout autant lyrique qu’athlétique. Ils passent avec souplesse du legato à un détaché véloce sur l’étendue de leur tessiture.


La Sonate pour piano, tour à tour ruisselante et percussive, sied bien au toucher net de Pascal Godart. Peut-être légèrement moins rapide que l’excellente version de Geneviève Joy, la dédicataire, son interprétation déferle, alerte, finement contrastée et concentrée à souhait. Il réussit en particulier les mouvements extérieurs, le premier, un Allegro con moto parfois ravélien, à la conclusion rythmée presque comme du jazz. Son tendre Lied central se nimbe de mystère, un souffle prégnant le coupant discrètement de la majesté distanciée du «Choral», prélude aux quatre variations finales, fluides ou dérythmées, douces ou percussives. La tension permanente irrigue avec force l’éblouissant prestissimo qui précède la brève reprise oblique du choral d’ouverture. Rigoureusement structurée et d’un raffinement harmonique instable, l’œuvre est belle, complexe, dense, nouvelle et assez personnelle pour que l’exigeant Dutilleux lui-même en ait été satisfait.


Deux ans plus tard, toujours fidèles à l’esprit des œuvres, les solistes de l’Orchestre de Paris ont enregistré des intégrales de la musique de chambre avec vents de Camille Saint-Saëns et de Francis Poulenc avec tout autant de succès. C’est un ensemble qui mérite l’attention des mélomanes férus de musique française. Les amateurs de Dutilleux seront particulièrement heureux de la programmation comme de la prestation.


Le site de Pascal Godart


Christine Labroche

 

 

 

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