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05/29/2015
Motets:
Jean-Baptiste Robin: En clara vox (*)
Bruno Ducol: Une aube en clair-obscur (*)
Jean-Pierre Leguay: Du fond de l’abîme (*)
Pierre-Adrien Charpy: Voici le sacre du royaume
Caroline Marçot: Alleluia, lapis revolutus est (*)
Messe brève:
Edith Canat de Chizy: Kyrie
Thierry Escaich: Sanctus
Nicolas Bacri: Agnus Dei
Motets:
Vincent Bouchot: Tantum ergo sacramentum
Eric Lebrun: Aujourd’hui, le créateur des jours
Benoît Menut: Un grand vent s’est levé (*)
Vincent Paulet: De fructu operum (*)
Michèle Reverdy: Femme revêtue de soleil
Thomas Lacôte: Sancta et immaculata (*)
Yves Castagnet: O Notre-Dame du soir
Yves Castagnet, Denis Comtet (*) (orgue), Chœur d’enfants de la Maîtrise de Notre-Dame de Paris, Emilie Fleury (direction)
Enregistré en la cathédrale Notre-Dame de Paris (22 octobre 2013 [à la création], 23 et 24 octobre 2014) – 66’35
Maîtrise Notre-Dame de Paris 005 (distribué par Socadisc) – Notice de Lionel Sow, textes inclus
«Le Livre de Notre-Dame» s’établit comme un livre d’heures et résulte d’une commande de l’association «Musique sacrée à Notre-Dame de Paris» dans le cadre des célébrations pour les huit cent cinquante ans de la cathédrale. Dans le but de laisser un témoignage de la richesse de la vie musicale contemporaine en France, commande fut passée à non moins de quinze compositeurs, nés entre 1939 et 1982 et de courants divers, commande appuyée, pour trois d’entre eux, par l’association «Musique en Liberté». Ainsi, «Musique sacrée à Notre-Dame de Paris» renoue avec la tradition d’un renouvellement permanent du répertoire de la Maîtrise «par une dynamique de création qui trouve tout naturellement son exutoire dans la liturgie et, de nos jours, dans le cadre du concert» (Lionel Sow). Le «Livre» trouve son application au-delà de l’année jubilaire, fêtée de décembre 2012 en décembre 2013 et refermée par les Vêpres de la Vierge Marie de Philippe Hersant. Les quinze pièces sont toutes avec accompagnement d’orgue, l’orgue de chœur de la cathédrale tenu par Yves Castagnet, titulaire, et pour sept des douze motets par Denis Comtet, soliste internationalement sollicité.
Les motets, comme la Messe brève, se destinent aux jeunes voix du chœur d’enfants de la Maîtrise, dans l’espoir d’une reprise par d’autres chœurs d’enfants qui pourraient bénéficier d’une sensibilisation à la musique d’aujourd’hui. Malgré quelques audaces, la teneur de l’ensemble respecte l’esprit de la musique liturgique et la spiritualité des lieux, les chants, de «difficulté moyenne», étant en latin pour les textes liturgiques et pour les poèmes sacrés en français. Le chœur d’enfants de la Maîtrise, bien guidé et dirigé par Emilie Fleury, respecte les partitions avec beaucoup de sensibilité, la pureté éthérée de ses voix se prêtant aux tuilages et aux effets de résonance avec beaucoup d’adresse comme, par exemple dans Une aube en clair-obscur, motet pour Noël de Bruno Ducol, qui, de plus, permet une belle participation des altos et de trois des jeunes solistes. Michèle Reverdy fait la part belle à l’orgue mais son motet marial Femme revêtue de soleil met en valeur la puissance expressive du choeur et la beauté des voix de Solène Laurent et de Laurence Poudereux. alors que le Sancta et immaculata marial de Thomas Lacôte, toujours avec la participation de Solène Laurent, révèle la voix plus texturée de Margaux Loire bien soutenue par un orgue scintillant.
La première partie du «Livre» va de l’Avent à Pâques, un orgue cristallin ouvrant la voie aux irisations rythmées du motet de Jean-Baptiste Robin, En clara vox. Après le Noël de Ducol, Du fond de l’abîme, motet pour le temps du Carême de Jean-Pierre Leguay, plonge dans l’effroi des regrets avant la note d’espoir plus animée et plus radieuse de Voici le sacre du royaume de Pierre-Adrien Charpy, le chœur d’une maîtrise impressionnante comme il l’est pour l’éclat, les contrastes et les volutes imbriquées de l’Alleluia, lapis revolutus est rythmé et animé de Caroline Marçot qui, les voix dialoguant avec l’orgue, marque le temps de Pâques par la résurrection du Christ.
Le miroitant «Kyrie» d’Edith Canat de Chizy, puissant, poignant et expressif, est une des plus belles pièces de l’ensemble, les arabesques des voix et de l’orgue étroitement tuilées, la voix tendre d’Isaure Thibeaux venant en supplique brève mais émouvante. Thierry Escaich, inventif pour l’orgue comme pour les voix, compose un éclatant «Sanctus» en apothéose, mouvementé et en perpétuel essor au cœur de la Messe brève qui était initialement prévue en conclusion. Toutefois, la douloureuse beauté recueillie de l’«Agnus dei» de Nicolas Bacri trouve sa place logique avant le sobre motet pour le Saint-Sacrement de Vincent Bouchot, les motifs mélodiques souvent scandés à l’unisson des voix, qui ouvre sur l’imposant Aujourd’hui, le créateur des jours, motet pour l’Ascension, d’Eric Lebrun.
Benoît Menut célèbre la Pentecôte par les nappes lumineuses de sa mise en musique du poème Un grand vent s’est levé, qui créent des reflets moirés grâce à un jeu adroit sur la résonance. De Vincent Paulet, , second motet pour le Saint-Sacrement toujours relativement sobre, se teinte d’une splendeur plus affirmée, lançant avec à-propos les trois motets à la Vierge dont la sérénité rayonnante d’O Notre-Dame du soir d’Yves Castagnet, ici organiste et compositeur, qui mène le «Livre» à sa digne conclusion par la force de sa vision tendrement éblouissante d’une quête de quiétude lumineuse.
C’est un bel ensemble qui convient parfaitement au concept du «Livre de Notre-Dame». Interprété comme un ensemble, sa place est à l’église non seulement pour son style et sa religiosité mais aussi pour la résonance spatiale des lieux bien mise en œuvre. Toutefois, comme toute musique sacrée, l’un et l’autre des motets voire les trois volets de la Messe brève peuvent venir enluminer une prestation chorale au concert. Les chœurs d’enfants et de jeunes en particulier y trouveront un précieux répertoire.
Le site de l’association «Musique sacrée à Notre-Dame de Paris»
Christine Labroche
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