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10/21/2016 Isaac Albéniz : Rapsodia espanola, opus 70 (orchestration Georges Enesco) – The Magic Opal (Suite) – Concerto pour piano n° 1 «Concierto fantástisco», opus 78 – Suite espanola (arrangement Rafael Frühbeck de Burgos) Martin Roscoe (piano), BBC Philharmonic, Juanjo Mena (direction)
Enregistré à MediaCityUK, Salford (septembre, novembre et décembre 2015) – 79’42
Chandos Digital CHAN 10897 – Notice en anglais, français et allemand
Must de ConcertoNet
Cet enregistrement de musique espagnole sous la direction du chef d’origine basque Juanjo Mena, directeur depuis 2011 de l’Orchestre philharmonique de la BBC (Manchester), réunit différentes œuvres d’Albéniz, le Premier Concerto pour piano et la Suite de l’opérette L’Opale magique, mais également des œuvres d’Albéniz orchestrées par d’autres.
Ainsi, la Rhapsodie espagnole est ici donnée dans sa version orchestrée par Georges Enesco en 1911: la version originale qui était bien pour orchestre ayant été perdue, l’habitude est donc plutôt de jouer la version pour piano seul. Dans cette orchestration, le piano poétique de Martin Roscoe sert à merveille cette musique si typiquement espagnole et l’instrumentation est un miracle d’équilibre et d’intelligence. Le lyrisme de l’interprétation de Juanjo Mena et de ses musiciens, notamment le magnifique hautbois solo, et le superbe climat créé emportent tout sur leur passage jusqu’à l’entraînant final. Un petit bijou qui débute bien cet enregistrement.
La Suite de L’Opale magique est probablement la partie la moins intéressante de cet enregistrement non pas de par la réalisation, toujours exemplaire, mais de par la valeur musicale probablement moindre. On est plus ici dans l’esprit de la zarzuela mais la science de l’orchestration d’Albéniz apparaît tout de même saisissante, notamment dans le Prélude et le Ballet de l’acte 2.
Le Concerto pour piano dit «Concerto fantastique» sera sans doute pour beaucoup une découverte. Composé de trois mouvements dont un premier allegro ma non troppo plus développé et débutant par un étonnant unisson orchestral, il est beaucoup moins espagnol dans l’esprit que les autres pièces de cet enregistrement, flirtant plutôt du côté de Schumann, voire Liszt. Magnifiquement servi par un Martin Roscoe investi et par la précision et la fougue de Juanjo Mena il bénéfice aussi du professionnalisme de l’Orchestre de la BBC. L’étonnant deuxième mouvement, véritable rêverie évoquant parfois Chopin et se terminant par un scherzo lui aussi surprenant, donne la part belle aux bois de l’orchestre. Le troisième mouvement, qui cite le premier à son début, malgré un certain formalisme conclut avec bonheur une œuvre attachante qui vaut bien d’autres concertos beaucoup plus souvent entendus en concert.
La Suite espagnole qui termine cet enregistrement est également une merveille. Passant de la fête de «Castilla» à la nostalgie de «Granada», du charme de «Sevilla» au feu d’«Asturias», elle se termine par l’énergie d’«Aragon». L’orchestration du grand chef espagnol disparu en 2014 Rafael Frühbeck de Burgos est un modèle du genre, comme l’est l’interprétation puissante, lumineuse et tonique de Juanjo Mena.
Un enregistrement magnifique, d’une musique décidément très attachante et servie ici par des interprètes inspirés. A recommander à tous!
Gilles Lesur
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