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10/04/2016
Hector Berlioz : Symphonie fantastique, opus 14, H. 48
Boston Symphony Orchestra, Seiji Ozawa (direction)
Enregistré au Boston Symphony Hall (février 1973) – 47’14
SACD Pentatone PTC 5186 211 – Notice (en anglais, allemand et français) de Franz Steiger





Hector Berlioz : La Damnation de Faust, opus 24
Stuart Burrows (Faust), Edith Mathis (Marguerite), Donald McIntyre (Méphistophélès), Thomas Paul (Brander), Thomas Paul (basse), Judith Dickison (soprano), Tanglewood Festival Chorus, John Oliver (chef de chœur), Boston Boy’s Choir, Theodore Marier (chef de chœur), Boston Symphony Orchestra, Seiji Ozawa (direction)
Enregistré au Boston Symphony Hall (octobre 1973) – 122’10
Album de deux SACD Pentatone PTC 5186 212 – Notice (en anglais, allemand et français) de Franz Steiger





Maurice Ravel : Le Tombeau de Couperin – Menuet antique – Ma mère l’Oye – Valses nobles et sentimentales – Une barque sur l’océan
Boston Symphony Orchestra, Seiji Ozawa (direction)
Enregistré au Boston Symphony Hall (avril et octobre 1974) – 76’22
SACD Pentatone PTC 5186 204 – Notice (en anglais et en allemand) de Franz Steiger





Maurice Ravel : L’Enfant et les Sortilèges [1] – Shéhérazade [2] – Alborada del gracioso [3]
Susan Graham [2] (mezzo-soprano), Isabel Leonard (L’Enfant), Paul Gay (Le Fauteuil, L’Arbre), Yvonne Naef (Maman, La Tasse chinoise, La Libellule), Anna Christy (Le Feu, La Princesse, Le Rossignol), Marie Lenormand (La Chatte, L’Ecureuil), Elliot Madore (L’Horloge comtoise, Le Chat), Jean-Paul Fouchécourt (La Théière, Le Petit Vieillard, La Rainette), Kanae Fujitani (La Bergère, La Chauve-souris), Chœur d’enfants SKF Matsumoto, Reiko Sahara (chef de chœur), Chœur SKF Matsumoto, Masao Nakamura (chef de chœur), Orchestre Saito Kinen, Seiji Ozawa (direction)
Enregistré au Naganoken Matsumoto Bunka Kaikan (4 et 7 septembre 2009 [2 et 3]) et au Performing Arts Centre de Matsumoto (23 et 31 août 2014 [1]) – 69’09
Decca 00289 478 6760 – Notice (en anglais, français et allemand) de Marcel Marnat





En 1969, l’Orchestre symphonique de Boston rompt son contrat d’enregistrement avec la firme RCA et offre ainsi une occasion inespérée pour l’allemand Deutsche Grammophon de mettre la main sur un des plus prestigieux orchestres américains. Et si certaines gravures ne se font guère attendre (citons dès 1970 et 1971 les rares Three Places in New England de Charles Ives, Sun-Treader de Carl Ruggles ou la Deuxième Symphonie de Walter Piston, trois enregistrements réalisés sous la baguette du tout jeune Michael Tilson Thomas!), c’est bien sûr sous la direction de Seiji Ozawa, treizième directeur musical de l’orchestre à partir de 1973, que le mouvement s’accélère.


Si le chef japonais avait déjà réalisé avec lui quelques enregistrements dont un disque consacré à Stravinsky (la Suite de L’Oiseau de feu et Pétrouchka chez RCA), la Symphonie fantastique est un jalon essentiel à au moins deux égards. Premier disque d’Ozawa pour la petite étiquette jaune et premier véritable enregistrement scellant une union qui allait durer près de trente ans, cette gravure a tout de suite été saluée par la critique. Point de grand changement de tempo par rapport au premier enregistrement par Ozawa de l’œuvre de Berlioz (46’07 dans la version gravée pour RCA à la tête de l’Orchestre symphonique de Toronto au début de mois de décembre 1966) mais encore plus de liberté gagnée dans l’approche... Inutile de rappeler ici l’excellence de l’orchestre de Boston (les cordes, les cuivres, le hautbois dans les «Rêveries - Passions» ou le cor anglais dans la «Scène aux champs») qui suit un Ozawa des plus inspirés. Même si «Un bal» pourrait être un brin plus rapide vers la fin comme on a eu la chance de l’entendre en concert, chaque note fait ici pleinement ressortir la finesse de la partition et le tournis conclusif est bel et bien présent. Quant au «Songe d’une nuit du sabbat», il fait déferler sur l’auditeur toute la folie berliozienne dont on sort véritablement sonné: une très grande version de la Symphonie fantastique qui n’a pas pris une ride.


