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03/28/2014



Pour les pianistes, Beethoven demeure une figure quasiment imposée: rien d’étonnant à ce que cinq d’entre eux, poursuivant leurs intégrales ou se livrant à une sélection parmi les trente-deux Sonates, viennent encore d’apporter récemment de nouvelles contributions, d’intérêt inégal, à la connaissance de ce corpus.


Ludwig van Beethoven : Sonates pour piano n° 1, opus 2 n° 1, n° 2, opus 2 n° 2, n° 3, opus 2 n° 3, n° 28, opus 101, et n° 29 «Hammerklavier», opus 106
Paavali Jumppanen (piano)
Enregistré à Kuhmo (juin 2011 [Vingt-neuvième] et juin 2012) – 143’37
Ondine ODE 1248-2D





Paavali Jumppanen (né en 1974) débute-t-il une intégrale? La question se pose pour le pianiste finlandais, qui la donne en effet déjà en concert, au vu de ce double album placé sous l’égide de Kant («le ciel étoilé au-dessus de ma tête et la loi morale en moi»), dont il signe la notice (en anglais et en finlandais) et dans lequel il accomplit un grand écart entre les trois premières de l’Opus 2 et les deux précédant l’ultime triptyque (Vingt-huitième et Vingt-neuvième «Hammerklavier»). Dans ces interprétations claires et très pensées, la recherche n’obère pas la fluidité et l’élan mais, s’agissant du moins de l’Opus 2, flirte dangereusement avec le maniérisme: les reprises sont systématiquement respectées (y compris au retour de la partie principale des menuets ou scherzos) et, surtout, considérablement ornementées – jusqu’à ajouter des voix supplémentaires ou de courtes phrases. Cette démarche ludique et créative, sans volonté de faire pour autant référence au baroque ou au pianoforte, finit par paraître agaçante, voire déplacée, mais les moyens techniques, la variété du toucher, de la sonorité et du style et le jeu sur les contrastes attirent l’oreille – superbe Prestissimo de la Première. En revanche, comme Jumppanen s’en tient davantage au texte dans les deux sonates plus tardives, on le suit sans plus aucune réticence dans son parcours à la fois exigeant et constructif à travers ces œuvres.


Ludwig van Beethoven : Sonates pour piano n° 8 «Grande sonate pathétique», opus 13, n° 14 «Quasi una fantasia» («Mondscheinsonate»), opus 27 n° 2, et n° 17 «La Tempête», opus 31 n° 2
Alexej Gorlatch (piano)
Enregistré à Munich (4-6 juillet 2013) – 56’25
Oehms Classics OC 879





Pour son premier disque chez Oehms Classics, Alexej Gorlatch (né en 1988) a choisi trois célèbres sonates «à titre». On apprécie chez le pianiste ukrainien, qui réside en Allemagne depuis son enfance, un jeu vivant, riche en contrastes dans la Huitième Sonate «Pathétique». Restant cependant un peu trop à la surface des mouvements lents, il a tendance à alterner embardées velléitaires et discours prosaïque – ainsi d’une Quatorzième «Clair de lune» assez plate, avec un Presto agitato final réduit à sa seule dimension digitale, et d’une Dix-septième «La Tempête» guère plus intéressante.


Le site d’Alexej Gorlatch


Ludwig van Beethoven : Sonates pour piano n° 17 «La Tempête», opus 31 n° 2, n° 21 «Waldstein», opus 53, et n° 23 «Appassionata», opus 57
Soo Park (pianoforte)
Enregistré à Paris (11-13 septembre 2013) – 72’42
Label-Hérisson LH10 (distribué par Socadisc)





Soo Park a elle aussi opté pour trois célèbres sonates «à titre», mais se distingue par le choix d’un instrument d’époque, un Jakob Weimes (vers 1807), le même que son époux Mathieu Dupouy voici deux ans pour son enregistrement des ultimes sonates de Haydn, paru également chez Label-Hérisson (voir ici). Malgré un aigu un peu dur, le pianoforte permet des recherches sur les sonorités qui, à défaut d’urgence, confèrent de l’intérêt à la Dix-septième Sonate «La Tempête». De même, la Vingt-troisième «Appassionata» paraît un peu trop aimable, alors que la Vingt-et-unième «Waldstein», animée par un réel plaisir digital, constitue le point fort de cet album.


