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02/08/2014
«Phantasy»
Frank Bridge : Phantasy pour quatuor avec piano en fa dièse mineur
Bohuslav Martinů : Quatuor avec piano, H. 287
Robert Schumann : Quatuor avec piano en mi bémol majeur, opus 47

Quatuor Mariani: Philipp Bohnen (violon), Barbara Buntrock (alto), Peter-Philipp Staemmler (violoncelle), Gerhard Vielhaber (piano)
Enregistré à Berlin (11-14 octobre 2012) – 62’01
Genuin GEN 13259 – Notice en anglais et en allemand du Quatuor Mariani





 Sélectionné par la rédaction


Pour son premier disque, le jeune Quatuor (avec piano) Mariani, fondé en 2009, propose un beau programme insolite mais engageant composé des uniques Quatuors avec piano reconnus de Robert Schumann (1810-1856), Frank Bridge (1879-1941) et Bohuslav Martinů (1890-1959), le premier composé en 1842 et le troisième exactement cent ans plus tard. Malgré les styles contrastés et le degré de renom des trois œuvres, les Mariani les abordent dans un même esprit qui, loin d’y accentuer les caractéristiques de tel ou tel courant musical, consiste à chercher à en libérer l’originalité de leur caractère profond. L’entente et l’écoute qui existent entre les quatre musiciens ne laissent aucun doute et l’esthétique de la prise de son chambriste et claire, attentive à l’équilibre entre les quatre instruments, convient tout à fait à leur prestation.


Le nom du quatuor allemand vient du célèbre luthier Antonio Mariani, facteur de l’alto (c. 1650) que joue Barbara Buntrock. Frank Bridge, compositeur et altiste actif en musique de chambre, ne pouvait donc qu’attirer l’attention des jeunes musiciens et le titre donné au récital est celui de son Quatuor de 1910. Le mécène W. W. Cobbett encourageait les compositeurs anglais de l’époque vers l’esprit du mouvement unique des fantaisies pour clavier ou pour consort de violes de l’âge d’or élisabéthain, et, comme Vaughan Williams, Bax, Goossens ou Ireland entre autres, Bridge ne resta pas insensible à l’appel. Après un Quatuor à cordes et un Trio avec piano, sa troisième «Phantasy», commande de Cobbett pour quatuor avec piano, confirme son attachement au principe cyclique et à la structure en arche. Si l’esprit est celui de la fantaisie, le style en est encore celui de sa jeunesse – une houle postromantique encore brahmsienne retouchée avec bonheur par la limpidité d’un Fauré. Menant au sommet de l’arche, le passage le plus remarquable est un scherzo dont le trio rappelle l’intense premier thème mais dont le principal tient de la légèreté mendelssohnienne grâce à une partie de piano originale, agile et accorte, en contrepoint des cordes harmoniquement unies. Le quatuor soigne l’ample respiration des lignes, le piano d’une lumineuse clarté délicate.


Quoique de seulement onze ans le cadet de Bridge, Bohuslav Martinů appartient à une toute autre génération. Son univers sonore très particulier frappe l’oreille dès les premières mesures de son magnifique Quatuor (1942) que l’on regrette de ne pas voir plus souvent à l’affiche. Au-delà de ce qui les unit, les trois mouvements, fondés sur une gamme ascendante fluide et énergique, présentent un grand contraste de climats, le premier une riante course en avant taquine et espiègle, le deuxième d’une profondeur contemplative aux regrets enfouis, émouvant comme le sont si souvent les mouvements lents de Martinů, et le troisième une habile synthèse chaleureuse aux sonorités inouïes. L’ensemble relève d’une éblouissante qualité d’inspiration et de facture. Les quatre instrumentistes le servent bien, mettant en valeur par la finesse de leurs attaques les lignes déliées, les imprévus rythmiques et l’unicité de son caractère fantasque. On entend seul le trio à cordes pendant la première moitié de l’Andante, le contrepoint délicat en tout point respecté jusque dans sa fine dissonance expressive. La musicalité et la variété de toucher du pianiste, à la fois ailé et ferme, allie le vif-argent à la grâce tout à fait dans l’esprit de cette partition merveilleuse.


C’est avec une même attention au détail et à la clarté des lignes qu’ils s’abordent le monument qu’est le Quatuor avec piano (1842) d’un Schumann en pleine possession de son génie mélodique et au plus riche de sa science musicale. L’écoute entre les musiciens et leur sens du phrasé permettent de ciseler la mise en place des nombreux passages en canon, en fugato ou en mouvement perpétuel et leur expressivité rend justice non seulement au thème mélodique de l’Andante aux délicieuses variations mais aussi à la qualité hymnique ou lyrique des brèves introductions ou intermèdes en trio dans les trois premiers mouvements. L’indispensable maîtrise instrumentale ne leur manque pas et le redoutable Finale en est la confirmation absolue. Leur puissante interprétation véloce, fougueuse et enthousiaste reste d’une précision et d’une netteté sans faille.


Les bonnes interprétations du Quatuor avec piano de Schumann sont légion et chacun aura ses préférences mais ce jeune quatuor, par sa présence vive, par son engagement et par sa maîtrise, mérite que l’on s’attarde sur sa prestation. L’association originale de ces trois Quatuors précisément, chacun régulièrement programmé par le Quatuor Mariani au concert, plaide largement en sa faveur.


Le site du Quatuor Mariani


Christine Labroche

 

 

 

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