Autre enregistrement important, celui de La Damnation de Faust que le chef japonais a eu l’occasion de diriger à maintes reprises, notamment à Paris voilà près de quinze ans. Une fois encore, la dextérité des pupitres de l’Orchestre symphonique de Boston est admirable: dès l’air inaugural «Le vieil hiver a fait place au printemps», les cordes font montre d’un soyeux dont elles ne se départiront jamais au fil de l’œuvre. Les vents sont également à leur sommet, qu’il s’agisse des bois (les clarinettes et les bassons dans le «Chœur des soldats») ou des cuivres (évidemment, la fameuse «Marche hongroise» qui conclut la troisième scène de la première partie mais aussi dans l’air «O pure émotion!» à la scène 5): toute la science dont était capable Berlioz éclate au grand jour! Fréquemment sollicités, les chœurs sont excellents (la «Ronde des paysans», le chœur des buveurs ou celui des soldats) même si les ténors sont un peu faux lorsqu’ils déclament l’«Amen» de la scène 6. Les solistes sont assez bons en dépit d’une prononciation de la langue française qui pourrait parfois être meilleure, notamment en ce qui concerne le personnage de Faust pourtant bien incarné par Stuart Burrows. Si Edith Mathis illustre parfaitement la pureté du personnage de Marguerite (comment passer sous silence «D’amour l’ardente flamme»?), c’est surtout celui de Méphistophélès qui mérite d’être salué, Donald McIntyre usant de son accent canaille pour faire frissonner l’auditeur. Une très belle version là aussi donc, surtout du point de vue orchestral où Ozawa règne en maître tant dans l’art des transitions que des clairs-obscurs d’une partition foisonnante.


Le disque consacré à des œuvres orchestrales de Ravel est issu d’une anthologie jadis parue chez Deutsche Grammophon, puis en partie chez le même éditeur dans la collection «Double», qui reprend quelques-unes des œuvres issues de cinq disques réalisés au cour4s des années 1974 et 1975, le premier comprenant alors le Boléro, La Valse et la Rapsodie espagnole. Ces gravures n’ont guère pris de rides non plus et peuvent sans grande difficulté faire office de références tant elles sont pleines d’esprit et de fluidité comme le requiert cette musique. On passe ainsi tour à tour de la dextérité des vents dans le «Menuet» du Tombeau de Couperin à l’incroyable élan du pourtant noté «Moins vif» des Valses nobles et sentimentales. Pour avoir là encore vu Ozawa diriger cette musique en concert, on ne peut qu’être frappé par la compréhension immédiate qu’il manifestait dès les années 1970 à l’égard de ce répertoire, jouant tantôt sur la vigueur du trait, tantôt sur l’ampleur de l’orchestre, veillant à chaque instant à ciseler la moindre mélodie sans pour autant perdre de vue l’architecture générale.


C’est justement cette intimité nouée par le chef nippon à l’égard de la musique de Ravel qui nous semble faire défaut dans cette version prise sur le vif de L’Enfant et les Sortilèges même si le présent enregistrement a remporté à Los Angeles le Grammy Award du meilleur enregistrement d’opéra en février dernier. En raison peut-être de la santé encore fragile du maestro, on n’est guère emporté même si l’orchestre est excellent (passant des accents jazzy du passage «Keng-ça-fou, Mah-jong» à l’orientalisme de «Adieu, pastourelles!») grâce notamment à ses solistes – quel basson dans «Il a pansé la plaie»! – et à un souffle qui est bel et bien présent. C’est surtout le plateau vocal qui déçoit et qui n’a pas la verve des meilleures versions, la prononciation de la langue française s’avérant au surplus compliquée pour un certain nombre de solistes. Marie Lenormand et Elliot Madore nous offrent un excellent duo de miaulements tandis qu’Isabel Leonard campe un Enfant des plus capricieux et, finalement, des plus attachants. En revanche, Yvonne Naef et Jean-Paul Fouchécourt nous semblent en plus d’une occasion assez artificiels, ne prenant pas leurs marques dans la théâtralité voulue par le tandem Ravel-Colette. Une version en demi-teinte donc, contrairement au principal complément: Susan Graham nous offre une interprétation de Shéhérazade des plus sensuelles, servie cette fois-ci par une maîtrise de la langue (notamment dans «Asie», où les mots sont parfois susurrés de façon presque troublante) et des mots sublimés par une musique où Ozawa fait ici véritablement figure d’orfèvre. Un enregistrement sans nul doute à ranger à «S» plutôt qu’à «E»...


Le site de Susan Graham
Le site de Stuart Burrows
Le site d’Isabel Leonard
Le site de Paul Gay
Le site d’Anna Christy
Le site de Marie Lenormand
Le site d’Elliot Madore
Le site de Jean-Paul Fouchécourt
Le site de l’Orchestre symphonique de Boston
Le site de l’Orchestre Saito Kinen


Sébastien Gauthier

 

 

 

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