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04/15/2016
Serge Prokofiev : Concerto pour piano n° 2, opus 16
Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Concerto pour piano n° 1, opus 23

Beatrice Rana (piano), Orchestra dell’Accademia Nazionale di Santa Cecilia, Antonio Pappano (direction)
Enregistré à la Sala Santa Cecilia, Auditorium Parco della Musica, Roma (13-17 juillet 2015) – 67’05
Warner Classics 082564600909 – Notice en français, allemand et anglais





Kirill Gerstein (piano), Deutsches Symphonie-Orchester Berlin, James Gaffigan (direction)
Enregistré à la Funkhaus Berlin, Nalepastrasse, Saal 1 (juin 2014) – 65’18
Myrios Classics MYR016





Retenant le même programme mais pas les mêmes options interprétatives, ces deux nouveautés pianistiques associent le Deuxième Concerto (1913-1923) de Serge Prokofiev (1891-1953) au Premier Concerto (1875) de Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893).


Beatrice Rana (née en 1993) se voit offrir le luxe d’un enregistrement Warner. Le signe d’une évidente «montée en gamme» dans la carrière de la pianiste italienne. On mesure, en effet, le chemin accompli depuis son récital de 2012 à La Roque d’Anthéron, où la maturité faisait encore défaut. L’artiste reste évidemment jeune, mais le geste est hautement convaincant.


Notamment dans le Concerto en sol mineur de Prokofiev, où dominer techniquement le premier mouvement est en soi un exploit. D’autant plus quand cette maîtrise technique se double d’une vraie compréhension des ressorts mécanistes de la partition. Si le Scherzo se fait bondissant et très badin d’esprit sous les doigts de Beatrice Rana, l’Intermezzo (qui reste peut-être le moment le plus difficile à aborder dans l’œuvre) est découpé menu jusqu’à malheureusement perdre beaucoup de saveur. Le Finale s’inscrit dans la même veine que le deuxième mouvement, la pianiste n’exagérant pas le dramatisme de la partition, le chef mettant le feu aux portées musicales. Dommage qu’il tende trop les dynamiques par instants. Il faut dire qu’Antonio Pappano pousse l’Académie Sainte-Cécile à jouer en technicolor, lâchant la bride pour faire sonner le fond d’orchestre comme s’il interprétait du Scriabine. On reste en-dessous du choc émotionnel et de l’évidence stylistique des deux versions de Vladimir Krainev – l’un des grands maîtres du Prokofiev concertant –, mais l’on se situe dans le haut du panier de la discographie.


Un demi-ton en dessous, le Concerto en si bémol mineur de Tchaïkovski repose sur un bel équilibre de subtilité et de nerf. Quels poignets solides dans les accords martelés du premier mouvement! On déplore toutefois quelques moments creux et des passages qui tournent à vide – directement liés à l’accentuation des contrastes de nuances (notamment côté orchestral), qui n’aident pas toujours... On regrette également quelques coquetteries dans les ralentis de la baguette et pas mal de mièvrerie (dans le deuxième mouvement surtout – y compris au clavier). Mais le résultat d’ensemble est tout à fait honnête, dégageant un sentiment général d’urgence plutôt captivant et bienvenu.


Vainqueur du Concours Arthur Rubinstein de Tel Aviv en 2001, Kirill Gerstein (né en 1979) propose le même couplage mais avec le Deutsches Symphonie-Orchester. L’originalité du disque réside dans le Premier Concerto de Tchaïkovski, exécuté à partir de la version de 1879 sur le fondement des indications portées par le compositeur lui-même lors de son dernier concert (dans la partition annotée). Les choix retenus privilégient la légèreté: des arpèges plus délicats, des contrastes de nuances atténués, un esprit général moins «char d’assaut», bref la perspective change jusqu’à tirer l’œuvre vers une partition chambriste et aplatir les perspectives. Si le mouvement central y gagne en grâce, les mouvements extrêmes apparaissent plus plats et plus laborieux. Rien de nouveau sous le soleil tchaïkovskien, en somme.


Une version poussive du Deuxième Concerto de Prokofiev complète l’album, avec un clavier par moments hésitant, voire maniéré, dans certains passages du premier mouvement comme dans l’articulation des deux derniers. Un accompagnement orchestral plutôt étrange n’arrange pas les choses, la baguette de James Gaffigan surajoutant des inflexions et des intentions à une partition qui ne demande qu’à être interprétée ainsi que le compositeur l’a pensée. Les protagonistes optent pour des tempos plus sages que dans la version Rana (avec un Scherzo presque trop lent), sans qu’on y gagne en lisibilité dans l’élocution. Mauvaise pioche.


Le site de Beatrice Rana
Le site de Kirill Gerstein


Gilles d’Heyres

 

 

 

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