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12/08/2016
Aram Khatchatourian : Concerto pour violon (transcription Jean-Pierre Rampal) [1]
Einojuhani Rautavaara : Concerto pour flûte «Dances with the Winds», opus 69 (version originale pour quatre flûtes et version révisée pour trois flûtes) [2]

Sharon Bezaly (flûte), Orquestra Sinfônica do Estado de São Paulo, Enrique Diemecke (direction) [1], Sinfonia Lahti, Dima Slobodeniouk (direction) [2]
Enregistré à la salle São Paulo (février 2010 [1]) et au Sibelius Hall, Lahti (novembre 2014 [2]) – 79’10
Bis BIS-1849 – Notice en anglais, français et allemand


 Sélectionné par la rédaction





Jean-Pierre Rampal, qui souhaitait commander un concerto pour flûte à Aram Khatchatourian (1903-1978), s’était vu répondre par le compositeur qu’il pouvait transcrire son Concerto pour violon pour la flûte! C’est ce qui fut fait par le grand flûtiste français au prix de quelques adaptations et d’une cadence originale pour le premier mouvement, tout en conservant la partie orchestrale intacte. Et ce sont finalement les deux versions de l’œuvre qui sont passées à la postérité.


Elle débute par un mouvement vif et très virtuose, aux multiples chromatismes, à l’orchestration colorée et qui utilise deux thèmes, l’un rythmique et l’autre plus élégiaque, qui parcourent ensuite toute la pièce. L’étonnant dialogue avec la clarinette au début de la cadence n’est pas le passage le moins intéressant de ce premier mouvement qui cherche parfois son unité, notamment à la fin, moins inspirée et qui tourne un peu en rond. Le deuxième mouvement est sans doute le plus attachant: débutant par un étonnant solo arabisant de basson, puis de clarinette, il se poursuit ensuite par ce qui pourrait s’apparenter à une valse. La flûte reprend ensuite la main grâce à une belle et mélancolique mélodie tout en dialoguant toujours avec les autres vents de l’orchestre. Changement de climat avec l’acmé du mouvement, toute de dramatisme et de tension avant que la flûte ne reprenne la parole et ne conduise l’apaisement jusqu’à l’issue de ce mouvement, qui voit réapparaître le basson et la clarinette, avant la reprise du thème initial qui précède l’apothéose finale. Le troisième mouvement à l’énergie débordante termine dans la joie une œuvre qui, sans être exceptionnelle, s’écoute avec plaisir. Si la virtuosité et l’énergie de Sharon Bezaly sont incontestables, l’Orchestre de São Paulo semble par moment prosaïque et ne possède pas une sonorité d’ensemble très séduisante. Cela n’empêche toutefois pas la musique bien écrite et joyeuse de Khatchatourian de l’emporter.


L’œuvre pour flûte d’Einojuhani Rautavaara (1928-2016) fut composée en 1973 et son sous-titre ajouté en 1996. Composée initialement pour quatre flûtes (piccolo, traditionnelle, alto et basse), le compositeur en donna secondairement, à la demande des flûtistes, une version interprétable avec trois flûtes, la flûte traditionnelle, le piccolo et la flûte alto. Cet enregistrement permet d’entendre successivement ces deux versions, sachant que le deuxième mouvement (Vivace), joué à la flûte piccolo, et le troisième mouvement (Andante moderato), joué à la flûte alto, si chère à Ravel, sont identiques. Composé de quatre mouvements, dont le premier (Andantino), qui débute avec l’instrument soliste, comprend un trémolo ascendant des cordes évoquant Sibelius, cette étonnante pièce fait entendre des arabesques héritées de Debussy et des accords brutaux dissonants dérangeant la mélodie selon la technique de la perturbation chère au compositeur à l’époque. Le deuxième mouvement, d’inspiration folklorique, est un modèle de concision et d’énergie concentrique. Le superbe troisième mouvement dégage une ambiance tendue évoquant par moments Chostakovitch. Quant au quatrième mouvement (Allegro), il débute par une étonnante fanfare et permet dans la première version d’entendre le son toujours étonnant de la flûte basse. Comme dans le Concerto de Khatchatourian, la flûtiste Sharon Bezaly fait preuve d’une virtuosité tout à fait en situation. L’Orchestre symphonique de Lahti, d’un niveau bien supérieur à l’orchestre brésilien, est très à l’aise sous la direction précise et engagée de Dima Slobodeniouk.


Un disque intelligent qui ravira les amateurs de flûte, surtout pour ce magnifique et attachant concerto de Rautavaara, ici disponible dans ses deux versions.


Gilles Lesur

 

 

 

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