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09/15/2015
Ludwig van Beethoven : Missa solemnis en ré majeur, opus 123
Helen Donath (soprano), Doris Soffel (mezzo-soprano), Siegfried Jerusalem (ténor), Hans Sotin (basse), Edinburgh Festival Chorus, John Currie (chef de chœur), London Philharmonic Orchestra, Ronald Thomas (violon solo), Sir Georg Solti (direction)
Enregistré en public au Royal Albert Hall, Londres (10 septembre 1982) – 79’22
London Philharmonic Orchestra 0077 – Notice en anglais de Anthony Burton et Eric Mason





Pamela Coburn (soprano), Florence Quivar (mezzo-soprano), Aldo Baldin (ténor), Andreas Schmidt (basse), Gächinger Kantorei Stuttgart, Bach-Collegium Stuttgart, Helmuth Rilling (direction)
Enregistré à Stuttgart (1997) – 78’58
Hänssler Classic 98.053


 Sélectionné par la rédaction





Lucy Crowe (soprano), Jennifer Johnson (mezzo-soprano), James Gilchrist (ténor), Matthew Rose (basse), Monteverdi Choir, Orchestre Révolutionnaire et Romantique, Peter Hanson (violon solo), John Eliot Gardiner (direction)
Enregistré en public au Barbican Center, Londres (17 octobre 2012) – 69’58
Deo Gloria SDG 718 – Notice trilingue (anglais, allemand et français) de Stephen Johnson





Genia Kühmeier (soprano), Elisabeth Kulman (mezzo-soprano), Mark Padmore (ténor), Hanno Müller-Brachmann (basse), Chor des Bayerischen Rundfunks, Peter Dijkstra (chef de chœur), Anton Barachovsky (violon solo), Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks, Bernard Haitink (direction)
Enregistré en public à la Herkulessaal der Residenz, Munich (25 et 26 septembre 2014) – 79’22
BR Klassik 900130 – Notice bilingue (allemand et anglais) de Renate Ulm


 Sélectionné par la rédaction





Les premières notes de la Missa solemnis furent couchées sur le papier au mois de juin 1818, mettant Ludwig van Beethoven (1770-1827) en transe pendant plus de cinq ans, Schindler rapportant que «les locataires voisins se plaignaient qu’il leur enlevât tout repos, jour et nuit, avec ses trépignements et ses coups» (cité par Jean et Brigitte Massin dans leur biographie Ludwig van Beethoven, Fayard, page 356). Créée lors du célèbre concert du 7 mai 1824, qui vit également la première interprétation de la Neuvième Symphonie, la Missa solemnis a donné lieu à un très grand nombre d’enregistrements aux approches extrêmement diversifiées comme en témoignent de nouveau ces quatre parutions.


De nouveau? Oui et non car, si les enregistrements de Gardiner et Haitink sont effectivement récents, tel n’est pas le cas des deux autres, à commencer par la version dirigée par Solti aux Proms, en septembre 1982. Offrant une vision volontairement grandiose voire opératique de l’œuvre, Sir Georg Solti (1912-1997) ne convainc guère dans cette gravure, lui qui a également enregistré la Missa solemnis à la tête tant de l’Orchestre philharmonique de Vienne que de l’Orchestre symphonique de Chicago (deux enregistrements parus chez Decca). L’ensemble se révèle massif et ne bénéficie guère d’élan (le Gloria est poussif à 0’50, l’Agnus Dei est apathique à partir de 9’), la brillance souhaitant trop souvent tenir lieu de ferveur. Au contraire, mais peut-être est-ce là seulement affaire de goût personnel, l’«Et resurrexit» (au sein du Credo) s’avère précipité et son exécution souffre d’une raideur regrettable. Le quatuor de solistes n’est pas mauvais mais ne suscite guère l’enthousiasme, certains timbres s’avérant parfois assez laids (comme le montrent les voix de la soprano et de la mezzo dans le Gloria à 6’12), Hans Sotin étant peut-être le plus convaincant grâce à un «Benedictus» parfaitement chanté.


L’enregistrement dirigé par Helmuth Rilling (né en 1933), et qui succédait chronologiquement à ses gravures du Christ au mont des Oliviers et de la Messe en ut majeur, est également un peu ancien puisque réalisé en 1997. Or, si ce disque était semble-t-il passé quelque peu inaperçu à sa sortie, quelle surprise aujourd’hui à son écoute! L’approche du chef est, on s’en doute, bien différente de celle de Solti: ici, tout est intériorité et religiosité. Cette gravure frappe d’emblée par son équilibre et sa plénitude (le début du Kyrie), l’entrée des solistes lorsqu’ils chantent «Christe Eleison» et les timbres de l’orchestre (notamment les bois) s’avérant en tous points exceptionnels. On retrouve cet équilibre à plusieurs reprises par la suite, notamment dans le «Qui tollis» au sein du Gloria, précédant un «In gloria Dei Patris» d’une beauté comparable à celle d’un Karajan ou d’un Giulini: ce n’est pas peu dire! Servi par un orchestre irréprochable (la clarinette au début du «Gratias agimus», le violon solo dans le «Benedictus», l’intervention du hautbois au début de l’Allegro assai de l’Agnus Dei...) et un chœur qui sait varier avec justesse les atmosphères au fil de l’œuvre (la ferveur dans le Gloria, la contrition dans le «Crucifixus»), Rilling réalise là un véritable tour de force et, même s’il manque à de rares moments d’un brin de lyrisme (dans le «Benedictus», par ailleurs abordé avec une pulsation idéale), se hisse à nos yeux parmi les plus belles versions existantes de la Missa solemnis. Une redécouverte à effectuer d’urgence qui, si la discographie de cette œuvre n’était pas déjà suffisante, mériterait presque notre récompense suprême!


