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03/06/2014
Georg Philipp Telemann : Concertos pour flûte alto en sol mineur et en do majeur, TWV 51 : C1
Christoph Graupner : Ouverture pour flûte alto et cordes en fa majeur, GWV 447
Johann Christoph Schultze : Concerto pour flûte alto en sol majeur

Dorothee Oberlinger (flûte à bec), Ensemble 1700, Reinhard Goebel (direction)
Enregistré à la Paterskirche de Kempen (9-12 février 2009) – 66’48
Deutsche Harmonia Mundi 88697509662 – Notice (en anglais, allemand et français) de Reinhard Goebel





Georg Philipp Telemann : Suite en la mineur, TWV 50 : A3 – Concerto pour flûte à bec et flûte traversière en mi mineur, TWV 52: E1 – Concerto pour flûte à bec et basson en fa majeur, TWV 51 : F1 – Concerto pour flûte à bec et viole de gambe en la mineur, TWV 52 : A1
Dorothee Oberlinger (flûte à bec), Ensemble 1700
Enregistré au Neumarkt de Reitstadel (29 septembre-2 octobre 2012) – 74’07
Deutsche Harmonia Mundi 88765445172 – Notice (en anglais, allemand et français) de Dorothee Oberlinger





«Concertos royaux pour flûte à bec: musique à la cour du Roi Frédéric IV»
Christoph Graupner : Ouverture pour flûte à bec et cordes en fa majeur, GWV 447 – Concerto pour flûte à bec, cordes et basse continue en fa majeur, GWV 323
Johann Adolph Scheibe : Concerto à quatre pour flûte à bec, cordes et basse continue en si bémol majeur
Johann Gottlieb Graun : Double concerto pour flûte à bec, violon, cordes et basse continue en ut majeur, WilG 3
Anonyme (arrangement Maciej Prochaska) : La Suite de la Princesse, pour flûte à bec, cordes et basse continue en ré mineur
Johann Christian Schickhardt : Sonate en ut mineur pour flûte à bec et basse continue, opus 8 n° 4 : «Più vivace»

Arte Dei Suonatori, Bolette Roed (flûte à bec et direction)
Enregistré dans la Chambre des Miroirs du Château de Pszczyna (13-16 mars 2013) – 75’34
Dacapo 6.220630 – Notice (en anglais et en danois) de Jeppe Priess Gersbøll





«The Virtuoso Recorder II»
Giuseppe Sammartini : Concerto pour flûte à bec et cordes en fa majeur
Nicola Fiorenza : Concerto pour flûte alto, deux violons et basse continue en la mineur
Francesco Mancini : Concerto pour flûte n° 14, deux violons et basse continue en sol mineur
Francesco Montanari : Concerto pour flûte sopranino, deux violons et basse continue en si bémol majeur
Johann Adolf Hasse : Sonate pour flûte alto et basse continue en si bémol majeur
Giuseppe Tartini : Concertino pour flûte alto, deux violons et basse continue en fa majeur
Leonardo Vinci : Concerto pour flûte à bec, violons et basse continue en la mineur
Giovanni Antonio Piani : Sonate pour flûte à bec et basse continue en sol mineur, opus 1 n° 7

Cappella Academia Frankfurt, Michael Schneider (flûte et direction)
Enregistré dans la grande salle de la Hochschule für Musik und Darstellende Kunst de Francfort (31 août-9 septembre 2011) – 76’33
cpo 777 316-2





De très nombreux compositeurs écrivent pour la flûte à bec jusqu’au milieu du XVIIIe siècle, époque à laquelle la flûte traversière la supplante progressivement en raison notamment de certains perfectionnements techniques dont ce dernier instrument bénéficie alors. Il convient de préciser néanmoins que la flûte à bec est restée longtemps populaire en Allemagne, contrairement à la France où la flûte traversière prend l’ascendant dès le XVIIe siècle (sur cette histoire, on consultera le toujours indispensable Guide des instruments anciens). Parmi les œuvres célèbres de cette époque, on peut évidemment citer les concertos pour flûte à bec de Vivaldi ou l’usage qu’en fait Bach dans le Quatrième Concerto brandebourgeois; les quatre disques qu’il nous est ici donnés d’entendre témoignent également des compositions qu’ont pu lui destiner plusieurs de leurs contemporains.


