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03/14/2014
Wolfgang Amadeus Mozart : Symphonie n° 41 en ut majeur, K. 551, «Jupiter»
Anton Bruckner : Symphonie n° 7 en mi majeur (version Haas)

Wiener Philharmoniker, Herbert von Karajan (direction)
Enregistré en public au Royal Festival Hall, Londres (6 avril 1962) – 92’36
ICA Classics ICAC 5102 – Notice en anglais de Richard Osborne





Anton Bruckner : Symphonie n° 7 en mi majeur (version Nowak)
London Philharmonic Orchestra, Stanislaw Skrowaczewski
Enregistré en public au Royal Festival Hall, Londres (24 octobre 2012) – 68’56
Notice en anglais de Stephen Johnson
LPO 0071





Captées toutes deux en concert au Royal Festival Hall de Londres, voici deux nouvelles interprétations de la célèbre Septième Symphonie de Bruckner qui viennent alimenter une discographie dès à présent fort riche.


Commençons par le plus classique, à savoir par cet enregistrement inédit d’un concert (officiel puisqu’il débute par les hymnes des deux pays, Royaume-Uni et Autriche) donné par le Philharmonique de Vienne à Londres en avril 1962 sous la direction de Herbert von Karajan. Sauf erreur, il s’agit du quatrième enregistrement de la «Jupiter» en concert par Karajan, puisque l’on disposait d’ores et déjà de celui capté en 1942 avec l’Orchestre de la RAI de Turin (Arkadia), de celui du 29 juillet 1957 au festival de Salzbourg (le disque, publié chez Deutsche Grammophon dans la collection «Festspiel Dokumente» y associant la «Haffner» et le Vingt-et-unième Concerto interprété par Géza Anda, Karajan dirigeant alors le Philharmonique de Berlin) et de celui, tardif cette fois-ci, enregistré avec Vienne au Musikverein le 24 mai 1987, où le maestro autrichien dirigeait également une géniale Quatrième Symphonie de Schumann (disque publié chez Edition Kurier-Vienna Philharmonic Records).


Ce qui frappe en premier lieu ici, c’est bien évidemment la vivacité des tempi: même si chacun des trois enregistrements comprend des applaudissements, la présente version s’avère être la plus rapide (27’08 contre 27’16 pour la captation salzbourgeoise et même 32’01 pour l’enregistrement viennois), le premier mouvement faisant à lui seul 3 minutes de plus entre le concert de 1962 et celui de 1987. Le discours, d’une parfaite fluidité, est allégé et Vienne est à son meilleur, les interventions des bois (hautbois et basson) témoignant de l’excellence de la phalange, pour qui Mozart fait figure de pain quotidien. Le deuxième mouvement (Andante cantabile) n’aura jamais aussi bien porté son nom, l’orchestre chantant non avec tristesse mais avec une once de nostalgie néanmoins, la finesse des cordes étant là encore tout à fait exemplaire. Quant au dernier mouvement (Molto allegro), il est également du plus haut niveau, évitant le côté brouillon de l’enregistrement réalisé avec Berlin où l’orchestre avait parfois un peu de mal à suivre le rythme trépidant imposant par le chef.


La Septième Symphonie de Bruckner est très intimement liée à la carrière de Karajan: ce fut d’ailleurs la dernière œuvre qu’il a enregistrée (pour Deutsche Grammophon) et donnée en concert, le 23 avril 1989, avec le Philharmonique de Vienne. Si l’on dispose de plusieurs enregistrements effectués en studio, on ne compte en revanche qu’une seule gravure en concert, disponible chez Arkadia, avec le Philharmonique de Berlin, également enregistrée au Royal Festival Hall de Londres, le 6 juin 1969. La présente version, bien supérieure à celle de 1969 (qui souffre notamment d’une mauvaise prise de son), frappe par le sens des contrastes que Karajan distille tout au long de l’œuvre. Le Scherzo est à lui seul une merveille, la violence implacable du thème étant d’autant plus impressionnante que la partie centrale est douce et voluptueuse (le mouvement est d’ailleurs pris plus rapidement, 9’50 contre 10’04 dans la version berlinoise de 1969). Qu’il s’agisse des premier ou deuxième mouvements (le célèbre Adagio), le Philharmonique de Vienne démontre par ailleurs toute la palette de ses talents, l’amplitude des pupitres de cordes le disputant aux interventions solistes des bois et des cuivres. Même si, notamment pour des raisons humaines, on lui préfère largement la version ultime gravée par le maître autrichien, le présent concert ne peut que forcer l’admiration.


Moins célèbre que le précédent chef, Stanislaw Skrowaczewski livre également une très bonne version de la Septième de Bruckner, le disque reflétant un concert donné à la tête de l’Orchestre philharmonique de Londres en octobre 2012. Né en 1923, Skrowaczewski fait autorité dans Bruckner, son compositeur fétiche dont il a d’ailleurs enregistré une intégrale du plus haut niveau à la tête de l’Orchestre symphonique de la Radio de Sarrebruck, rééditée en 2013 (OEHMS Classics). Le présent enregistrement témoigne effectivement d’affinités évidentes avec le maître de Saint-Florian, le chef polonais ayant choisi (comme dans tous ses autres enregistrements de la Septième) l’édition établie par Nowak. Pour autant, la faute peut-être à l’orchestre ou à l’âge avancé du chef lors de ce concert, on perçoit en plus d’une occasion de sérieuses baisses de tension, ce qui peut être facilement rédhibitoire chez ce compositeur. Ainsi, dans le premier mouvement, pourtant noté Allegro moderato, certains passages (à partir de 5’47 notamment) sont pris de façon nonchalante et très retenue, qui ne cadre pas avec l’appréhension que l’on se fait habituellement de cette symphonie. L’Adagio est en revanche de toute beauté, les Wagner-Tuben sonnant de façon quasi crépusculaire au milieu d’un tapis de cordes dont la cohésion fait frémir l’auditeur. Certes, le déroulé est très lent – 24’22 contre 22’07 chez Karajan – mais la maîtrise du trait que l’on perçoit constamment contribue à en faire un moment contemplatif de tout premier ordre. Si le Scherzo n’appelle aucun commentaire spécifique, on regrettera le ralenti excessif du Finale, la symphonie finissant par s’enliser plus qu’à conclure sur une note véritablement majestueuse et solennelle.


Sébastien Gauthier

 

 

 

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