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04/03/2016
«Karajan Spectacular, volume 4»
Johannes Brahms : Symphonie n° 1 en ut mineur, opus 68 [1] – Ouverture tragique, opus 81 [2] – Variations sur un thème de Haydn, opus 56a [3]

Wiener Philharmoniker [1, 2], Philharmonia Orchestra [3], Herbert von Karajan (direction)
Lieux d’enregistrement non précisés (1957 [3], mars 1959 [1] et 1961 [2]) – 77’13
IDIS 6704 – Pas de notice





Wolfgang Amadeus Mozart : Requiem en ré mineur, KV 626 [1] – Don Giovanni, K. 527: Ouverture, «Or sai chi l’onore», «Crudele?... Ah no, mio ben!» & «Non mi dir, bell’idol mio» [2]
Leontyne Price (soprano), Hilde Rössel-Majdan (alto), Fritz Wunderlich (ténor), Eberhard Waechter (basse), Franz Sauer (orgue), Wiener Philharmoniker, Herbert von Karajan (direction)
Enregistré en public au Grosses Festspielhaus, Salzbourg (26 juillet [2] et 24 août [1] 1960) – 70’58
Archipel ARPCD 0511 – Pas de notice





Giuseppe Verdi : Messa da Requiem
Leontyne Price (soprano), Fiorenza Cossotto (alto), Carlo Bergonzi (ténor), Nicola Zaccaria (basse), Coro del Teatro alla Scala, Roberto Benaglio (chef de chœur), Orchestra del Teatro alla Scala, Herbert von Karajan (direction)
Enregistré en public à Moscou (25 septembre 1964) – 79’09
Relief CR 8004 – Notice en allemand et en anglais





Dans la discographie de Karajan, la Première Symphonie de Brahms fait figure de jalon majeur, depuis la gravure ancienne (septembre 1943) donnée à la tête du Concertgebouw d’Amsterdam (Deutsche Grammophon, deuxième volume de la collection «Herbert von Karajan - The First Recordings») jusqu’aux tardifs témoignages captés à la tête du Philharmonique de Berlin lors de concerts donnés le 5 mai 1988 au Suntory Hall de Tokyo (Deutsche Grammophon Import Japon) et le 5 octobre 1988 pour un formidable concert crépusculaire donné cette fois-ci au Royal Albert Hall de Londres (Testament). La présente version n’est en rien un témoignage inédit: on connaît en effet depuis longtemps cette Première de Brahms puisqu’il s’agit de la célèbre gravure viennoise réalisée en mars 1959 et qui a depuis longtemps fait les beaux jours de la firme Decca. Plus aboutie que dans les précédents enregistrements réalisés par Karajan (1943 donc, et en juillet 1952 à la tête du Philharmonia), elle impressionne toujours par une perfection orchestrale qui se double d’un climat tourmenté incroyable – le premier mouvement! L’orchestre est idéal – l’entrée du hautbois dans le deuxième mouvement à 1’10 mais aussi les cors dans le quatrième... – et répond en un clin d’œil aux indications du chef, qui allie à la perfection netteté des traits et un sens recherché du rubato. Délivrée de tout narcissisme, cette version continue d’emporter l’auditeur grâce à un souffle qui jamais ne retombe et qui se pare de toutes les couleurs possibles et imaginables. Autre pièce maintes fois enregistrée par le grand chef autrichien, l’Ouverture tragique, gravée ici en 1961 dans la Sofiensaal, bénéficie également des charmes envoûtants d’un Philharmonique de Vienne des grands jours mais l’élan n’est pas toujours là: la fin notamment aurait pu être prise de façon plus conquérante comme il le fit par exemple dans son ultime enregistrement de l’œuvre en février 1983 (Deutsche Grammophon). Changement d’orchestre pour les Variations sur un thème de Haydn enregistrées non en 1955 comme indiqué sur la jaquette mais, comparaison de minutages aidant et sauf erreur, en 1957 (cette version ayant été notamment reprise dans un coffret édité chez Warner intitulé «Karajan, German Romantic Music: 1951-1960»). Karajan insuffle une vie pleine de légèreté à cette œuvre empreinte à la fois de grandeur et de simplicité, les timbres témoignant des qualités musicales du Philharmonia de l’époque. Pour autant, cette version, comme les autres morceaux présentés sur ce disque, bénéficient de reports tout aussi bons chez d’autres éditeurs ainsi que de notices plus détaillées et plus exactes: de fait, même pour les admirateurs du maître, à quoi bon cette acquisition?