Ludwig van Beethoven : Sonates pour piano n° 11, opus 22, n° 12, opus 26, n° 13 «Quasi una fantasia», opus 27 n° 1, n° 14 «Quasi una fantasia» («Mondscheinsonate»), opus 27 n° 2, n° 15 «Pastorale», opus 28, n° 16, opus 31 n° 1, n° 17 «La Tempête», opus 31 n° 2, n° 18, opus 31 n° 3, n° 19, opus 49 n° 1, n° 20, opus 49 n° 2, et n° 21 «Waldstein», opus 53 – Andante favori, WoO 57
Jean-Efflam Bavouzet (piano)
Enregistré à Dunwich, Suffolk (16-18 janvier [Onzième à Quatorzième), 4-6 juin [Seizième à Dix-huitième] et 20-22 septembre [Quinzième, Dix-neuvième à Vingt-et-unième, Andante favori] 2013) – 217’44
Coffret de trois disques Chandos CHAN 10798(3)





Magnifiquement enregistré, Jean-Efflam Bavouzet (né en 1962) poursuit son intégrale dans l’ordre chronologique, qui s’est imposé comme une «évidence», ainsi qu’il s’en explique dans une note d’intention complémentaire de la notice (en anglais, allemand et français): «ce n’est qu’en écoutant celles de Beethoven dans leur ordre de composition que l’on peut se rendre compte du désir d’émancipation du compositeur par rapport à [la] pratique» des doubles reprises. Après un premier volume consacré aux dix premières sonates, voici donc les onze suivantes, incluant même l’Andante favori, version initiale du mouvement lent de la Vingt-et-unième Sonate «Waldstein». Dans une veine assez comparable à celle de Paavali Jumppanen – il ornemente d’ailleurs (mais beaucoup plus discrètement) les «petites» Dix-neuvième et Vingtième –, il ne pousse cependant pas la liberté jusqu’à s’écarter du texte, qu’il fait vivre avec autant, pour ne pas dire davantage, de liberté, de naturel et de souplesse. Mais la fantaisie est tellement maîtrisée que, comme dans le premier volume, on en vient à regretter une réserve, une prudence, voire une lenteur et un manque d’énergie. Sans préjuger du troisième et dernier volume, voici une intégrale qui, à ce stade, ne semble pas devoir atteindre le niveau – il est vrai très élevé – des deux autres grandes intégrales que le pianiste français a également enregistrées pour Chandos, celles de Debussy et de Haydn (en cours).


Le site de Jean-Efflam Bavouzet


Ludwig van Beethoven : Sonates pour piano n° 12, opus 26, n° 18, opus 31 n° 3, n° 22, opus 54, et n° 28, opus 101
Timothy Ehlen (piano)
Enregistré en public à Champaign, Illinois (11 novembre 2012 [Vingt-huitième] et 11 octobre 2013 [Dix-huitième, Vingt-deuxième]) – 76’33
Azica Records 71288





Timothy Ehlen (né en 1962) en est parvenu au septième et avant-dernier volume de son intégrale, qui, sans surprise, confirme les impressions laissées par le cinquième. Jamais pris en flagrant délit de mauvais goût, le pianiste américain se montre sage et sérieux mais appliqué, sans imagination ni relief ni fantaisie. Cela peut aller jusqu’à l’assoupissement – Menuetto de la Dix-huitième – tandis que la Douzième, en comparaison de celle de Bavouzet, se retrouve totalement dépourvue de caractère. Bien que réalisé en public, cet album ne porte pas la marque du concert, pas tant parce que les applaudissements ne sont conservés que pour la fin du disque que parce que la tension en principe inhérente au live paraît bien plus palpable dans bon nombre d’enregistrements de studio.


Simon Corley

 

 

 

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