Lorsqu’il enregistra la Missa solemnis en novembre 1989 à la tête de ses chers English Baroque Soloists, John Eliot Gardiner (né en 1943) frappa un grand coup par la nouveauté des timbres, des éclairages et, surtout, de l’approche globale de l’œuvre. Le voici qui récidive dans une nouvelle version, captée en concert, à la tête cette fois-ci de son Orchestre Révolutionnaire et Romantique, le Chœur Monteverdi étant pour sa part toujours au rendez-vous. Accélérant encore les tempi par rapport à son précédent enregistrement (1’40 de moins), le chef anglais ne convainc pas toujours en raison de quelques «brusqueries baroqueuses» pourrait-on dire (les cors dans le Kyrie à 6’49, l’approche du «Quoniam tu solus sanctus» dans le Gloria, l’allure du «Et ressurexit» dans le Credo), le ténor James Gilchrist adoptant pour sa part un peu trop souvent un vibrato quelque peu gênant. L’écoute avec la version de 1989 est assez révélatrice des options prises aujourd’hui par Gardiner: alors que le début du Kyrie était encore «grandiose», il s’avère ici beaucoup plus rapide, sacrifiant un tout petit peu à la religiosité de l’œuvre, le Credo étant pour sa part abordé avec toujours autant de punch! Pour le reste, on est, avouons-le, totalement emporté par cette vision théâtrale de la Missa solemnis. Comment ne pas frémir dans le Gloria (quelle relance à 3’29!), à la fin de cette même partie ou dans l’Agnus Dei, la séquence sans doute la plus réussie (l’orchestre à 1’45, les timbres des trombones d’époque à 7’33, le chœur à la fin...)? Bénéficiant d’un quatuor de solistes de très haut niveau (on admire sans réserve la façon dont les uns et les autres se fondent au sein du Gloria à partir de 7’24), John Eliot Gardiner signe une très belle version de la Missa solemnis mais qui, à notre sens, reste un cran légèrement en deçà de sa gravure antérieure.


Qui pourrait croire que nous tenons là le premier enregistrement de la Missa solemnis par Bernard Haitink (né en 1929)? Et pourtant, c’est bel et bien une première pour le grand chef néerlandais, 86 ans cette année! Ce disque, reflet de deux concerts donnés à la Herkulessaal de Munich, témoigne une fois encore tant de la maîtrise de ce chef que des talents de l’excellent Orchestre symphonique de la Radio bavaroise (saluons au passage Anton Barachovsky dont le violon est véritablement surnaturel dans le «Benedictus»). Comme on pouvait s’y attendre, c’est une vision classique de l’œuvre qui nous est proposée ici, servie par des chœurs et un orchestre d’une amplitude tout à fait remarquable mais dotée d’une vraie intériorité, sans artifice, le grandiose ne sacrifiant jamais au caractère profondément religieux de l’ouvrage. Le quatuor de solistes est excellent – mention spéciale au ténor Mark Padmore dans le Gloria et au non moins touchant Hanno Müller-Brachmann au début de l’Agnus Dei (ces deux solistes ayant déjà chanté dans cette même salle sous la baguette de Haitink, qui dirigeait alors La Création de Haydn). D’ailleurs, c’est surtout dans ce dernier passage, le Gloria que l’on peut le mieux admirer une fois encore le sens de la progression de Bernard Haitink (les couleurs à partir de 5’40!), où la douleur est palpable et l’émotion distillée à fleur de peau. Même si quelques passages auraient pu être pris un tant soit peu plus rapidement (la fin du Gloria), l’équilibre général est proche de l’idéal, faisant de cette gravure un excellent choix pour qui ne possèderait pas encore la Missa solemnis dans sa discothèque.


Le site de Doris Soffel
Le site de l’Orchestre philharmonique de Londres
Le site Chœur du festival d’Edimbourg
Le site de Helmuth Rilling
Le site de la Gächinger Kantorei de Stuttgart
Le site de James Gilchrist
Le site du Chœur Monteverdi, de l’Orchestre Révolutionnaire et Romantique, et de John Eliot Gardiner
Le site de Genia Kühmeier
Le site d’Elisabeth Kulman
Le site de Mark Padmore
Le site de Hanno Müller-Brachmann
Le site du Chœur et de l’Orchestre symphonique de la Radio bavaroise


Sébastien Gauthier

 

 

 

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