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10/09/2016
Wolfgang Amadeus Mozart : Fantaisie en ut mineur, K. 475
Robert Schumann : Fantaisie en ut majeur, opus 17
Frédéric Chopin : Etudes, opus 25
Claude Debussy : Images (Première Série): 1. Reflets dans l’eau
Franz Liszt : Grandes Etudes de Paganini: 3. La campanella (*)
Youri Egorov (piano)
Enregistré en public à Pasadena (12 février 1978 [*] et 3 avril 1980) – 81’44
First Hand Records FHR 44
 Sélectionné par la rédaction
A l’occasion de la parution en 2008 du coffret de sept disques réunissant ses enregistrements EMI, le point a été fait ici sur la discographie de studio du regretté pianiste russe Youri Egorov (1954-1988), rapidement passé dans la légende après sa mort à 33 ans. En dépit de sa courte carrière, sa discographie est relativement abondante grâce à la parution parallèle d’enregistrements réalisés pour des éditeurs néerlandais (Et’cetera, Young Pianist Foundation) et de celle de concerts donnés autant aux Pays-Bas, où il séjournait dans son exil politique, qu’aux Etats-Unis, où il était aussi très apprécié (Carnegie Hall de New York, Pasadena...). C’est précisément dans cette dernière ville de Californie, où il a donné deux récitals en 1978 et 1980 dans le très bel Ambassador Auditorium, qu’a été captée cette nouvelle parution éditée pour la première fois d’un programme relativement classique dans sa carrière de concertiste. Mozart, Schumann, Chopin et Debussy constituent le récital du 3 avril 1980, auquel s’ajoute une piste de bonus enregistrée en 1978, l’étude La campanella de Liszt/Paganini.
Il y a une belle histoire derrière ces deux récitals dans cette petite ville universitaire de Californie située hors des circuits des musiciens professionnels européens. Plus poète que compétiteur, Egorov n’avait jamais réussi à décrocher un premier prix dans les concours internationaux de piano. Quatrième prix à Paris pour le Concours Long-Thibaud en 1971, troisième au Concours Tchaïkovski de 1974, aussi troisième au Concours Reine Elisabeth en 1975 (c’est alors qu’il décida de demander l’asile politique), et en 1977 il ne figura pas même parmi les finalistes du Concours Van Cliburn au Texas. La déception fut tellement forte que le public se cotisa pour lui offrir la récompense de 10 000 dollars. Le fracassant récital à Carnegie Hall qui s’en suivit lança un début de carrière américaine dont sont témoins les deux invitations à Pasadena en 1978 et 1980.
Le second de ces deux récitals, dont l’enregistrement est d’excellente qualité, commence par la Fantaisie en do mineur de Mozart jouée de façon introspective, avec de grands raffinements de couleurs et nuances et un dramatisme bien contrôlé dans sa dernière section. La Fantaisie de Schumann qui suit consolera les acquéreurs du coffret EMI, car elle était curieusement omise dans la réédition du concert de Carnegie Hall de 1978. Prise avec des tempi très confortables, cette œuvre est magnifiquement construite avec des recherches rythmiques très remarquables et toujours une palette de couleurs unique. Dans les Etudes opus 25 de Chopin, Egorov ne sacrifie jamais la musique à la virtuosité, tout comme dans l’étude de Liszt La campanella d’après Paganini qu’il donnait très souvent comme bis et qui est un modèle de sonorité raffinée. Autre bis, «Reflets dans l’eau» des Images (Première Série) de Debussy, œuvre où Egorov excellait dans la clarté, la recherche du son parfait et la musicalité.
La discographie du pianiste comporte un coffret «A Life in Music» publié par l’éditeur néerlandais Et’cetera, qui, avec ses dix disques, est le pendant idéal du coffret EMI. Un véritable trésor qui comporte de la musique de chambre de Schubert, des concertos de Beethoven et Rachmaninov, des sonates pour piano et violon de Brahms, Bartók et Schubert, l’intégralité des Etudes de Chopin, ses merveilleux Moments musicaux de Schubert, Prokofiev, Schumann, tous issus des archives de la Radio néerlandaise ou d’enregistrements de concerts donnés aux Pays-Bas. Ce coffret vient d’être complété par le même éditeur par un double album «Autumn Song» regroupant de telles archives récemment retrouvées (1974-1987) avec des œuvres de Tchaïkovski, Chostakovitch, Bartók, Prokofiev, Scarlatti et Ravel (époustouflants Miroirs).
Les amateurs de raretés pourront chercher aussi des disques épars comme le récital donné à Nohant en 1982, l’enregistrement de ses épreuves dans les archives du Concours Tchaïkovski (Melodiya) et pourquoi pas rêver que sorte un jour par miracle celui du mythique récital donné en 1981 en remplacement de Sviatoslav Richter lors de la première édition du festival de La Roque-d’Anthéron.
Olivier Brunel
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