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01/15/2014
«Arie per Caffarelli»
Johann Adolf Hasse: Siroe: «Fra l’orror della tempesta» et «Ebbi da te la vita»
Leonardo Vinci: Semiramide riconosciuta: «In braccio a mille furie»
Leonardo Leo: Demofoonte: «Misero pargoletto» et «Sperai vicino il lido»
Nicola Antonio Porpora: Semiramide riconosciuta: «Passaggier che sulla sponda»
Giovanni Battista Pergolesi: Adriano in Siria: «Lieto così talvolta»
Pasquale Cafaro: L’Ipermestra: «Rendimi più sereno»
Domenico Sarro: Valdemaro: «Un cor che ben ama»
Gennaro Manna: Lucio Vero ossia il vologeso: «Cara ti lascio, addio» – Lucio Papiro dittatore: «Odo il suono di tromba guerriera»

Franco Fagioli (contre-ténor), Il Pomo d’Oro, Riccardo Minasi (direction)
Enregistré à la Villa San Fermo de Lonigo, Vicence (25 août-3 septembre 2012) – 66’48
Naïve V 5333 – Notice exemplaire (en français et en anglais) de Nicholas Clapton et Patrick Barbier et traduction des textes chantés


Must de ConcertoNet





«Venezia: Opera Arias of the Serenissima»
Antonio Caldara: Adriano in Siria: «Barbaro non comprendo»
Giovanni Porta: La costanza combattuta in amore: «Mormorando quelle fronde»
Antonio Vivaldi: «A piedi miei svenato» – «Anche in mezzo a perigliosa» – Argippo, RV 697: «Io son rea dell’onor mio» – La verità in cimento, RV739: «Mi vuoi tradir, lo so» – Motezuma, RV 723: «Quel rossor che in volto miri»
Francesco Gasparini: Flavio Anicio Olibrio: «Dolce mio ben, mia vita»
Geminiano Giacomelli: Merope: «Sposa... non mi conosci»
Tomaso Albinoni: Il nascimento de l’Aurora: «Pianta bella, pianta amata»
Giuseppe Sellitto: Nitocri: «Anche un misero arboscello

Max Emanuel Cencic (contre-ténor), Il Pomo d’Oro, Riccardo Minasi (direction)
Enregistré à la Villa San Fermo de Lonigo, Vicence (27 août-3 septembre 2012) – 63’26
Erato 50999 46454522 – Notice (en anglais, français et allemand) de Frédéric Delaméa







«Farinelli. Porpora Arias»
Nicola Porpora: Arianna e Teseo: «Mira in cielo» – Semiramide riconosciuta: «Sì pietoso il tuo labbro» – Semiramide Regina dell’Assiria: «Come nave in ria tempesta» – Polifemo: «Placidetti zefiretti», «Alto Giove» et «Nell’attendere il mio bene» – Mitridate: «La gioia ch’io sento» – Ifigenia in Aulide: «Le limpid’onde» et «Nel già bramoso petto» – Orfeo: «Dall’amor più sventurato» et «Sente del mio martir»

Philippe Jaroussky (contre-ténor), Cecilia Bartoli (mezzo), Venice Baroque Orchestra, Andrea Marcon (direction)
Enregistré à la Gustav-Mahler-Saal du Centre culturel de Dobbiaco (14 et 15 août, 30 septembre et 1er-7 octobre 2012)
Erato 50999 9341332 9 – Notice trilingue (anglais, français et allemand) de Philippe Jaroussky et Frédéric Delaméa


Sélectionné par la rédaction





Voilà trois disques qui ne demandaient qu’à être réunis en une même chronique: quelle surprise, en effet, de constater que Max Emanuel Cencic est le directeur artistique et l’un des producteurs du disque de son comparse Franco Fagioli, tandis que les notices nous révèlent que les enregistrements des deux contre-ténors se sont par ailleurs déroulés exactement à la même période, avec le même orchestre et, qui plus est, en un même lieu! Quant à Frédéric Delaméa, incontournable auteur d’articles et de notices sur cette époque, il fait le lien entre les disques de Cencic et de Jaroussky en en signant à chaque fois les commentaires.


Au-delà de ces coïncidences modernes, ces trois disques nous plongent avec une joie incommensurable dans cette vie opératique de la première moitié du XVIIIe siècle.


Commençons par le disque de Franco Fagioli (né en 1981) qui, à bien des égards, est le plus réussi des trois. La virtuosité de la voix est bien évidemment en tous points comparable à celle de ses deux camarades, mais Fagioli semble bénéficier d’un surcroît de facilité, qu’il s’agisse de descendre dans des tessitures relativement graves pour un contre-ténor (l’air «Passaggier che sulla sponda» tiré de l’opéra Semiramide riconosciuta de Porpora) ou de virevolter de façon absolument formidable et enthousiasmante comme dans cet air tiré de Siroe de Hasse, «Fra l’orror della tempesta», qui inaugure le disque de la plus belle façon. Le programme est idéal pour profiter de ces voix exceptionnelles qui ont faire dire à Jean-Jacques Rousseau, alors qu’il se réveillait après s’être paraît-il endormi au théâtre S. Giovanni Grisostomo, «Ma première idée fut de me croire en Paradis». L’auditeur profitera ainsi de la plus extrême douceur en écoutant les airs «Ebbi da te la vita» (toujours tiré de Siroe) et surtout de la sublime intensité de l’air «Misero pargoletto» de Leonardo Leo, tiré de son opéra Demofoonte. Et s’il souhaite se frotter à la pure virtuosité, il écoutera en priorité le renversant «Un cor che ben ama», duo avec une trompette des plus brillantes issu de Valdemaro, opéra du très méconnu Domenico Sarro (1679-1744).


