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05/09/2014
«Sonic Philosophy: Colour and Affect»
Arvo Pärt : Fratres
Olivier Messiaen : Thème et Variations
Hugo Ticciati et Henrik Måwe : Three Improvisations on «A New Ground», ZT682, by Henry Purcell
Anton Webern : Vier Stücke, opus 7
Tōru Takemitsu : Hika
Johannes Marmén : Waiting
Charles Economou : Arjuna’s Transfiguration
Albert Schnelzer : Apollonian Dances
Henry Purcell : A New Ground, ZT682

Hugo Ticciati (violon), Henrik Måwe (piano)
Enregistré à Wyastone Leys, Angleterre (31 mai-2 juin 2013) – 64’57
ORCHID CLASSICS ORC 100038 – Notice (en anglais) de Simone Kotva et Hugo Ticciati





Des liens communs entre l’Angleterre et la Suède et leurs activités partagées entre les deux pays ont réuni les deux interprètes, Hugo Ticciati (né en 1980), frère aîné du chef Robin Ticciati, et Henrik Måwe (né en 1981), ainsi que les trois jeunes compositeurs qui figurent au programme. L’idée fondatrice de ce généreux programme, c’est le principe soit du motif répété, harmoniquement modifié, soit du thème avec variations posées sur le fameux ground indispensable à l’Angleterre des XVIe et XVIIe siècles, c’est à dire sur un ostinato et son prolongement, sur une succession d’accords ou de schémas harmoniques qui engendrent des mélodies à la basse. Le fil rouge c’est le New Ground (ZT682) que Henry Purcell avait composé en 1687 en option à celui de l’ode Welcome to all the pleasures (Z339, 1683), sa toute première composition pour la Sainte-Cécile. Au cours de l’enregistrement, Ticciati et Måwe ont improvisé par trois fois en direct des variations, non sans intérêt, sur et autour de ce «nouveau» ground dans un langage contrasté, actuel ou classique, audacieux ou doux. En conclusion du récital, le pianiste donne le ground dans toute sa belle simplicité poétique originelle.


Ils associent ainsi avec succès des compositeurs à l’impact aussi différent que, Pärt, Messiaen, Webern et Takemitsu grâce à des pièces soigneusement choisies en fonction de leur forme. Fratres (1977) pose neuf variations sur une succession d’accords au piano qui créent ce qui est en fait le thème principal. Thème et variations (1932) de Messiaen est autodescriptif: les cinq variations rayonnent de plus en plus vivement, les blocs d’accords mélodiques, sur lesquels d’abord elles se posent, brisés ensuite en une pluie argentée puis sublimés, comme la ligne du violon, avant le calme finale. La variation chez Webern – Quatre Pièces (1912) – devient la variation lyrique de l’attaque et du timbre et de la manière de les faire aboutir au silence dynamique, la résonance une partie intégrante du contrepoint. Hika (1966) est en soi une variation sur le troisième mouvement d’une pièce pour piano, Uninterrupted Rest, mais, annonçant au départ une série de douze sons, c’est ensuite l’exploitation harmonique de la série d’abord réduite à deux accords de six notes. Bien que sonnant de manière très différente, les quatre œuvres ont aussi en commun, l’indépendance des deux instruments, la gradation harmonique des motifs repris, le travail varié sur le timbre, une fine expressivité et la beauté sonore chromatique, modale ou atonale.


La prestation des deux instrumentistes est le plus souvent inspirée. La respiration généreuse de la pièce de Messiaen s’épanouit sous leurs doigts et leur sens du phrasé permet la fluidité du lyrisme inhérent aux Quatre Pièces et développe toute la finesse intime des perspectives sonores de Hika («Elégie»), le désarroi si bien exprimé au cœur de notes égrenées sur de larges intervalles. A tort ou à raison plus accentuée que dans d’autres versions, c’est pour Fratres de Pärt que l’indépendance des deux instruments est la plus frappante, le piano noblement réverbéré, le violon un électron libre de motifs resserrés qui tournoient sur un ostinato en double-corde.


Les trois brèves œuvres contemporaines connaissent ici leur premier enregistrement mondial. Waiting (2013) de Johannes Marmén (né en 1990) exploite aux deux instruments la variété d’attaque et l’épaisseur de la note morendo avec sa résonance, l’attente («waiting») étant entièrement dans la tension de l’instant. La plus violente entrée en matière d’Arjuna’s Transfiguration (2013) de Charles Economou (né en 1980) atteint aussitôt les hauteurs d’un calme plus spirituel aux aigus soyeux et exigerait peut-être une interprétation plus concentrée. Du compositeur suédois Albert Schnelzer (né en 1972), les deux mouvements contrastés d’Apollonian Dances (2003) sont peut-être plus accomplis bien qu’au langage à la fois original et relativement conservateur. «The Birth of Apollo» pose les lignes, aux notes perlées au piano, étirées au violon, sur un long accord résonant dans le grave extrême, accord dont la présence s’impose alors qu’il s’est tu, puis sur une série de doubles accords aux intervalles messiaeniques. Les motifs sur une note répétée d’«Adolescent Apollo», deviennent une turbulente danse effrénée aux fragrances klezmer, rythmée, impressionnante et décidément dionysiaque. Hugo Ticciati réussit avec éclat la cadence éblouissante avant la course vers l’explosion de joie conclusive.


La notice se concentre sur la philosophie de la composition et de l’écoute et sur la spiritualité éventuellement engendrée plus que sur la couleur et l’affect, la répétition et la variation. La justification de ce programme original reste néanmoins la parenté lointaine mais réelle entre les œuvres qui donne au programme sa cohérence et tout son panache.


Le site de Hugo Ticciati
La page de l’album sur le site d’Orchid Classics


Christine Labroche

 

 

 

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