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08/14/2014
Antonín Dvorák : Symphonie n° 9 «Z nového sveta», opus 95, B. 178 [1] – Concerto pour violoncelle et orchestre n° 2 en si mineur, opus 104, B. 191 [2] – Concerto pour violon en la mineur, opus 53, B. 108 [3]
Ludwig van Beethoven : Symphonie n° 1 en ut majeur, opus 21 [4]

Maria Neuss (violon), Maurice Gendron (violoncelle), Koninklijk Concertgebouworkest [1, 3, 4], Grand Orchestre de Radio-Paris [2], Willem Mengelberg (direction)
Enregistré en public au Concertgebouw d’Amsterdam (23 et 24 avril 1940 [1], 25 mars 1943 [3] et 14 avril 1940 [4]) et au Théâtre des Champs-Elysées (16 janvier 1944 [2]) – 130’11
Coffret de deux disques Andromeda ANDRCD 9111





Willem Mengelberg (1871-1951) fait partie de ces chefs auxquels un orchestre, en l’occurrence celui du Concertgebouw d’Amsterdam, est indissolublement lié: Pierre Monteux n’aurait-il d’ailleurs pas dit que «L’histoire du Concertgebouw, c’est l’histoire de Willem!»? Il faut dire qu’il présida aux destinées de l’orchestre de 1895, année où il succède à Willem Kes, à sa mort, l’élevant à un niveau exceptionnel qu’il n’a jamais quitté depuis. Ayant programmé de grands cycles (une intégrale des œuvres de Mahler en 1920), une série de concerts consacrés en 1932 à la musique française sans oublier de fréquentes interprétations des Passions de Bach, il laisse derrière lui de très nombreux documents conservés, pour la plupart des concerts, dans les archives de la Radiodiffusion néerlandaise.


Les présents enregistrements, tous donnés en concert, témoignent d’une époque sombre pour les Pays-Bas, qui furent rapidement occupés par les troupes nazies, le pays ayant alors connu un régime d’occupation extrêmement dur mené sous la houlette d’Arthur Seyss-Inquart.


La version que Mengelberg nous donne ici de la Neuvième Symphonie d’Antonín Dvorák (1841-1904) est d’une très grande poésie. Commençons tout d’abord par signaler qu’au moins un autre enregistrement existe par les mêmes interprètes mais daté du 1er avril 1941 (Telefunken, un temps distribué par Teldec): les minutages étant extrêmement proches, on peut se demander s’il ne s’agit pas là, en vérité, du même enregistrement, à moins que Mengelberg n’ait dirigé l’œuvre à un an d’intervalle avec quelques secondes de différence seulement. La symphonie en elle-même est empoignée avec une vivacité surprenante par le chef hollandais, le premier mouvement contrastant ainsi fortement avec un superbe Largo pris, au contraire, de façon très mesurée, l’Orchestre du Concertgebouw faisant briller ses bois à commencer par un excellent cor anglais. On connaît ces variations importantes de tempo de la part de Mengelberg qui, parfois, peuvent être gênantes ou caricaturales mais, en l’espèce, la lecture de la symphonie n’en souffre guère. Le Scherzo est également pris vivement, peut-être même un peu brusquement, mais le dernier mouvement conclut une interprétation finalement bien faite même si elle souffre d’une prise de son plus que perfectible.


Le Second Concerto pour violoncelle du même Dvorák, gravé avec Maurice Gendron, n’est pas une nouveauté: le disque existait déjà chez l’éditeur Arkadia couplé avec la Symphonie en ré mineur de Franck, une autre version du concerto dirigé par le chef néerlandais existant par ailleurs avec Paul Tortelier, enregistrée celle-ci lors d’un concert donné au Théâtre des Champs-Elysées le 16 janvier 1944 (Malibran Music). Le concert donné ici présente avant tout un intérêt historique puisque Mengelberg, qui a souvent dirigé en France pendant l’Occupation, conduisait là le Grand Orchestre de Radio Paris, qui avait été créé à l’automne 1941 par Radio Paris (pour plus de détails sur l’histoire de cette phalange, on consultera aussi bien l’ouvrage de référence La Musique à Paris sous l’Occupation publié chez Fayard en octobre 2013 que le superbe livre consacré à l’histoire du Théâtre des Champs-Elysées). L’orchestre, qui donna son premier concert le 9 novembre de la même année, et qui s’illustra notamment dans un festival Beethoven donné du 18 mai au 18 juin 1944, fut dissous à la Libération. La prise de son du concerto est assez mauvaise mais permet tout de même de profiter de l’énergie insufflée à l’œuvre par Mengelberg. Bien que l’écoute ne soit pas toujours aisée (par ailleurs, lors des tutti orchestraux, la bande sature assez rapidement), le son du violoncelle de Maurice Gendron est agréable et pleine de générosité comme, notamment, dans le deuxième mouvement (Adagio ma non troppo), où le soliste dialogue de façon extrêmement poétique avec les clarinettes. Le troisième mouvement est bien mené en dépit d’une incontestable raideur orchestrale qui confère à cet enregistrement un intérêt très relatif.


Moins intéressant, le pourtant magnifique Concerto pour violon. La faute en incombe ici principalement à la violoniste Maria Neuss, dont les sonorités fausses handicapent gravement l’interprétation. L’élan du premier mouvement n’y est guère et l’orchestre ne se montre guère charmeur; le deuxième mouvement est globalement plus agréable à écouter mais le son faux (à 4’ notamment) ainsi que le dialogue et l’osmose entre soliste et orchestre, qui ne fonctionne pas vraiment, le disqualifient assez vite. Le Finale (Allegro giocoso ma non troppo) pèche pour sa part par une prise de son assez mauvaise et par quelques difficultés techniques que Maria Neuss ne parvient guère à surmonter (à partir de 1’30, où l’écoute est difficilement supportable à tous points de vue), l’orchestre étant pour sa part soumis à d’incessantes variations de tempo. Pour qui souhaiterait une version historique de ce concerto, qui plus est jouée par une violoniste, on ne peut que conseiller l’interprétation de Johanna Martzy dirigée par Ferenc Fricsay: le niveau est largement supérieur (Deutsche Grammophon dans la série The Originals). Enfin, en complément de ce second disque, la Première Symphonie de Beethoven, qui pâtit là aussi de quelques traits de mauvais goût (lesglissandi des violons dans le deuxième mouvement) et de changements de tempo qui font perdre à chaque mouvement toute sa cohérence (la fin de l’Adagio molto - Allegro con brio par exemple). Bref, on oubliera bien vite ce second disque qui ne mérite guère le détour, y compris pour les inconditionnels du chef.


Un site consacré à Willem Mengelberg


Sébastien Gauthier

 

 

 

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