Dans son premier disque, Dorothee Oberlinger, flûtiste native (en 1969) d’Aix-la-Chapelle, démontre dès la première note du Concerto pour flûte alto de Telemann sa virtuosité et ses affinités avec ce répertoire. D’emblée, celui-ci apparaît comme un modèle d’équilibre: débutant par un premier mouvement allant, de facture certes classique mais ô combien séduisante, les aspects techniques ne dominent jamais la dimension purement mélodique de la partition. Dorothee Oberlinger use à cette occasion d’une splendide flûte alto, accompagnée avec le soin qu’on lui connaît par Reinhard Goebel, violoniste, altiste puis chef rompu à un répertoire qu’il a contribué à faire découvrir au plus grand nombre. Volontaires dans les traits, précis dans les attaques, dynamiques dans le phrasé, Oberlinger et Goebel offrent ici une interprétation idéale d’un concerto magnifique. Il en va de même dans son alter ego, le concerto suivant, toujours composé par Telemann, également destiné à la flûte alto même si l’instrument s’aventure davantage dans le registre aigu que dans l’œuvre précédente. Les facéties des cordes (pizzicati, arrêts soudains et relances endiablées) offrent un très agréable dialogue avec une flûte maîtrisée de façon toujours aussi époustouflante par la soliste allemande. C’est là surtout le deuxième mouvement, un Andante, qui séduit par ses légères accentuations qui donnent un formidable dynamisme à un passage pourtant pris à une allure extrêmement raisonnable. Moins connu que Telemann, Christoph Graupner (1683-1760) a laissé des œuvres fortement diversifiées (ouvertures, concertos, symphonies mais aussi cantates) où, dans les instruments à vent requis, dominent les cuivres et les chalumeaux (ancêtres des clarinettes). Pour autant, la flûte est souvent présente dans les œuvres de ce compositeur, qui a passé l’essentiel de sa carrière à la cour de Darmstadt: la présente Suite pour flûte alto et cordes l’illustre parfaitement. Comptant six mouvements d’une durée totale de près de trente minutes, elle fait alterner de façon assez attendue les mouvements lents et rapides, l’Ouverture comptant à elle seule divers tempi joués dans un climat bucolique réjouissant. Quant au Concerto pour flûte alto de Johann Christoph Schultze, il s’agit vraisemblablement d’une pièce apocryphe, qui n’en demeure pas moins agréable à écouter même si elle ne se caractérise guère par sa recherche.


Dans le deuxième disque de pièces concertantes, cette fois-ci exclusivement de la main de Telemann, décidément bien prolixe pour cet instrument, le plaisir d’écoute et la perfection du jeu sont toujours présents. La Suite en la mineur, succession de sept mouvements, est un archétype de ce que pouvait composer Telemann dans le genre «divertissant». Alternant très adroitement pièces rapides où la flûte démontre toute sa virtuosité («Les Plaisirs» ou «La Réjouissance», passages enthousiasmants sans fioritures inutiles) et mouvements plus lents où seul l’apaisement du climat importe («Air à l’italien»), cette Suite séduit de bout en bout l’auditeur. Auditeur qui poursuit sa plongée dans le célèbre Concerto pour flûte à bec et flûte traversière qui a notamment donné lieu à un superbe enregistrement du Musica Antiqua Köln (Archiv Produktion). En l’espèce, Dorothee Oberlinger, épaulée à la flûte traversière par Michael Schmidt-Casdorff, livre à son tour une excellente version de ce magnifique concerto: les timbres s’entremêlent délicatement, les appogiatures enjolivent le discours avec mesure et fort à propos, le dialogue entre solistes et orchestre est parfait (quel Presto notamment!). Sans nul doute, une des grandes versions discographiques de cette œuvre enregistrée pourtant à de multiples reprises. Beaucoup moins connu, car notamment destiné à un duo peu courant, le Concerto pour flûte à bec et basson, dont on connaissait une version assez ancienne (Frans Brüggen à la flûte et Otto Fleischmann au basson, tous deux accompagnés par le Concentus Musicus dirigé par Nikolaus Harnoncourt), est une belle œuvre mais retient l’attention encore une fois davantage en raison d’un duo original que de l’intérêt musical de la partition, plutôt convenue dans les deux mouvements rapides. Beaucoup plus intéressant en revanche, ce Concerto pour flûte à bec et viole de gambe où domine un ébouriffant Allegro qui se caractérise presque par un «trop plein de sons»: on en ressort émerveillé autant qu’épuisé, l’ensemble des interprètes se montrant bien évidemment à la hauteur de la tâche qui les attendait.


