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06/15/2015
Ludwig van Beethoven : Concertos pour piano et orchestre n° 1, opus 15 [1], n° 2, opus 19 [2], n° 3, opus 37 [3], n° 4, opus 58 [4], et n° 5, opus 73 [5] – Triple Concerto pour piano, violon et violoncelle, opus 56 [6]
Mari Kodama (piano), Kolja Blacher (violon), Johannes Moser (violoncelle), Deutsches Symphonie-Orchester Berlin, Kent Nagano (direction)
Enregistré au Studio Teldex (23-24 juin 2006 [1, 2]), à la Siemensvilla (9-10 novembre 2006 [3] et 9-10 février 2010 [6]) et à la Jesus-Christus-Kirche (5-6 [4] et 8-9 [5] mars 2013), Berlin – 211’05
Coffret de trois disques Berlin Classics 0300597BC – Notice de présentation en allemand et en anglais





Ludwig van Beethoven : Concertos pour piano et orchestre n° 3, opus 37, n° 4, opus 58, et n° 5, opus 73
Artur Pizarro (piano), Scottish Chamber Orchestra, Charles Mackerras (direction)
Enregistré au Perth Concert Hall (2-5 novembre 2008) – 103’22
Double album Linn CKD 336 – Notice de présentation en anglais





Ludwig van Beethoven : Concertos pour piano et orchestre n° 2, opus 19, et n° 4, opus 58
Stefan Stroissnig (piano), ORF Radio-Symphonieorchester Wien, Heinrich Schiff (direction)
Enregistré à l’ORF Grosser Sendsaal, RadioKulturhaus, Vienne (5-9 septembre 2011) – 61’51
Gramola 99029 – Notice de présentation en allemand et en anglais





«Glenn Gould Plays Beethoven, Vol. 1 & 2»
Ludwig van Beethoven : Concertos pour piano et orchestre n° 1, opus 15 [1], n° 2, opus 19 [2], n° 3, opus 37 [3], et n° 5, opus 73 [4]

Glenn Gould (piano), Toronto Symphony Orchestra [1], Detroit Symphony Orchestra [2], CBC Symphony Orchestra [3], Buffalo Philarmonic Orchestra [4], Ernest MacMillan [1], Paul Paray [2], Heinz Unger [3], Josef Krips [4] (direction)
Enregistré en concert à Toronto (23 janvier 1951 [1] et 21 février 1955 [3]), Detroit (13 octobre 1960 [2]) et Buffalo (6 novembre 1960 [4]) – 133’47
Deux disques IDIS 6697 [2, 4] et 6698 [1, 3]


        


Ces nouvelles parutions des Concertos pour piano de Ludwig van Beethoven (1770-1827) – des rééditions comme des inédits – ne viennent nullement chatouiller les versions solidement installées en tête de la discographie.


Ainsi Berlin Classics met-il en boîte l’intégrale de Mari Kodama (née en 1967), dont on a un peu de mal à cerner l’intérêt éditorial. La pianiste japonaise offre successivement un Premier Concerto léché mais qui tourne à vide – aux saillies sans impact, à l’émotion presque aseptisée –, un Deuxième où elle est très à son aise – avec une fort belle cadence, ainsi que beaucoup de rythme et de nerf –, un Troisième maîtrisé mais trop appuyé – et aussi trop prévisible (jusqu’à risquer la platitude) –, un Quatrième aux éclats vif-argent mais aux reflets opaques et, enfin, un «Empereur» taillé dans le même marbre brillant, plus aristocratique de ton mais d’une plastique avantageuse.


De son côté, Kent Nagano donne des couleurs romantiques à l’Orchestre symphonique allemand de Berlin, évoquant par instants des sonorités d’époque. Un Beethoven propre mais sans grande identité. Et qui chausse de gros sabots (notamment dans l’Opus 19 et le Largo de l’Opus 15). Entendons-nous bien: le niveau général est parfaitement professionnel et impeccablement peaufiné. Mais le frisson et l’ivresse font défaut. Une parution certes soignée, mais qui n’apporte pas grand-chose à la pléthorique discographie de ces partitions géniales. Heureusement que cette intégrale est prolongée par un Triple Concerto réussi, dans lequel le violon de Kolja Blacher et le violoncelle de Johannes Moser prodiguent des merveilles d’équilibre et d’harmonie.


