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02/15/2016
Anton Bruckner : Messe n° 1 en ré mineur (1892) [1] – Ouverture en sol mineur [2] – Symphonies n° 1 en ut mineur (version de 1891, Doblinger) [3], n° 3 en ré mineur (version de 1890, Raettig) [4], n° 6 en la majeur (Doblinger) et n° 9 en ré mineur (révision Löwe de 1903, Doblinger) [6]
Wiener Rundfunkchor, Wiener Symphoniker, F. Charles Adler (direction)
Enregistré à Vienne (17 février 1952 [5], mai 1952 [2, 6], 17 avril 1953 [4], 1954 [1], 25-26 avril 1955 [3]) – 293’40
Coffret de cinq disques Music and Arts CD 1283 – Notice en anglais de Mark W. Kluge





Anton Bruckner : Symphonie n° 9 en ré mineur (édition Nowak)
Philharmonia Orchestra, Christoph von Dohnányi (direction)
Enregistré en public au Grosses Festspielhaus, Salzbourg (7 août 2014) – 61’26
Signum Classics SIGCD431 – Notice (en anglais) d’Erik Levi


 Sélectionné par la rédaction





Anton Bruckner : Symphonie n° 9 en ré mineur (édition Benjamin-Gunnar Cohrs)
Philharmoniker Hamburg, Simone Young (direction)
Enregistré en public (25 et 27 octobre 2014) – 59’01
Oehms Classics OC 693 – Notice (en allemand et en anglais) de Michael Lewin





La verve discographique dont bénéficient les Symphonies d’Anton Bruckner (1824-1896) ne se dément pas comme en témoignent ces récentes parutions qui permettent de faire une intéressante comparaison de son chef-d’œuvre ultime, la Neuvième Symphonie même si, problème fréquent chez Bruckner, on confronte ici trois versions dans trois éditions différentes.


On a bien oublié aujourd’hui Frederick Charles Adler (1889-1959). Pourtant, jeune diplômé de la Munich Royal Academy en 1906, il travaille avec Gustav Mahler (notamment pour la première exécution de sa Huitième Symphonie) et se fait remarquer par Felix Mottl. Ayant pris la direction de l’Orchestre symphonique de la Radio de Berlin de 1924 à 1933, il s’exile ensuite aux Etats-Unis où il mène une carrière diversifiée, revenant en Europe dans l’après-guerre pour travailler essentiellement avec l’Orchestre symphonique de Vienne. Le présent coffret rassemble plusieurs œuvres de Bruckner enregistrées à la tête de cet orchestre que l’on a bien du mal à reconnaître. Car, commençons par elle, sa Neuvième constitue un naufrage assez évident. L’orchestre n’est pas très bon, la justesse des cordes étant épouvantable en plusieurs occasions (dans le premier mouvement à partir de 21’20 ou dans le troisième à partir de 21’30). Dirigeant l’ensemble de façon alanguie (presque 29’ pour le premier mouvement, plus de 26’ pour le dernier!), Adler n’a guère de vision pour aborder cette symphonie, le Feierlich, misterioso étant fréquemment poussif (à 1’15 et 19’20), le deuxième mouvement étant pris de façon extrêmement sèche et totalement caricaturale, l’Adagio conclusif manquant totalement de tenue. Bref, pas grand-chose à garder.


Quant au reste du coffret, tout est à l’avenant. Que dire de cette Première Symphonie dans laquelle, avec une prise de son médiocre où le son sature rapidement, l’on entend un premier mouvement aux changements de tempi constants, un troisième mouvement souffrant d’une justesse orchestrale désastreuse (les cors, les flûtes stridentes ou les cordes à partir de 2’28) et un quatrième mouvement donnant à entendre un gloubi-boulga sans nom? Si la Troisième est somme toute assez réussie (hormis le quatrième mouvement), la Sixième ne laissera guère de souvenir: un premier mouvement aux nuances étranges (à 12’30, mais peut-être est-ce avant tout une question de prise de son) et dont la fin s’avère extrêmement pesante (à partir de 15’23), un troisième mouvement ennuyeux au possible et un quatrième qui pâtit lui aussi d’une lourdeur excessive. Il en va de même pour la Première Messe (vite, retournons à Jochum ou Gardiner!) et, finalement, seule l’Ouverture garde un certain intérêt, davantage faut-il le préciser en raison de sa rareté que de son exécution. Seul point réellement positif de ce coffret: l’excellente et fort complète notice d’accompagnement, malheureusement seulement en anglais.


Autrement plus intéressante, voici la parution d’une Neuvième donnée en concert au festival de Salzbourg par l’Orchestre Philharmonia sous la direction de Christoph von Dohnányi (né en 1929). Peut-être avait-on un peu vite oublié que Dohnányi (qui débuta au célèbre festival le 28 août 1962 en dirigeant l’Orchestre du Mozarteum dans un concert entièrement dédié à Mozart) a plusieurs fois enregistré Bruckner, notamment lorsqu’il fut directeur musical de l’Orchestre de Cleveland. Cet enregistrement nous rappelle l’excellent chef qu’il n’a cessé d’être, notamment dans le répertoire germanique. Car cette Neuvième est magnifique, servie il est vrai par un orchestre exceptionnel. Usant de tempi amples (mais correspondant, dans cette édition, à ceux généralement en vigueur), le chef allemand impose une grandeur dont la symphonie ne se départit pas de la première à la dernière note. L’entrée du forte dans le premier mouvement à 8’05, leScherzo ou, surtout, l’attaque du troisième mouvement sont autant de passages d’une majesté qui impressionne et qui convainc immédiatement. Ne négligeant pas la violence de l’œuvre (les martellements du Scherzo!), Dohnányi impose une version de référence dans cette symphonie qui n’en manquait déjà pas.


Déjà auteure avec son Orchestre philharmonique de Hambourg de très bonnes, voire d’excellentes gravures des Première, Sixième et Septième (sans oublier la Symphonie d’étude n° 00), Simone Young (née en 1961) livre une fois encore une brillante version d’une symphonie de Bruckner. Même si l’on n’atteint pas la pleine réussite entendue dans la Sixième, cette Neuvième ne manque pas de panache. En dépit de transitions pas toujours idéalement conduites, le premier mouvement est très beau, les effets de masse étant notamment très bien rendus sans que l’ensemble paraisse jamais lourd. Le deuxième mouvement est peut-être le moins réussi puisque globalement trop pesant, le trio s’avérant pour sa part un peu trop contrasté là où l’on aimerait au contraire davantage de cohérence, la partition seule de Bruckner suffisant à instiller les changements d’atmosphères souhaités. En revanche, la cheffe australienne conclut son interprétation sur une totale réussite, le dernier mouvement étant magnifique de naturel et de grandeur. Bénéficiant d’un excellent orchestre et d’une prise de son irréprochable (rappelons qu’il s’agit là aussi d’un concert), Young continue sans nul doute de bâtir une intégrale brucknérienne du plus haut niveau.


Le site de Simone Young


Sébastien Gauthier

 

 

 

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