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01/09/2016
Ludwig van Beethoven : Les neuf Symphonies – Die Geschöpfe des Prometheus, opus 43: Ouverture – Coriolan, opus 62 – Egmont, opus 84: Ouverture
Wilma Lipp (soprano), Ursula Boese (contralto), Fritz Wunderlich (ténor), Franz Crass (basse), Wiener Singverein der Gesellschaft der Musikfreunde, Reinhold Schmid (chef de chœur), Philharmonia Orchestra, Otto Klemperer (direction)
Enregistré en concert à Vienne les 29 [Deuxième, Troisième], 31 [Quatrième, Cinquième, Egmont] mai, 2 [Sixième, Septième, Les Créatures de Prométhée], 4 [Huitième, Coriolan] et 7 [Première, Neuvième] juin 1960 – 388’38
Coffret de cinq disques Andromeda ANDRCD 9079 – Pas de notice





Après, excusez du peu, la récente réédition chez Andromeda d’une intégrale des Symphonies de Beethoven par Wilhelm Furtwängler et, chez Deutsche Grammophon cette fois-ci, de la première intégrale berlinoise réalisée par Herbert von Karajan, c’est au tour d’un autre monstre sacré de la direction de faire son entrée en la personne d’Otto Klemperer (1885-1973). En vérité, cette intégrale, enregistrée au cours des mois de mai et juin 1960 à l’occasion du Festival de Vienne, est bien connue. Elle a ainsi déjà été publiée chez Music and Arts, chez Living Stage et chez The Intensive Media, sans compter sa parution sous forme de disques séparés, tous édités chez IDIS. Signalons dès à présent que, constituée exclusivement de prises effectuées en concert, cette intégrale ne doit pas être confondue avec celle éditée par ailleurs chez EMI qui, rassemblant des enregistrements effectués entre 1954 (pour certaines ouvertures) et 1969 (pour les extraits des Créatures de Prométhée), est bien connue des discophiles et témoigne du grand art de Klemperer dans ce répertoire.


La présente intégrale illustre bien évidemment un style aujourd’hui révolu pour jouer Beethoven mais, en 1960, cette façon de procéder était déjà quelque peu dépassée. Assez proche de Furtwängler dans l’esprit, Klemperer avance généralement de manière assez massive et ne donne guère d’élan à la musique: qu’on en juge...


Les réussites se comptent sur les doigts d’une seule main et ne concernent finalement que les Deuxième et Quatrième Symphonies, et encore en partie seulement. En dépit d’un tempo très retenu (le premier mouvement atteignant les 13’25!), l’Allegro con brio de la Deuxième témoigne d’un bel orchestre, les fins de phrases du deuxième mouvement étant en revanche mal conduites car très lourdes (à partir de 2’30 ou 2’48 par exemple). Si le Scherzo est bien mené, le quatrième mouvement s’avère trop haché, là où Karajan ou Furtwängler l’appréhendaient d’un seul tenant. Relative réussite également du côté de la Quatrième, qui culmine dans un excellent Adagio où brille la petite harmonie, le reste étant également d’un bon niveau en dépit de cordes à la justesse trop souvent approximative (dans le premier mouvement). On soulignera enfin, côté bonne surprise, les ouvertures d’Egmont et surtout de Coriolan, où l’on croirait entendre un hautbois typiquement viennois dans les timbres et le phrasé.


Pour le reste, que de déconvenues! En plus d’une occasion, on est frappé par le manque d’élan du chef (le premier mouvement de l’Héroïque, le dernier mouvement de la Septième ou le Molto vivace de la Neuvième), qui en reste à un discours convenu, sans imagination ni sans véritable implication. Les transitions ne sont pas soignées et on passe ainsi, sans aucun rubato, des passages lents aux passages rapides avec une brutalité qui contribue souvent à casser le peu de cohérence que l’on pouvait trouver dans l’approche de Klemperer. Le hautbois est totalement bridé dans la Marcia funebre de la Troisième Symphonie tandis que le deuxième mouvement de la Cinquième est joué de façon scolaire, voire besogneuse même si ce qualificatif caractérise surtout l’Allegro scherzando de la Huitième. C’est une chose que de vouloir maîtriser son orchestre: c’en est une autre que de ne jamais le laisser jouer. Or, Klemperer souhaite visiblement user à chaque instant de toute sa poigne ce qui, de façon quelque peu paradoxale, n’évite pas pour autant plusieurs décalages ou problèmes de mise en place (la fin du premier mouvement de la Septième notamment). Adoptant trop souvent des tempi lents (les deux premiers mouvement de la Pastorale dépassant chacun les 13 minutes), le grand chef allemand suscite fréquemment l’ennui et, en dépit de quelques moments de grandeur indéniable (dans l’Allegro molto de l’Héroïque ou l’Adagio molto e cantabile de la Neuvième), ne convainc guère.


Si les micros rendent plutôt justice à un quatuor de solistes de bon niveau dans la Neuvième (on passera néanmoins rapidement sur le chant quelque peu saccadé de Franz Crass), ils ne contribuent pas toujours à rendre les couleurs du Philharmonia, dont on peine parfois à reconnaître ici l’excellence habituelle. Si les bois sont en général agréables à écouter (très bon Tempo di Minuetto de la Huitième), les cors sont parfois confus, les cordes trahissant souvent pour leur part des difficultés tant dans la justesse que dans la mise en place. Enfin, c’est parfois gêné, parfois amusé que l’on remarquera, la faute sans doute au placement des micros, ces chaises qui grincent, ces timbales omniprésentes (dans le troisième mouvement de la Première Symphonie) ou cet éternuement assez tonitruant à 4’29 dans le premier mouvement de la Cinquième: on peut néanmoins se demander si, justement à la faveur de cette réédition, un travail plus soigné n’aurait pas pu être effectué pour gommer ce genre de bruits parasites et rééquilibrer quelque peu l’ensemble.


On l’aura compris: rien ne justifie cette réédition, encore moins son acquisition. Pour qui souhaite écouter Klemperer dans les Symphonies de Beethoven, on lui conseillera d’aller soit chez EMI, soit chez Testament qui a récemment réédité plusieurs concerts avec le Philharmonia, chaque disque bénéficiant cette fois-ci d’un vrai travail sur la bande son ainsi que de notices d’accompagnement toutes exemplaires.


Sébastien Gauthier

 

 

 

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