Dans le disque qu’elle consacre à la musique à la cour du roi du Danemark Frédéric IV (1671-1730), souverain lettré et qui reste célèbre pour avoir aboli le servage dans son pays, la Danoise Bolette Roed a également choisi de rendre hommage à plusieurs compositeurs. Et pour commencer, le hasard veut qu’elle interprète cette même Suite pour flûte à bec et cordes en fa majeur de Christoph Graupner qui figure dans le premier disque de Dorothee Oberlinger et dont on entend également un très beau concerto, où le jeu de la soliste se marie fort élégamment à un orchestre aux interventions italianisantes que l’on pourrait croire composées par Vivaldi. Son jeu se veut moins tranché que celui de sa consœur allemande mais, en voulant être plus parfait, il perd en mordant et en intensité au risque même de paraître un peu lisse. Ainsi, on aurait par exemple aimé «Plaisanterie» plus frivole que celle-ci, soignée certes mais tellement attendue. Bolette Roed nous livre par ailleurs un très beau concerto, composé cette fois-ci par Johann Adolph Scheibe (1708-1776), surtout connu pour avoir créé le premier journal de critique musicale au monde. Cette œuvre minimaliste (trois mouvements de trois minutes et quelques secondes chacun) est d’une surprenante fraîcheur et d’une très belle facture: c’est certainement un des points forts de ce disque. Egalement assez peu connu, Johann Gottlieb Graun (1703-1771) livre ici un très intéressant concerto où la flûte est soliste au même titre qu’un violon, chaque voix ayant par ailleurs toute son importance et ne jouant jamais le seul rôle de faire-valoir; Bolette Roed livre de nouveau un jeu empli de délicatesse et d’entrain, concluant ce disque par le dernier mouvement d’une suite anonyme composé sur la célèbre mélodie des Folies d’Espagne.


Enfin, on retrouve avec un très grand plaisir Michael Schneider qui, après un premier disque enregistré en 2009 et consacré aux virtuoses allemands de la flûte à bec (illustré par des compositeurs comme Fasch, Stulick ou Scheibe), récidive avec ce disque dédié cette fois-ci aux maîtres italiens de cet instrument. Les affinités entre Schneider et ces compositeurs ne sont pas nouvelles puisqu’il avait déjà enregistré en 1995 un disque de sonates pour flûte à bec composées notamment par Francesco Mancini, Pietro Castrucci ou Alessandro Scarlatti (Capriccio). Passons rapidement sur le Concerto pour flûte alto de Nicola Fiorenza que l’on connaissait déjà sous la direction tout aussi soignée de Stefano Demicheli et écoutons plutôt le très rare Concerto pour flûte alto, deux violons et basse continue de Francesco Mancini (1679-1739): le soin de l’interprétation et l’approche tout en délicatesse de Michael Schneider sont splendides. Ce concerto offre ainsi un utile complément aux Sixième et Dix-neuvième concertos de Mancini que l’on peut écouter par ailleurs interprétés par Bart Coen (Sony). Le Concerto pour flûte sopranino dont l’identité exacte de l’auteur nous est inconnue – est-ce Francesco Montanari? est-ce même une pièce de la plume de Händel sachant que l’on pourrait sans grande peine l’attribuer à Vivaldi? – constitue pour sa part un petit bijou de 7 minutes où l’oreille se laisse porter sans peine, se contentant d’apprécier notamment un Adagio tout à fait enjôleur. Là aussi, un bien beau disque.


Le site de Dorothee Oberlinger
Le site de l’ensemble Arte dei Suonatori
Le site de Bolette Roed
Le site de Michael Schneider


Sébastien Gauthier

 

 

 

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