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12/15/2014
Jean-Philippe Rameau : Pièces de clavecin en concerts: Deuxième et Cinquième Concerts – Orphée – Le Berger fidèle
Mathias Vidal (ténor), Amarillis: Héloïse Gaillard (hautbois, flûte à bec), Violaine Cochard (clavecin), Alice Piérot (violon), Marianne Muller (basse de viole)
Enregistré à La Courroie, Entraigues-sur-la-Sorgue (février 2014) – 60’02
Naïve V 5377 – Notice (en français et anglais) d’Héloïse Gaillard et Patrick Florentin


 Sélectionné par la rédaction





Jean-Philippe Rameau (1683-1764), dont on célèbre cette année les 250 ans de la disparition, est certes connu pour avoir composé de superbes opéras mais il l’est peut-être moins pour avoir également écrit certaines œuvres au caractère plus intimiste, destinées à de petits effectifs, mais qui n’en portent pas moins cette marque de fabrique caractéristique, qui s’épanouit notamment dans une incroyable imagination mélodique.


C’est à ce répertoire que nous invite l’ensemble Amarillis qui, sous la houlette de ses cofondatrices Héloïse Gaillard et Violaine Cochard, nous permet d’entendre ici deux Concerts qui mettent en valeur le hautbois, et deux cantates qui, habituellement chantées par une voix de soprano, sont ici interprétées par un ténor.


Les Deuxième et Cinquième Concerts sont des œuvres assez intimistes parues en 1741. Lorsque l’on consulte L’avis aux concertans donné par Rameau lui-même dans l’édition originale, on lit notamment que «Tous les fons continus doivent être filés plutôt en adouciffant qu’en forçant, les fons coupés doivent l’être extrêmement avec douceur, & ceux qui fe fuccèdent fans interruption doivent être moeleux. C’est en faififfant bien d’ailleurs l’efprit de chaque Pièce, que le tout s’obferve a propos». La caractérisation est donc bel et bien la marque de fabrique de ces morceaux qui portent tous le nom de femmes ou d’amis auxquels Rameau choisit de rendre hommage, qu’il s’agisse de «La Laborde» (un ami auquel il prêta de fortes sommes d’argent et dont un des fils fut son élève avant, plus tard, de devenir premier Valet de la Chambre du Roi), «La Boucon» (en référence à Anne-Jeanne Boucon, claveciniste parisienne assez connue à l’époque pour avoir été l’épouse du compositeur Mondonville et dont un superbe portrait par La Tour peut être admiré à Chicago) ou de «La Cupis» (vraisemblablement en hommage à Marie-Anne de Cupis Camargo, danseuse étoile, également épouse d’un violoniste et compositeur belge de l’époque). A ce jeu-là, les musiciennes de l’ensemble Amarillis nous livrent une interprétation haute en couleur et en finesse. La fluidité du trait dans «La Laborde» contraste magnifiquement avec la réserve, voire l’intimité un peu triste de «La Boucon», «L’Agaçante» se révélant pour sa part beaucoup plus espiègle, le jeu de Violaine Cochard étant exemplaire par ses facéties. Dans le Cinquième Concert, où le hautbois n’intervient pas, «La Forqueray» se caractérise pour sa part par une assez grande noblesse dans le trait qui n’est pas sans évoquer les Concertos brandebourgeois.


Même si Charpentier a pu être un précurseur du genre en France (avec notamment sa cantate Orphée descendant aux Enfers en 1683), c’est Jean-Philippe Rameau qui aura donné au genre de la «cantate profane» ses lettres de noblesse. Généralement destinées à une seule voix avec un accompagnement minimaliste où alternent airs et récitatifs, ces pièces, qui s’inspirent fréquemment de sujets mythologiques, permettent au compositeur de donner à entendre de très beaux divertissements. Orphée (1721) compte trois airs, deux de tonalité joyeuse et un plus mélancolique. Mathias Vidal s’avère d’emblée extrêmement convaincant grâce à une diction sans faille, un jeu sur les tonalités et un véritable art de la déclamation auxquels répondent avec entrain les musiciennes d’Amarillis, notamment Héloïse Gaillard dans l’«Air très gai». Héloïse Gaillard et les siens ne pouvaient ensuite faire l’impasse sur la cantate du Berger fidèle (1728) puisqu’un des personnages évoqués n’est autre qu’Amarillis, dont le chanteur demande si celle-ci doit ou non périr... Amusante mise en abyme! Là encore, la variété des atmosphères (la tristesse de l’«Air plaintif» côtoie ainsi les tonalités champêtres de l’«Air gai», dans lequel Héloïse Gaillard a troqué le hautbois pour la flûte à bec) est parfaitement rendue par la voix chaude et les accents imagés de Mathias Vidal, lové dans un nid mélodique aux petits soins pour lui. La conclusion («Vous montrez comme il faut aimer») est à ce titre un modèle d’interprétation.


Sans nul doute, voici un disque tout en sensibilité et en finesse qui offre un magnifique hommage à Jean-Philippe Rameau, décidément bien gâté en cette année 2014...


Notre entretien avec Héloïse Gaillard
Le site de Mathias Vidal
Le site de l’ensemble Amarillis


Sébastien Gauthier

 

 

 

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