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08/29/2015
Béla Bartók : Concerto pour violon n° 2, Sz. 112/BB. 117 – Concerto pour orchestre, Sz.116/BB. 123
Tedi Papavrami (violon), Orchestre philharmonique du Luxembourg, Emmanuel Krivine (direction)
Enregistré au Grand Auditorium de la Philharmonie du Luxembourg (9-14 septembre 2013 et 14-18 juillet 2014) – 76’16
Alpha 205 (distribué par Outhere) – Notice en anglais, allemand et français





Directeur musical de l’Orchestre philharmonique du Luxembourg depuis maintenant près de dix ans, Emmanuel Krivine choisit de s’attaquer à deux œuvres bien connues et très souvent enregistrées de Béla Bartók. Ce nouveau disque au minutage généreux permet au Français de déployer, tout au long du Second Concerto pour violon (1938), un travail sur les timbres qui insiste sur les détails, faisant particulièrement ressortir les graves. Si Krivine ne sacrifie jamais à l’élan global, sa lecture détaillée, fine et allante s’accorde bien avec ce concerto constitué d’une suite de variations. Le rôle de Tedi Papavrami se montre quelque peu en retrait, donnant l’impression d’une symphonie avec violon obligé – bien éloigné en cela de ses illustres prédécesseurs, tel Ivry Gitlis et son geste halluciné, ou le poète aérien Menuhin, pour ne citer qu’eux. Cette volonté de placer en retrait le violoniste conduit à faire ressortir des dialogues néanmoins superbes avec les bois, notamment dans le très bel Andante tranquillo. On se régale constamment de la direction de Krivine, toujours aussi inventif, mais parfois à la limite de la sécheresse dans sa volonté constante d’alléger la masse orchestrale. Admirable de discipline, son orchestre ne brille malheureusement guère dans les couleurs, un peu ternes à la longue.


Le Concerto pour orchestre (1943) s’avère tout aussi intéressant dans sa conception sans pathos et gommant toute respiration en son début. Particulièrement dénervé, le geste détaillé de Krivine avance en un élan transparent et léger qui rappelle souvent Ravel ou le Stravinski néoclassique. Si cette lecture intellectuelle pourra paraître un rien bridée, elle marque aussi par son absence de tension sans cesse relancée par la souplesse de l’orchestre ou la vivacité sous-jacente des contrechants. Toute brutalité ou trait de caractère excessif est soustrait, en évitant soigneusement les effets grotesques au basson (début du Giuoco delle coppie) et l’ironie excessive au IV. Les deux mouvements les plus réussis sont l’Elegia centrale où Krivine se permet enfin une respiration d’une vitalité irrésistible de douceur, tandis que le Finale étonne par l’art des transitions élaboré en une vision chambriste sans aucune emphase. Malgré un orchestre trop peu séduisant, on recommandera ce disque pour l’art de Krivine, pas si éloigné d’un Celibidache dans sa capacité à relancer le discours par un geste ample respectueux de l’architecture générale.


Florent Coudeyrat

 

 

 

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