On vient d’y faire allusion avec cette trompette éclatante: il va de soi que ce disque ne serait rien sans l’extraordinaire participation de l’ensemble Il Pomo d’Oro, dirigé avec une constante justesse par Riccardo Minasi. Mettant au premier plan cors (par exemple dans l’air du Demofoonte de Leo, «Sperai vicino il lido»), trompettes («In braccio a mille furie») ou hautbois (dans l’air «Lieto così talvolta» d’Adriano in Siria que l’on connaissait déjà chanté par la tout aussi étonnante (voir Simone Kermes), l’ensemble baroque se distingue par son énergie communicative et l’attention portée au chanteur: une totale réussite.


Tout aussi fin connaisseur de ce répertoire, Max Emanuel Cencic (né en 1976) consacre un disque non à un compositeur en particulier, mais à la Sérénissime, qui a tant vu de grandes voix se produire au sein de ses divers théâtres au cours du XVIIIe siècle. Il est vrai que, comme l’explique et le décrit très bien Patrick Barbier dans son ouvrage La Venise de Vivaldi. Musique et fêtes baroques (Grasset, octobre 2002), la ville était alors un phare culturel où les plus grandes voix se succédaient, l’école vénitienne représentée par Matteuccio et Nicolino étant supplantée à partir des années 1725 par les tenants de l’école napolitaine, qu’il s’agisse de la grande cantatrice Faustina Bordoni ou des castrats Caffarelli, Appianino ou, bien sûr, Farinelli qui arrive à Venise en 1729. La voix de Cencic, qui fait fi de la moindre difficulté technique et sait s’adapter aux caractères des personnages dépeints par les compositeurs, est plus sombre que celle de Fagioli et s’apparente assez à celle de sa consœur Nathalie Stutzmann. C’est en tout cas ce qui vient à l’esprit dans ce magnifique air inaugural «Barbaro non comprendo», tiré de l’air de l’opéra de Caldara Adriano in Siria, où l’on perçoit toute la colère et la révolte amoureuse possibles.


Accompagné ici aussi par un tout aussi irréprochable Il Pomo d’Oro (toujours placé sous la direction alerte de Riccardo Minasi), Cencic consacre une bonne part de son programme à Vivaldi qui culmine dans l’air «Anche in mezzo a perigliosa», où l’on se plonge avec délice dans ces tournoiements musicaux brodés sur le thème si prisé par le Pretro rosso de l’orage et de la tempête. En revanche, on ressentira une vraie déception en entendant le si poignant «Sposa... non mi conosci» du Merope de Giacomelli qui, ici, s’avère bien lisse, manquant de poigne et de rage du début à la fin: on est loin de l’interprétation qu’en donne Vivica Genaux dans la reprise qu’en a faite Vivaldi pour son opéra L’Oracolo in Messenia. Pour autant, on ne peut qu’être séduit par le superbe legato de la voix de Cencic dans le très rare air «Mormorando quelle fronde» de l’opéra La costanza combattuta in amore de Giovanni Porta (surtout connu pour avoir été maître de chœurs à la Pietà), qui contraste idéalement avec le tressautement des cordes de l’orchestre.


Dans un disque reflet d’un concert, à moins que ce ne soit plutôt le contraire (voir ici), Philippe Jaroussky (né en 1978) enchante là ses admirateurs avec un programme consacré à l’immense Nicola Porpora (1686-1768), lequel avait dédié plusieurs airs à son élève Farinelli. On retrouve là les qualités bien connues de Jaroussky – une respiration ample, une voix très pure, presque diaphane, une souplesse incroyable – qui nous avaient déjà tant enchanté lors de ce concert de septembre 2013. D’ailleurs, nombre d’airs présents sur ce disque avaient été donnés pour l’occasion: on soulignera notamment le très vif «Mira in cielo» tiré d’Arianna e Teseo et le superbe air de Mirteo «Sì pietoso il tuo labbro» extrait de l’opéra Semiramide riconosciuta. Or, plus que la virtuosité d’un Fagioli ou d’un Cencic, c’est bien davantage la douceur de certains airs et leur lyrisme qui conviennent le mieux à Jaroussky, épaulé par un Orchestre baroque de Venise de très haute volée (sous la direction de son chef Andrea Marcon). On est subjugué par les échos que les flûtes, les cors et le basson offrent à la voix dans l’air «Le limpid’onde» tiré d’Ifigenia in Aulide, quelques accents légèrement appuyés donnant à cette page toute la douceur que pouvait receler, du moins dans l’imaginaire des anciens, l’Icarie, havre de paix et de félicité. Que dire également de l’air «Nell’attendere il mio bene» qui, cette fois-ci tout en vivacité, fait dialoguer la voix et, comme souvent à l’époque, une trompette tout aussi virtuose? Enfin, cerise sur le gâteau, le disque nous fait bénéficier de deux duos entre Philippe Jaroussky et Cecilia Bartoli, également habituée de ce répertoire depuis de longues années. Comme si ledit gâteau en manquait...


Le site de Max Emanuel Cencic
Le site de l’ensemble Il Pomo d’Oro
Le site de Philippe Jaroussky
Le site de l’Orchestre baroque de Venise


Sébastien Gauthier

 

 

 

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