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04/02/2016
«Arie per la Cuzzoni»
Georg Friedrich Händel : Scipione, HWV20 : Ouverture, Marche, «Scoglio d’immota fronde» & Sinfonia – Giulio Cesare in Egitto, HWV 17: Récitatif «Che sento? Oh Dio» et air «Se pietà di me non senti» – Ottone, Re di Germania, HWV 15: Concerto & Récitatif «E tale Otton?» et air «Falsa imagine» – Rodelinda, Regina de’ Langobardi, HWV 19: «Ombre, piante, urne funeste!» & «Se’l mio duol non è si forte» – Siroe, Re di Persia, HWV 24: Récitatif «Non credo che sian finti» et air «Or mi perdo di speranza» – Tamerlano, HWV 18: «Non è più tempo» – Tolomeo, Re di Egitto, HWV 25: Ouverture & «Torni omai la pace all’alma» – Admeto, Re di Tessaglia, HWV 22: Ballo di Larve, Sinfonia & Sinfonia – Alessandro, HWV 21: «Nò, più soffrir non voglio»

Hasnaa Bennani (soprano), Les Muffatti, Peter Van Heyghen (direction)
Enregistré au Begijnhofkerk de Sint-Truiden (février 2015) – 69’27
Ramée RAM 1501 (distribué par Outhere) – Notice (en anglais, allemand et français) de Peter Wollny et traduction des textes chantés





Comme le rapporte Jonathan Keates dans sa biographie (Georg Friedrich Haendel, Fayard, février 1995), l’homme politique et esthète Horace Walpole est sans doute celui qui a le mieux décrit Francesca Cuzzoni (1696-1778): «Elle était petite et courtaude. [Elle avait] un visage empâté et ingrat, mais un joli teint; elle n’était pas bonne actrice, s’habillait mal et était sotte et capricieuse» (page 127). Heureusement qu’elle avait une belle voix, pourrait-on ajouter! Car le fait est que la Cuzzoni comme on la surnommait alors fut à son époque l’une des plus célèbres voix d’Europe, à laquelle on opposa longtemps sa grande rivale Faustina Bordoni (1697-1781), les deux cantatrices ayant eu maintes fois l’occasion de se crêper le chignon sur scène mais aussi de chanter ensemble pour la plus grande gloire des scènes londoniennes notamment.


C’est en vue de la présentation de la Cuzzoni au public londonien que Händel composa en janvier 1723 Ottone (elle créa alors le rôle de Teofane), la collaboration certes orageuse entre le génial compositeur et sa non moins inspirée interprète ayant en fin de compte duré seulement quelques années (jusqu’en 1728 avec Tolomeo), La Cuzzoni ayant eu l’occasion dans l’intervalle de créer des rôles aussi emblématiques que celui de Cléopâtre dans Giulio Cesare et celui de Rodelinda dans l’opéra homonyme.


Le présent disque se veut donc un hommage à la grande cantatrice, au travers d’extraits vocaux et orchestraux de divers opéras auxquels elle a participé. L’ensemble Les Muffatti s’avère très bon tout au long de ce disque varié. Dès l’Ouverture de Scipione, jouée avec esprit et une belle pulsation, l’orchestre fait valoir de très beaux timbres (les cors dans la «Marche» du même opéra, les hautbois dans le «Concerto» tiré d’Ottone) et une vigueur (le dynamisme des cordes dans l’Ouverture de Tolomeo, Re di Egitto) qui participent pleinement à l’écoute extrêmement agréable de ce disque. Bien qu’ayant exploré d’autres répertoires comme Cendrillon de Pauline Viardot, la jeune chanteuse franco-marocaine Hasnaa Bennani commence surtout à se faire connaître grâce au répertoire baroque, ayant chanté aussi bien Rameau (Castor et Pollux ou Zaïs) que Lully (ainsi dans Armide), sans oublier Couperin et Clérambault. Nul doute qu’elle a une très belle voix mais sa prestation s’avère assez mitigée en raison d’une certaine uniformité dans l’émission et dans l’interprétation. Si elle séduit immédiatement et convainc plutôt dans les airs qui requièrent avant tout une certaine agilité vocale («Scoglio d’immota fronde» tiré de Scipione), elle manque en revanche de maturité, pourrait-on dire, en tout cas d’engagement dans les rôles où le drame prend le dessus. Ainsi, l’air de Cléopâtre «Se pietà di me non senti» n’est pas assez poignant tandis que celui issu d’Alessandro manque singulièrement de véhémence, ce qui est d’autant plus dommage que l’orchestre, lui, est plutôt au diapason du climat souhaité. De même, on attendait davantage de chair dans l’air «Falsa imagine» (Ottone) qui, ici, s’avère assez lisse.


Un essai moyennement convaincant donc mais Hasnaa Bennani est encore à l’aube de sa carrière: nul doute qu’avec le temps, elle possèdera pleinement ces rôles exigeants, pour notre plus grand bonheur.


Le site de Hasnaa Bennani
Le site de l’ensemble Les Muffatti


Sébastien Gauthier

 

 

 

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