Sur son Blüthner de concert, Artur Pizarro (né en 1968) interprète les trois derniers concertos avec bien davantage de lyrisme poétique et retient autrement plus l’oreille. Avec des moyens économes mais accomplis, un toucher rond mais nullement ostentatoire, le pianiste portugais épate dans un Beethoven au flux soutenu et contenu, sans violence aucune. Un Troisième Concerto qui coule comme de l’eau de source – on peut, du coup, y regretter parfois le manque d’aspérités et de virtuosité digitale – et qui hausse le menton avec élégance. Un Quatrième sans temps mort, presque fiévreux dans l’Allegro moderato, plus fébrile dans l’Andante con moto (sans le vertige métaphysique qu’on peut aussi rechercher), batailleur (mais peut-être moins rigoureux) dans le Rondo. Vivace. Un Cinquième, enfin, qui refuse toute emphase au profit d’un intimisme souvent touchant (mais parfois anonyme).


On salue surtout la direction de Charles Mackerras à la tête de l’Orchestre de chambre écossais, qui couvre la musique de Beethoven d’attentions et même de chaleur. D’un équilibre millimétré, débordant de chaleur et de générosité (... un peu trop même, dans le Concerto en ut mineur), la partie instrumentale – un rien agressive par instants – est souvent tout aussi captivante à suivre que le discours du soliste. Du Beethoven de chambre, mais du beau Beethoven, rempli d’amour. Et même d’émotion, le chef australien étant décédé moins de deux ans après cet enregistrement.


Stefan Stroissnig (né en 1985) s’attaque aux Deuxième et Quatrième Concertos dans une veine très mozartienne, qui allie une approche aristocratique du phrasé à une finition soignée du doigté. Dans le Si bémol majeur, le jeune pianiste autrichien joue tout sur le rythme et la tension, cherchant à éviter les temps morts et à débusquer la danse dans chaque tempo. Dans le Sol majeur, il apporte beaucoup de lumière, de fraîcheur et de nerf.


Le résultat n’est pas toujours très tenu, et certains traits sembleront plutôt immatures ou débraillés. Mais Stroissnig s’investit avec fougue dans ce Beethoven très Sturm und Drang, livrant des cadences gourmandes. A contrario, l’accompagnement de Heinrich Schiff (avec l’Orchestre symphonique de la Radio autrichienne) ne convainc qu’à moitié, élégant par son travail chambriste sur les couleurs orchestrales et la texture du son, plutôt fade par la faiblesse des contrastes de nuances et l’absence globale de nerf.


Signalons enfin la publication de quatre bandes live du jeune Glenn Gould (1932-1982). Donné à Turin en 1951, le Premier Concerto respire la virtuosité du doigté – un peu à la manière (de nos jours) d’un Fazil Say –, d’une réjouissante allégresse dans le premier mouvement, moins assuré dans le Rondo final mais avec une fraîcheur qu’on ne retrouvera plus dans la suite de carrière de Gould. Quel dommage que le mouvement lent soit aussi plat, et que quelques menus accidents perturbent occasionnellement l’exécution pianistique. Quel dommage, surtout, que l’accompagnement orchestral soit aussi épouvantable, Ernest MacMillan confondant Beethoven avec une kermesse de foire et le Symphonique de Toronto abusant du style pompier. Quatre ans plus tard dans la même ville, Gould livre un Troisième Concerto beaucoup moins naturel et libre, mais diablement équilibré dans le Rondo. Le piano se veut déjà plus expérimental, en recherche d’un ton et même d’un tempo. Mais loin d’être inintéressant, notamment – curieusement, oserait-on dire – dans un mouvement central rempli de subtilités. L’accompagnement trop massif de Heinz Unger (avec l’Orchestre de la Radio canadienne) gâche, en revanche, la poésie du Largo par un geste trop assuré.


Les deux dernières bandes de radio datent de 1960. L’interprète n’est définitivement plus le même (... on l’entend d’ailleurs chantonner et grogner) et nous sert un Beethoven léché, millimétré – mais sans beaucoup d’âme. Le Deuxième Concerto capté à Detroit (dans une acoustique assez repoussante) sonne trop artificiellement pour entendre le piano de Gould comme autre chose qu’une interprétation décorative. Heureusement que le dernier mouvement vient dessiner certains traits de génie. Mais Paul Paray et le Symphonique de Detroit offrent un Beethoven très fifties qui, aux oreilles d’aujourd’hui, manque d’authenticité et aussi d’humanité. L’importance des décalages au sein de l’orchestre est, du reste, une source de déception. Enfin, le Cinquième Concerto date également de 1960 mais provient d’un concert donné à Buffalo le mois suivant. Si le pianiste connaît quelques instants de grâce, il déroute à force d’originalité. Et ce, bien que Josef Krips donne de chaudes couleurs germaniques au Philharmonique de Buffalo, ainsi qu’une hauteur de vue assez anachronique mais qui n’est pas sans panache. On pardonne difficilement, par contre, les approximations instrumentales et les ralentis douteux de l’Adagio. Pour les fans de Glenn Gould uniquement.


Le site de Mari Kodama
Le site d’Artur Pizarro
Le site de Stefan Stroissnig


Gilles d’Heyres

 

 

 

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