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07/20/2015
Brian Ferneyhough : Sonates pour quatuor à cordes – Quatuors à cordes n° 2 à n° 6 – Adagissimo – Streichtrio – Trio à cordes – Dum transisset I-IV – Exordium
Claron McFadden (soprano), Quatuor Arditti: Irvine Arditti, Ashot Sarkissjan (violon), Ralf Ehlers (alto), Lucas Fels (violoncelle)
Enregistré à Baden-Baden (16-21 avril, 4-7 juillet 2011 et 14 novembre 2012) et à Bonn (20 novembre 2006 [Quatuor n° 5]) – 180’30
Coffret de trois disques aeon AECD 1335 (distribué par Outhere) – Notice bilingue de John Fallas, Brian Ferneyhough et Fabrice Fitch


 Sélectionné par la rédaction





Pour célébrer le quarantième anniversaire du Quatuor Arditti, fondé en 1974, Irvine Arditti propose l’intégrale des œuvres pour quatuor et trio à cordes de son compatriote Brian Ferneyhough (né en 1943). Au fil des ans, le Quatuor Arditti garde un même esprit grâce au rayonnement et à la présence permanente du premier violon. C’est un esprit exigeant qui fait de leurs interprétations «un voyage d’inspiration sans fin, sans jamais [se] lasser, dans une tentative de repousser les limites». Si les quatre musiciens travaillent en étroite collaboration avec un certain nombre de compositeurs, le choix de Ferneyhough leur semblait une évidence du fait que depuis 1980 et le défi relevé du Deuxième Quatuor, le plus ardu qu’ils aient alors jamais entrepris, le compositeur a écrit tous ses quatuors à leur intention.


Les cinq quatuors existants – le tout premier, abandonné, n’existe que sous forme de manuscrit à la Fondation Paul Sacher – témoignent de l’approche discursive exigeante d’un compositeur, issu du sérialisme, qui considère que la richesse d’une création dépend en premier lieu «de contraintes, de grilles et de fils» prédéterminés qui créent une complexité essentielle, imposant un certain effort et même un dépassement de soi au compositeur et à l’interprète, voire à l’auditeur en quête. Toutefois, Ferneyhough ne rompt jamais avec la beauté du son, préservant à chaque pièce sa part d’humanité. Les Arditti ne mesurent pas leur peine quand ils travaillent une partition de Ferneyhough et les résultats sont probants – expressifs et impressionnants de finesse et de précision – bien que le vibrato limité à dessein laisse une marge pour d’éventuelles interprétations à venir.


Alerte, énergique, tumultueux et percussif jusqu’à son évanouissement final, le Deuxième Quatuor (1979-1980), en quatre brèves parties rythmées par des silences ou des tenues de notes, allie la contrainte de trois petites séries au libre recours à des matériaux inattendus. Plus développé, le Troisième Quatuor plaide aussi la liberté dans un entrelacs de contraintes. Tourmentés et expressifs, moins percussifs malgré des indications qui invitent à l’extrême (brutale, isterico), les élans successifs mènent à une conclusion en suspens interrogatif. Le Quatrième Quatuor innove par la présence d’une voix de soprano, hommage à Schönberg, dans les deuxième et quatrième mouvements, la voix intégrée et ensuite dissociée du jeu instrumental, la tension permanente. La pureté du timbre relativement sombre de Claron McFadden met en valeur les phonèmes de Jackson MacLow, qui présentent une déconstruction extrême de textes d’Ezra Pound. Les Cinquième et Sixième Quatuors, plus tardifs (2006 et 2010), n’apportent pas d’innovation en soi mais diffèrent par l’accent mis sur les variantes sans cesse contrariées par l’interaction des matériaux originels pour l’un et, pour l’autre, par les aspects conflictuels des brefs composants empilés. Ils restent tout aussi admirablement écrits pour les quatre instruments en tous leurs états.


Les Arditti mènent à bien la complexité du discours instrumental et la virtuosité des modes de jeu très variés aussi bien dans les Quatuors que les Trios à cordes à distribution instrumentale en (quatuors), trios, duos ou solos. Le Streichtrio (1994) concentre en une minute le matériau énigmatique d’une œuvre à durée plus normale sans être celui du fougueux Trio de 1995. Ferneyhough confère au flux discursif une densité comparable à celui d’un quatuor en y jouant aussi sur le contrepoint aux lignes entrelacées, les micro-intervalles, les modes de jeu et les registres extrêmes, les brusques revirements relevant du mètre changeant et de la grande variété des nuances d’intensité jusqu’au silence.


La toute première œuvre pour quatuor à cordes du compositeur anglais fut Sonates (1967), qui tire son inspiration première des Fantaisies pour consort de violes de Purcell. Lyrique, sensuelle, finement colorée et à la fois fragmentée et continue, la partition se subdivise en vingt-quatre parties qui enchaînent sans pause les relations et les transformations d’un matériau constant. L’influence de Webern guide encore le jeune Ferneyhough mais son écriture aventureuse pour quatuor est déjà parfaitement idiomatique. Les quatre musiciens en donnent une lecture en contraste, comme il se doit, avec celle de l’Adagissimo expressionniste de 1983 qui oppose le contrepoint étiré des instruments graves aux criaillements agités des violons.


Dum transisset (2006) appartient à un cycle de pièces de musique de chambre en construction inspiré de la musique de Christopher Tye (c.1505-c.1573). Les quatre volets empruntent en les transformant les sonorités du consort de violes. Chaque volet («Reliquary», «Totentanz», «Shadows» et «Contrafacta») se fonde sur l’une des quatre mises en musique du répons Dum transisset sabbatum de Tye mais aussi sur des éléments extérieurs. Entre les deux derniers Quatuors, Exordium enchaîne quarante petits joyaux hardis, quarante fragments indépendants qui suivent le principe d’un non sequitur, un clin d’œil musical dédié à Elliott Carter à l’occasion de son centième anniversaire (2008).


Une prise de son chambriste mais aérée et claire restitue bien l’expressivité dépouillée de ce célèbre quatuor.


Le site du Quatuor Arditti


Christine Labroche

 

 

 

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