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11/20/2015
Johann Christoph Vogel : La Toison d’or
Marie Kalinine (Médée), Jean-Sébastien Bou (Jason), Judith van Wanroij (Hipsiphile), Jennifer Borghi (La Sybille), Hrachuhi Bassenz (Calciope), Martin Nyvall (Arcas), Franziska Kern (Première suivante), Dominique Lepeudry (Deuxième suivante), Chor des Staatstheater Nürnberg, Tarmo Vaask (direction), Le Concert Spirituel, Hervé Niquet (direction)
Enregistré au Staatstheater de Nuremberg (26-27 juillet 2012) – 109’16
Livre de 85 pages incluant deux disques Glossa GES 921628-F (distribué par Harmonia mundi) – Notice exemplaire (en français) de Benoît Dratwicki, Marie Susplugas et Pierre Sérié





Bien que né à Nuremberg et ayant passé sa jeunesse en Prusse, Johann Christoph Vogel (1756-1788) peut-être considéré comme un compositeur français, lui qui a travaillé comme musicien d’orchestre auprès du duc de Montmorency et du duc de Valentinois. Grand admirateur de Gluck, c’est d’ailleurs au grand compositeur qu’il dédie son premier opéra, La Toison d’or, créé à l’Académie royale de musique le 5 septembre 1786, en des termes emphatiques et maladroits à la fois qu’il est intéressant de reproduire en partie: «Heureux si ce premier essai de mes faibles talents peut obtenir l’approbation de L’HOMME DE GENIE, du peintre sublime des passions, enfin du LEGISLATEUR de la Musique, plus heureux encore si les circonstances me permettent d’avoir le bonheur de vous connaître...». Cet opéra sera malheureusement son unique véritable incursion dans le genre puisque son autre ouvrage lyrique Démophon ne sera créé qu’à titre posthume, en septembre 1789, opéra dont seule l’Ouverture (qui a d’ailleurs été adaptée pour le pianoforte) connaît aujourd’hui quelque succès.


Cette tragédie lyrique en trois actes relate les aventures de Jason et surtout de Médée, l’ensorcelante magicienne. En vérité, le premier acte narre surtout l’hostilité de Médée à l’égard d’Hipsiphile, à qui Jason a promis sa main alors que la magicienne en est également amoureuse. Jason et Hipsiphile regagnent la Grèce alors que Calciope, sœur de Médée, presse cette dernière de penser à autre chose; folle de jalousie et de colère, Médée déchaîne les éléments qui font chavirer les navires du héros, seuls Jason, Hipsiphile et quelques soldats réussissant à se sauver de ce naufrage. Après avoir regagné la rive, Jason demande à Médée d’oublier tout cela mais, toujours ivre de colère, celle-ci poignarde Hipsiphile et annonce son intention de tuer également Jason. Tournant casaque, Médée finit par pardonner à Jason et l’aide tant dans ses combats que dans sa conquête de la Toison d’or; à la fin de ces diverses aventures, elle demande à Jason de l’emmener avec elle, ce qu’il refuse, suscitant la haine éternelle de la terrible magicienne.


Grâce à l’enthousiasme du Palazzetto Bru Zane (qui nous a déjà permis de découvrir aussi bien Renaud ou la suite d’Armide de Sacchini que Les Barbares de Saint-Saëns ou Les Danaïdes de Salieri, pour ne citer que trois exemples) et d’Hervé Niquet, toujours prompt à défricher de nouveaux répertoires, voici donc cette Toison d’or, dont on soulignera d’emblée la richesse orchestrale. L’Ouverture est remarquable, donnant notamment une grande importance aux vents, nouveau témoignage des instruments de prédilection de Vogel, qui fut corniste et qui composa des concertos pour la clarinette. Cette vivacité instrumentale innerve l’ensemble, notamment dans l’épisode de la tempête à l’acte II: Le Concert Spirituel répond à la moindre sollicitation d’Hervé Niquet, dont on aurait néanmoins parfois aimé qu’il prenne davantage son temps dans certains passages. Dans le rôle de Médée, Marie Kalinine nous laisse une impression mitigée car, si elle sait faire preuve d’héroïsme ou de fureur dans ses interventions (l’air «Quoi! Jason a formé les nœuds de l’Hyménée» à l’acte I), on regrette une prononciation plus que perfectible de la langue de Molière à tel point, ce qui est regrettable, qu’il nous faut fréquemment avoir le livret sous les yeux pour bien comprendre le déroulement de l’action (le début du deuxième acte en particulier). Difficulté que l’on retrouve par ailleurs chez Jennifer Borghi dans le rôle de La Sybille avec notamment l’air «Fuis! Dérobe ta tête» au dernier acte.


En revanche, dans le rôle d’Hipsiphile, Judith van Wanroij est irréprochable et s’avère être un personnage extrêmement attachant, loin de l’être falot qu’on aurait pu croire. Au premier acte en particulier, la jeune chanteuse est excellente et fait montre d’un investissement sans faille. A ses côtés, Jean-Sébastien Bou campe un Jason de grande valeur, témoignant d’un bel héroïsme notamment dans l’air «Quelle férocité» à l’acte I, ce qui permet par la même occasion de souligner la contribution du Chœur de l’Opéra d’Etat de Nuremberg: la marche lugubre qui conclut le deuxième acte est à cet égard un véritable morceau d’anthologie.


Si rien d’essentiel nous est donc dévoilé dans ce nouvel opus édité chez Glossa, on ne peut néanmoins que le recommander aux amateurs du genre, tout en soulignant l’excellence du livre-disque qui, grâce aux contributions extrêmement complètes et bien écrites des musicologues et historiens Benoît Dratwicki, Marie Susplugas et Pierre Sérié, fait honneur à cette collection de très haut niveau.


Le site de Marie Kalinine
Le site de Judith Van Wanroij
Le site de Jennifer Borghi
Le site de Hrachuhi Bassenz
Le site de Martin Nyvall
Le site du Concert Spirituel


Sébastien Gauthier

 

 

 

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