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07/12/2015
«Ives-Berg-Webern. Concord»
Charles Ives : Sonate pour piano n° 2, «Concord, Mass., 1840-60»
Anton Webern : Variations pour piano, opus 27
Alban Berg : Sonate pour piano, opus 1

Alexei Lubimov (piano), Marianne Henkel (flûte)
Enregistré en public à Kreuth (1997 [Ives]) et Moscou (1999 [Webern, Berg]) – 61’12
Zig-Zag Territoires ZZT362 – Notice en français, allemand et anglais


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Après tant de parutions remarquables mais dont la singularité déroutait à l’excès (dans Schubert comme dans Debussy ou Beethoven), Alexei Lubimov (né en 1944) nous est enfin présenté dans un maître-disque. Un disque bref (une heure) et constitué de captations de concerts (de la fin des années 1990), mais où chaque note est pesée et soupesée. Le disque d’un artiste accompli, inclassable – au sommet de ses talents.


Trois quarts d’heure durant, la monumentale Concord Sonata (1915) de Charles Ives explose dans le silence comme la couleur sur les toiles de Nicolas de Staël. Davantage que dans son enregistrement de 1995 à l’IRCAM (jadis Erato, désormais Apex), l’interprétation d’Alexei Lubimov – faisant idéalement usage de la virtuosité – témoigne d’un art suprême des résonances et du dosage des nuances. Le clavier semble se soulever par vagues, emporté dans les ondes d’ivoire d’«Emerson». «Hawthorne» manque à plusieurs reprises de noyer l’auditeur par le déchaînement de la rythmique et l’enchevêtrement du discours – asphyxiant et sublime –, qui contraste avec une forme de religiosité dans les accalmies du flux musical. «The Alcotts» respire la concorde même. Et «Thoreau» la sérénité dans le bouillonnement, ce que souligne l’intervention discrète de la flûte (alors qu’«Emerson» est exécuté sans l’alto).


D’une précision épatante malgré la présence (trop audible) du public, les Variations (1936) de Webern se présentent comme autant de traits d’union – tant les métamorphoses sont nombreuses. Moins décharnées qu’à l’accoutumée. Plus humaines aussi, diffusant le sentiment que l’étouffement de la dernière note du Ruhig fliessend – ce «thrène d’un mahlérisme épuré» (Alain Galliari) – vient retirer la vie elle-même. La Sonate (1910) de Berg est d’une humanité plus extravertie encore. Le chromatisme s’y écrit à coups de poings plutôt que de poignets. Sans concession mais remplie d’émotivité fébrile, elle semble abandonner la tonalité postromantique avec bonheur et détermination. Plus encore qu’avec les citations de la Concord Sonata (Bach, Beethoven, Brahms, Wagner), c’est avec l’Opus 1 de Berg qu’Alexei Lubimov donne l’impression d’esquisser un résumé – ou, plus exactement, un condensé – de l’histoire de la musique.


Davantage qu’un disque: une évidence.


Gilles d’Heyres

 

 

 

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