C’est également la question que l’on peut se poser, sur le strict plan musical, à l’écoute d’un concert donné à Salzbourg le 24 août 1960 à l’occasion duquel Karajan dirigea le Requiem de Mozart. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, cette œuvre emblématique d’un compositeur qui ne l’est pas moins n’a pas été tant jouée que cela au festival de Salzbourg même si l’on en trouve une première trace le 24 août 1939 sous la baguette de Meinhard von Zallinger (1897-1990). Quant à Karajan, sauf erreur, c’est là l’unique fois qu’il dirigea le Requiem dans le cadre d’un concert donné au festival d’été, quand la seconde partie du concert était consacrée au Te Deum de Bruckner (l’intégralité de la représentation étant disponible dans le cadre d’un coffret Karajan/Wunderlich édité chez Membran). Bénéficier de ce témoignage n’est donc qu’une petite opportunité puisque la gravure n’est pas inédite; signalons également que ce concert a été jadis édité chez EMI et que si la basse mentionnée était Walter Berry, c’était à tort, le concert étant sans aucun doute le même. Quant à l’intérêt musical, il est mitigé dans la mesure où, certes, l’interprétation est globalement bonne mais ne nous emporte pas et souffre de plusieurs imperfections. Les timbales sont beaucoup trop proches des micros dans le Dies irae, les solistes sont peu convaincants dans le Tuba mirum (une basse trop ostentatoire, presque romantique, une mezzo qui hoquette plus qu’elle ne chante), le Lacrymosa souffre dune grandiloquence et d’une lourdeur assez rédhibitoires, le Domine Jesu est poussif... Bref, on ne peut pas dire que cette version rende justice aux affinités que Karajan entretenait avec Mozart. En complément, trois extraits de la célébrissime version salzbourgeoise, elle aussi, de Don Giovanni dirigée par le maître autrichien: accompagnée par une Philharmonie de Vienne incandescente, Leontyne Price incarne une Donna Anna idéale de fragilité et de rage quand il le faut. Là encore, un disque à acquérir pour les inconditionnels du grand chef mais, s’ils le sont vraiment, ils ont au moins déjà l’intégrale de l’opéra dans leur discothèque...


Avouons-le: on avait totalement oublié cette version du Requiem de Verdi enregistrée en concert lors d’une tournée des forces de La Scala à Moscou au début de l’automne 1964 sous la double direction de Gianandrea Gavazzeni et de Herbert von Karajan, ce dernier n’ayant dirigé que deux concerts avec un premier consacré à La Bohème (Mirella Freni et Gianni Raimondi étaient de la partie) et un second dévolu au Requiem de Verdi. Il convient de noter que si un doute existe quant au lieu d’enregistrement (le Théâtre du Bolchoï ou le Conservatoire de Moscou comme pourrait en attester une photographie d’ensemble du plateau), la date en revanche ne fait aucun doute et c’est bien un concert du 25 septembre dont il s’agit, et non du 25 octobre comme noté sur la jaquette du présent disque. Précisons en outre que cette représentation, éditée aujourd’hui comme un hommage «à la mémoire de Carlo Bergonzi» décédé le 25 juillet 2014, n’est pas une véritable découverte puisque ce concert a déjà été publié (chez Melodiya d’abord, puis chez Foyer ensuite) et, confessons-le là aussi, pour qui cherche un live du Requiem de Verdi par Karajan, on conseillerait plutôt d’emblée le concert donné à Salzbourg avec Vienne dans le cadre enchanteur du Manège des Rochers en août 1958 (chez EMI dans la collection «Festspieldokumente») ou celui dirigé au festival à l’été 1962 (récemment réédité chez Testament) quand, pour les amateurs de versions véritablement historiques, on n’irait pas recommander la gravure également donnée au festival de Salzbourg mais cette fois-ci en août 1949 avec notamment Hilde Zadek (soprano) et Boris Christoff (basse), là encore avec les Wiener Philharmoniker (Urania).


Or, à la faveur de cette réécoute, quelle surprise: car on tient là un Requiem captivant qui, s’il souffre d’une prise de son qui fait la part belle à quelques bruits de salle au début, nous tient en haleine de la première à la dernière note. Le quatuor de solistes tout d’abord réunit quatre voix d’un niveau incroyable (Bergonzi dans l’Ingemisco, Price dans le Libera me, les quatre dans l’Agnus Dei): entendre cela aujourd’hui nous renverserait... L’orchestre est également très bon, galvanisé par le chef comme en ce début de Dies irae ou dans le Tuba mirum, même si les attaques des trompettes ne sont pas toujours de la plus grande justesse. Les violoncelles sont également d’une stupéfiante beauté dans l’accompagnement de la basse dans le Confutatis et, de manière générale, on perçoit sans aucune difficulté la formidable énergie qui innerve l’orchestre durant ce concert. Bénéficiant également de très bons chœurs, Karajan livre donc là une version importante du Requiem de Verdi qui mérite amplement qu’on la redécouvre d’urgence.


Sébastien Gauthier

 

 

 

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