About us / Contact

The Classical Music Network

CD

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

12/15/2014
Frédéric Chopin : Vingt-quatre Préludes, opus 28 – Prélude, opus 45 – Prélude en la bémol majeur – Mazurkas n° 36, opus 59 n° 1, n° 37, opus 59 n° 2, et n° 38, opus 59 n° 3 – Impromptu n° 3, opus 51
Andrew Tyson (piano)
Enregistré au Teldex Studio, Berlin (3-6 janvier 2014) – 50’
Zig-Zag Territoires ZZT 347 (distribué par Outhere) – Notice de présentation en français et anglais





Frédéric Chopin : Vingt-quatre Préludes, opus 28 – Mazurkas n° 1, opus 6 n° 1, n° 11, opus 17 n° 2, n° 13, opus 17 n° 4, n° 32, opus 50 n° 3 et n° 41, opus 63 n° 3 – Nocturnes n° 3, opus 9 n° 3, et n° 8, opus 27 n° 2
Ingrid Fliter (piano)
Enregistré au Potton Hall, Suffolk (9-12 juin 2014) – 57’
Linn Records CKD 475 – Notice de présentation en anglais





Frédéric Chopin : Vingt-quatre Préludes, opus 28
Serge Prokofiev : Sonate pour piano n° 7, opus 83
Franz Schubert : Drei Klavierstücke, D. 946

Yulianna Avdeeva (piano)
Enregistré au Vinci, Centre des Congrès de Tours (10-13 février 2014) – 91’
Double album Mirare MIR 252 – Notice de présentation en français, allemand et anglais





La discographie des Vingt-quatre Préludes (1839) de Frédéric Chopin (1810-1848) s’enrichit de trois nouvelles versions enregistrées en 2014 par un Américain, une Argentine et une Russe.


La surprise la plus grande vient d’Andrew Tyson (né en 1986), qui apporte une réponse aux énigmes des Préludes en respectant leurs mystères en suspens – déclarant, dans la notice, que «malgré la perfection méticuleuse de leurs détails, ils communiquent à l’auditeur un affect de convoitise et d’inachèvement. Comme chaque prélude déteint sur le suivant, nous sommes en présence de suggestions persistantes évoquant des chemins esquivés et d’autres possibilités au sein des figurations. Pour emprunter la description de Schumann, les préludes sont des "esquisses, des débuts d’études... des ruines". En un sens, ce sont des préludes à l’imagination, appelés à s’étoffer dans les oreilles d’auditeurs sensibles. Ce qui est le plus magnifique c’est peut-être ce qui n’est pas écrit».


Par l’attention égale portée aux détails (dont certains ressortent comme rarement) et à l’unité de l’architecture, le pianiste américain découvre des paysages inexplorés en arrière-plan de ces partitions pourtant si fréquentées. Jouant subtilement sur les valeurs et les nuances, un legato pudique se déploie avec grâce et musicalité. A force de mettre en valeur les voix secondaires, l’exécution perd probablement en impact et semble devoir se classer parmi les versions de complément (celles qui parcourent des chemins de traverse – passionnants à emprunter – à côté des voies royales tracées par les Argerich, Arrau et autres Bolet). Mais l’interprétation – d’une rare cohérence – déborde d’inventivité et de musicalité.


On retrouve ces qualités dans des compléments où la subtilité et la retenue ne cherchent qu’à étouffer l’héroïsme et le muscle (sans les rejeter): les deux Préludes complémentaires, le Troisième Impromptu et les Mazurkas opus 59, tous animés du souci de la ponctuation, de la narration et du chant. Bref, voici un pianiste formidablement prometteur, dont on mesure – avec bonheur – le chemin (immense) accompli depuis sa verte prestation lors du concours Reine Elisabeth à Bruxelles, il y a seulement un an.


Par comparaison, Ingrid Fliter (née en 1973) offre des Préludes plus traditionnels, voire – pour certains – ordinaires. Une impression générale que ne corrige nullement des choix de tempos assez lents et une rythmique parfois curieuse – comme dans ces Sixième et Septième Préludes totalement apathiques (un défaut qui affecte également la sélection de Nocturnes et surtout de Mazurkas, de peu d’intérêt) ou dans cet avant-dernier Prélude transformé en boîte-à-musique. Certes, ce très beau piano à la fois puissant et rigoureux sert un Chopin droit et ample (à la hauteur de la réputation de spécialiste du compositeur polonais que la pianiste argentine traîne depuis sa médaille d’argent au concours Chopin de Varsovie), comme le prouvent le Quatorzième Prélude, sombre et tempétueux, le Seizième parfaitement rectangulaire, le Vingt-quatrième sobrement mais rigoureusement balancé.


Un disque de qualité mais comme il en existe beaucoup et au sujet duquel on pourrait reprendre le commentaire formulé à propos du précédent album de la pianiste argentine consacré aux Concertos: un Chopin sans originalité aucune mais qui avance, déterminé et probe.


Si Ingrid Fliter a remporté le deuxième prix du Concours Chopin de Varsovie en 2000, la pianiste russe Yulianna Avdeeva (née en 1985) a été déclarée vainqueur de la très prolifique édition 2010 (devant Ingolf Wunder, Lukas Geniusas, Daniil Trifonov, Evgeni Bozhanov et François Dumont). Ses Préludes sont, des trois versions comparées ici, ceux qui collent le plus au texte – et aux canons traditionnels d’interprétation (bien qu’Avdeeva souligne dans la notice que «Chopin laisse aux pianistes ainsi qu’aux auditeurs la liberté de choisir leur interprétation propre de chaque prélude: il me semble qu’aucune autre pièce ne se prête à autant d’interprétations différentes que les Préludes»). On avoue une certaine déception face à cette approche de Chopin assez mainstream et parfois plate (un Sixième squelettique, un Douzième sans relief, un Seizième brutal...), dont certains moments démontrent pourtant des trésors d’éloquence.


L’album est complété par deux autres monuments de la littérature pianistique, qui en apprennent davantage sur la personnalité de l’interprète. Traités à la manière d’un Pollini, les Trois Klavierstücke (1828) de Schubert manquent certes de moelleux dans le muscle et d’unité dans l’architecture, mais elles dégagent une atmosphère singulière, presque dépressive dans le mi bémol majeur. La Septième Sonate (1942) de Prokofiev est dominée de belle manière, sans précipitation ni hystérie, avec une clarté de ton qui affadit quelque peu le propos (et parvient presque à plomber le Precipitato final) mais une concentration et un calme qui surprennent – notamment dans l’Andante caloroso.


Le site d’Andrew Tyson
Le site d’Ingrid Fliter


Gilles d’Heyres

 

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com