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08/21/2016
Miroslav Srnka : Pouhou vinou – Engrams – Tree of Heaven – Prostý prostor/Simple Space
Quatuor Diotima: Yun-Peng Zhao, Constance Ronzatti (violon), Franck Chevalier (alto), Pierre Morlet (violoncelle) – Wilhem Latchoumia (piano)
Enregistré à la WDR Funkhaus, Cologne (septembre 2015) – 67’54
Naïve V 5433 – Notice (en français, anglais et allemand) de Miroslav Srnka





Le Quatuor Diotima lance son nouveau projet de portraits monographiques de compositeurs contemporains par celui de Miroslav Srnka (né en 1975). La collection se poursuivra avec le portrait de Gérard Pesson, actuellement en préparation, toujours avec la collaboration de la WDR. Le «portrait» de Srnka s’appuie sur la musique de chambre en duo, trio, quatuor et quintette avec le concours du pianiste Wilhem Latchoumia, concertiste et chambriste rompu comme les Diotima non seulement au grand répertoire mais à la musique de notre temps.


Avant de se consacrer entièrement à la composition, Srnka travailla sur l’édition critique intégrale des œuvres de Dvorák, de Janácek et de Martinů et, en toute logique, son premier contact avec les Diotima fut pour travailler avec eux à la préparation de l’enregistrement du Second Quatuor «Lettres intimes» de Janácek. Par la suite, le répertoire des Diotima s’est tout naturellement enrichi de ses œuvres et, en 2011, ils ont eu le plaisir de créer Engrams pour le Printemps des Arts de Monte-Carlo. Srnka a fait ses études à Prague, à Berlin et à Paris, notamment à l’IRCAM où il suivit l’enseignement d’Ivan Fedele et de Philippe Manoury. Depuis, le nombre de ses commanditaires et interprètes, souvent prestigieux, est en constante augmentation à l’échelle européenne. L’accueil favorable réservé à son opéra South Pole, porté par Kirill Petrenko, Rolando Villazón et Thomas Hampson en début d’année à l’Opéra d’Etat de Bavière (Munich), a attiré l’attention sur le jeune compositeur tchèque au-delà des sphères de la musique contemporaine.


La musique de Srnka est à la fois saisissante et, dans un sens, insaisissable. Pour paraphraser Baudelaire, les élans, les couleurs et les sons inventifs se répondent dans une continuité sonore pourtant fragmentée qui n’exclut ni les frottements harmoniques, ni les larges intervalles, ni la mobilisation des registres extrêmes. La structure pluridimensionnelle des textures et la complexité heureuse du trait, du détail et du relief instrumental apportent une grande richesse créative à chaque composition. Le traitement du seul violoncelle de Simple Space (2006) en est un exemple probant, tant le foisonnement de timbres et de sons est important. Le piano structure la pièce. Il n’intervient que sept fois, faisant sonner – au rythme d’un seul accord à chaque intervention – le thème de Dieu des Vingt Regards sur l’Enfant-Jésus de Messiaen. Chaque accord devient un motif diffracté repris au violoncelle qui l’irise «par une série de transpositions chromatiques ascendantes». L’irisation poussée jusqu’au huitième de ton est une technique fondatrice qui enrichit harmoniquement les trois autres œuvres au programme nonobstant des effets toujours différents.


Tree of Heaven (2010) pour trio à cordes équilibre les interventions des trois instruments, à un seul, à deux ou à trois, dans un flux sonore fusant et vital qui, heurté ou lisse, trouve ses nombreuses articulations à la limite du silence, s’évanouissant dans l’aigu ou sombrant dans le grave. Les traits attaca, tremolando, glissés, lyriques ou interrogateurs se ramifient dans un contrepoint microtonal enchevêtré à la verticale. La structure s’inspire de l’arbre. Pour Engrams, la structure est celle des trois dimensions élastiques des nuées d’étourneaux qui tournoient dans le ciel, chaque oiseau indépendant malgré l’atavisme du mouvement collectif. Emaillées de criaillements qui s’intensifient, les courbes polyphoniques fusent ou se brisent dans une grande variété d’archet produisant jusqu’à une saturation du son.


La structure de Pouhou vinou (2008) semble se partager entre houle, ruissellement, vague et écume. Le titre est une citation de Rusalka. La petite sirène se déclare «rien qu’une vague», son monde surnaturel s’opposant à l’humain. Malgré des rencontres, les deux mondes de Pouhou vinou, le piano et les cordes, s’opposent par leurs sonorités et par leur caractère rythmique dominants, le piano ruisselant, fluide et cristallin, les cordes plus rugueuses, piquantes, vives, rapides et heurtées. Les textures fluctuantes sont de nouveau à strates complexes, foisonnant de détails à la verticale et en perpétuelle métamorphose harmonique et gestuelle à l’horizontale. Leur phrasé subtil, leur cohésion grande, les cinq musiciens soignent les traits, les mouvements, la densité et les couleurs avec beaucoup de musicalité.


C’est un portrait réussi. Les Diotima relèvent avec brio le défi d’une diversité sonore créative, techniquement athlétique et musicalement tout à fait engageante.


Le site de Miroslav Srnka
Le site du Quatuor Diotima
Le site de Wilhem Latchoumia


Christine Labroche

 

 

 

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