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03/21/2015 Joseph Haydn : Concertos pour piano en fa majeur, Hob.XVIII:3, en sol majeur, Hob.XVIII:4, et en ré majeur, Hob.XVIII:11 Jean-Efflam Bavouzet (piano), Manchester Camerata, Gábor Takács-Nagy (direction)
Enregistré au Royal Northern College of Music Concert Hall de Manchester (14 et 15 octobre 2013) – 60’33
Notice (en anglais, allemand et français) de Marc Vignal et Jean-Efflam Bavouzet
Chandos CHAN 10808 (distribué par Outhere France)
Comme l’explique de façon très précise Marc Vignal dans la notice de ce disque, Franz Joseph Haydn (1732-1809) n’a pas été un compositeur de concertos très prolixe. Pour autant, ses deux Concertos pour violoncelle ou son Concerto pour trompette ne doivent pas occulter ses autres compositions au sein desquelles on a récemment redécouvert ses Concertos pour violon. Voici là un nouvel exemple de ce pan méconnu de son œuvre car hormis le Onzième Concerto qui figure ici également, qui connaît vraiment ses autres concertos pour piano?
Marc Vignal réussit à détailler la genèse de chaque concerto, se basant sur divers éléments historiques qui mettent en évidence le fait que les dates précises de composition de chacun de ces concertos nous sont inconnues. On reconnaît néanmoins une véritable césure entre les Troisième (1766?) et Quatrième (1768 ?), où les éléments baroques se font encore sentir (notamment dans le Troisième à compter de 4’50, où l’on entend bien davantage Bach que Haydn), et le Onzième (1780?) qui, lui, a définitivement basculé dans le style classique. Le talentueux Jean-Efflam Bavouzet, qui s’est déjà illustré dans les Sonates de Haydn chez le même éditeur (voir ici), donne ici une interprétation tout en couleurs et en fraîcheur de ces trois pages dont on ressort totalement ragaillardi.
Dans le Troisième Concerto, le pianiste français fait preuve d’une liberté de ton, tout spécialement dans la cadence du deuxième mouvement (quel sens du cantabile...), que l’on retrouve de façon extrêmement plaisante dans un Finale. Presto qui n’est pas sans rappeler certains concertos pour clavier de Carl Philipp Emanuel Bach. Le Quatrième Concerto permet à Bavouzet d’être plus espiègle, jouant autant sur les notes que sur les ruptures et les silences à la faveur d’un mouvement où le ton (on entend presque Beethoven à 7’55) et la forme se veulent beaucoup plus libres que dans le précédent concerto – il suffit d’entendre la manière qu’a l’orchestre de réapparaître après la cadence jouée par le soliste. Après un deuxième mouvement plus contemplatif, on est emporté par le troisième, au jeu très mozartien (les appogiatures, les trilles, la mécanique impeccable de la mélodie): une belle réussite. Joué et enregistré par les plus grands, le Onzième Concerto est sans aucun doute la page la plus célèbre de ce disque. La parfaite entente entre le soliste et l’orchestre fait merveille dans le premier mouvement mais surtout dans le célèbre mouvement conclusif aux accents hongrois fort prononcés et où l’on retrouve avec plaisir l’humour dont Haydn sait faire preuve dans certaines de ses symphonies. Signalons à ce titre participation de la Manchester Camerata qui, irréprochable sous la baguette de Gábor Takács-Nagy, participe pleinement à la réussite de ce disque.
Cette gravure s’avère donc en tous points remarquable et surpasse à notre sens, pour celles que l’on connaît par ailleurs, les gravures (dans des couplages identiques) signées Leif Ove Andsnes avec l’Orchestre de chambre de Norvège (EMI) et Marc-André Hamelin avec Les Violons du Roy (Hyperion).
Le site de Jean-Efflam Bavouzet
Le site de Gábor Takács-Nagy
Le site de la Manchester Camerata
Sébastien Gauthier
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