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03/05/2014
Arnold Schönberg : Verklärte Nacht, opus 4 – Kammersymphonie n° 2, opus 38
Anton Webern : Langsamer Satz, M. 78

Orchestre de chambre de Lausanne, Heinz Holliger (direction)
Enregistré à Lausanne (07-12 janvier 2013) – 62’29
Zig-Zag Territoires ZZT 227328 (distribué par Outhere) – Notice (en français, anglais et allemand) de Philippe Albèra





Sélectionné par la rédaction


Heinz Holliger et les musiciens de l’Orchestre de chambre de Lausanne livrent une très belle interprétation d’un programme qui, par sa conception même, se révèle d’un fascinant équilibre. Il bénéficie d’une prise de son chaleureuse, d’une belle présence, et le plaisir comme la satisfaction d’écoute sont grands. L’originalité du programme vient de la présence du Langsamer Satz de Webern, écrit en 1905 pour quatuor à cordes, créé seulement en 1965 et donné ici dans une version pour orchestre à cordes qui souligne encore davantage l’influence du maître (Schönberg) sur l’élève à l’époque, aussi bien directement par le style de La Nuit transfigurée (1899) que par l’importance manifestement accordée à Brahms, à Wagner et à Mahler.


Malgré la passion des élans, malgré la polyphonie fine, ce mouvement pour quatuor du jeune Webern n’a ni la densité d’écriture ni le fourmillement d’idées riches en relations nécessaires à une extension satisfaisante à l’orchestre et, malgré l’intérêt de sa présence ici, on peut préférer la version originale. En revanche, élaborée par Schönberg lui-même en 1916 et révisée en 1943, la version pour orchestre à cordes du sextuor original reste d’une beauté transcendante. Holliger en accentue le lyrisme effréné et l’intensité poétique des sentiments qui le sous-tendent, les solistes mis en poignant relief par rapport à un somptueux tutti aux couleurs subtiles et aux fluctuantes textures éloquentes. L’effectif des pupitres des cordes (avec contrebasses) de la phalange vaudoise est ici diminué ou augmenté par rapport à l’ordinaire dans un rééquilibrage des forces analogue à celles du sextuor. Sous la direction du chef suisse, l’œuvre et la densité de son propos déferlent, comme il se doit, en une splendeur sismique, prenante, bouleversante, tourmentée et in fine lumineuse, la maîtrise et l’expressivité des musiciens de Lausanne totalement engagées.


A ce grand classique Holliger adjoint une œuvre bien moins souvent à l’affiche comme il l’avait fait il y a vingt ans à la tête de l’Orchestre de chambre d’Europe (Teldec). Les deux versions se comparent mais la prise de son ici rend admirablement compte de l’espace acoustique et donc du relief orchestral si important pour les deux œuvres. Haute en couleur et en émotions, la Seconde Symphonie de chambre se destine à un orchestre de chambre de grandes dimensions. Schönberg l’entreprit en 1906, la Première tout juste achevée, mais, ses idées musicales alors en pleine ébullition, il l’abandonna, comme il le fit de nouveau en 1911 et 1916, pour la parachever enfin en exil aux Etats-Unis en 1939, respectant, en pleine période sérielle, la tonalité élargie de la partition à ses origines. Il soude les deux premiers mouvements déjà écrits en un seul Adagio, sombre, tendu et dramatiquement élégiaque et reconstruit ce qui est maintenant le second mouvement, l’indication Con fuoco convenant aussi bien au quasi-scherzo qui le lance qu’à la noirceur de ton de la longue coda tragique. Holliger a le souci de souligner la parenté avec l’expressivité de la Nuit transfigurée sans en rien négliger l’évolution stylistique, et il démontre par la même occasion à quel point se trouvent ici fusionnées la distance analytique et la souffrance humaine.


Il manque peut-être la légèreté de touche et donc la clarté instrumentale de la magnifique version de Boulez à la tête de l’Ensemble intercontemporain (Sony), la coda finale bouleversante. Le même souci de transparence sied aussi à La Nuit transfigurée dont les versions, limpides ou pesantes, sont légion. Ici, la richesse des interprétations de Heinz Holliger et de ses musiciens n’en est pas moins grande et on se laisse facilement emporter sur ces immenses vagues sonores chargées de sens, la plénitude atteinte. C’est une belle réussite.


Le site de l’Orchestre de chambre de Lausanne


Christine Labroche

 

 

 

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